Among The Living
Interview

Entretien avec Mouss de MASS HYSTERIA – 18 Octobre 2018

Nous avons rencontré Mouss Kelai, chanteur de MASS HYSTERIA à l’occasion de la sortie de leur dernier opus Maniac


MASS HYSTERIA c’est 25 ans de carrière, une fan base solide et investie, comment te sens-tu aujourd’hui ?

Je me sens chanceux, vraiment. Même si parfois tu as quelques moments de doutes, ou tu as envie de faire autre chose, mais en fait non. Pour faire quoi ? (rires). Le bilan est là et je me sens même un peu privilégié. Il y a tellement de personnes dans ce milieu qui tafent à fond sans pour autant en vivre. C’est quelque chose qu’il faut faire briller et j’espère qu’on fera encore un album après.

Il y a une histoire particulière entre MASS et son public, surtout cette osmose en live (que l’on retrouve sur Entre Ciel Ether). C’est pour ça que vous avez sorti 4 lives intenses. On peut s’attendre à un album live après Maniac ?

Ce n’est pas dans les tuyaux, on n’en a pas encore parlé mais pourquoi pas.  On pense plus à un dixième album, mais avec les 80 dates qu’on va faire ce n’est pas impossible. On a le temps d’y penser et d’avoir de la matière pour ça (rires).

MASS est résolument un groupe de scène, qui aime le contact avec son public, est-ce un impondérable dans votre mécanique de composition d’un titre, qu’il soit pensé live?

Ah oui oui. On va séparer les deux. Il y a la musique et les paroles. Musicalement, c’est pensé pour le live depuis 4 ou 5 albums, mis à part quelques titres en mid tempo, et encore.  Aujourd’hui c’est carrément pensé pour le live.
Pour ce qui est des textes, non pas que je sois paresseux, je suis très lent « comme un paresseux » (rires). Alors en 6 mois les gars avaient déjà quasiment terminé les compos, et moi je n’avais pas aligné une seule ligne… Seulement une fois lors d’une repet’, je chantais en mode « yaourt » et j’ai sorti au milieu de ça « Ma niaque ». Yann est venu me voir à la fin de la repet en me disant « tu parlais de Maniac ? » et il voyait déjà un titre de morceau voire d’album alors que moi je parlais de ma niaque. Et c’est venu de là, sachant que je voulais mon double sens. Donc voila pour l’anecdote du titre de l’album et du morceau.
Pour revenir à notre façon de composer, je ne leur donne rien avant le studio juste parce que je suis lent.

C’est quoi ton process d’écriture ? Tu te cales sur l’actu, sur des lectures ?

Sur tout sur ce que je lis. Je ne regarde plus la télé. Tu vois je n’ai pas parlé de politique dans cet album.

Presque pas, juste quelques coups de griffes !

Exactement, l’expression est exquise (rires). Oui il y a quelques coups de griffes c’est exactement ça. Je ne voulais pas faire un manifeste. Quand Macron est passé je n’y croyais pas, je me suis dit ça y est on est baisés, les banques ont gagné. La messe est dite. Ils me font tous chier, ça ne changera jamais. Et donc je me suis concentré sur la poésie, la philosophie, pour des morceaux fédérateurs, sur mon positivisme chevillé au corps. On m’a dit que c’était un album intimiste.


 


Pour moi c’est l’album le plus violent de MASS HYSTERIA, dans l’approche musicale. Ça bastonne. Il y a de la colère dans Maniac non ?

Oui il y a une colère qu’on connait, contre le système et tout, mais que je ne voulais pas resservir une fois de plus. Je voulais transformer cette colère en niaque, c’est un exercice de style en fait. Être toujours en colère ça déteint sur ton quotidien et je trouve que je suis trop souvent en colère. Il faut que je fasse abstraction.
En t’adressant au plus grand nombre, quand tu reviens à ton quotidien tu te dis que tu ne changeras rien en fait (rires). Il faut malgré tout avoir de l’espoir.

En fait, MASS HYSTERIA c’est de l’amour rageux ?

Bel oxymore, c’est très bien et ça me convient bien. Depuis Contradiction c’est notre ligne conductrice d’être positif à bloc, et pour beaucoup de fans nous sommes une sorte de piqûre d’énergie. Et avec Maniac j’avais envie de le répéter encore à ceux qui m’écoutent.
Peux-tu me parler de Jamie Ryan, le petit dernier dans le groupe ?

Ah notre petit bassiste Irlandais. Alors déjà c’est un guitariste à la base, qui s’est mit à la basse pour jouer dans deux groupes de hardcore. C’est par le biais de Yann qu’il est arrivé dans le groupe, ils ont des potes communs. Yann l’avait vu sur scène et avait été agréablement surpris par son jeu. Et quand on a cherché un bassiste, il s’est souvenu de lui et voilà.
Dès nos premières repets on a su que c’était le bassiste qu’il nous fallait. Il a un bon groove et envoie comme un grateux mais à la basse. Il est jeune, drôle et plein de fougue. Ça colle.

Tu disais que c’était plus facile pour MASS aujourd’hui que ça ne l’a été à une certaine époque ? 


C’est sûr qu’aujourd’hui ça va mieux qu’il y a quelques années, mais ça n’ira jamais mieux qu’avant le téléchargement illégal sur internet. C’est con, mais oui on gagnait mieux notre vie avant.

Avec la SACEM on touche 4 fois moins vu qu’on vend 4 fois moins aussi, c’est simple. Avant on passait à la radio, il y a eu des télés comme MCM qui nous passait avec LOFO, NO ONE. Bon c’est comme ça maintenant, je ne suis pas « malheureux ».

Maintenant les groupes touchent en tournant et avec le Merch non ?

Alors je vais te dire, le Merch ne sert qu’à payer le consommable et à se renouveler. Les cordes de guitares, les peaux de batteries, etc. Avant c’était le label qui payait tout ça avec les « tour support ». Je ne fais pas ma pleureuse (rires), mais c’est factuel, on gagne beaucoup moins aujourd’hui. C’est vrai qu’on est obligés de bosser entre les tournées, avec des plans road, ou autres.

Arôme complexe pousse les fans à se reprendre et à la réflexion de fond plutôt que du superflu. C’est un constat quotidien contre lequel tu te bats, tu as envie d’apporter ta pierre à l’édifice non ?

Tu sais je suis de Brest, et quand j’étais jeune nous étions une bande de potes et nous venions d’avoir nos bacs et autres. Nous étions toujours fourrés ensembles à écouter de tout et c’est de là que ça vient positif à bloc. J’avais un pote qui était en fac de littérature et qui voulait être prof de philo, et je me rappelle que dans son studio d’étudiant il avait marqué en gros « Positif Evolutif à bloc ».
Et notre philosophie c’était que chaque week-end devait être différent du précédent, et nous étions partis là-dedans à 8, avec nos deux vieilles caisses à écouter du Suicidal sur des radiocassettes pourris. J’ai eu cette chance je pense, et aujourd’hui j’ai l’impression que les gamins sont un peu blasés avec l’accès à tout, immédiatement.


Mouss MASS HYSTERIA


C’est la culture de l’immédiat. Consommé, jeté.

Exactement. C’est cette espèce de satisfaction immédiate : ils veulent tout, tout de suite.
Donc voilà, il y a surtout cette envie de dire aux jeunes qu’on à qu’une vie, et surtout qu’une jeunesse. Profitez, partagez, faites les fous et pas les cons. Sortez de chez vous et éteignez votre putains d’écrans.
Quel regard portez-vous sur le monde de la musique aujourd’hui et celui du métal en particulier ? Que faut-il faire pour que les medias français fassent une place au métal ?

Tu vois, le plus gros festival en France c’est le HELLFEST. Ça devrait être étudié (rires). C’est la preuve qu’il y a un public énorme pour cette musique. En fait quelque part la fan base métal est hyper fidèle et n’a pas besoin des médias pour aimer sa musique. Les fans font avec les médias spécialisés comme le tien et peut être que finalement ils ne veulent pas que ça sorte d’un certain milieu dit « underground ».
On pourrait presque dire que c’est la musique la plus écoutée en France. C’est paradoxal.

Maniac est pour moi le plus lourd et brutal des albums de MASS HSYTERIA,  qu’en penses-tu ?

Je le pense aussi, et tu n’es pas le premier à le dire. C’est vrai que musicalement les gars ont enfoncé le clou.

C’est vrai qu’il y a un sacré contraste entre la musique et les paroles. Tu amènes toujours le texte de façon hargneuse mais aussi avec une bonne dose de poésie, de contre-pied.

Quand Fred m’a envoyé la maquette il m’a appelé et m’a demandé si je l’avais écouté. Il m’a dit « Mouss, comment tu vas chanter là-dessus (rires). Je lui ai dit « Mec, arrête de me mettre la pression, je n’en sais rien » (rires).
Mais tu as raison, mes textes amènent un certain contraste qui adoucit l’ensemble. C’est la marque MASS HYSTERIA. Yann m’avait dit « fais du Mouss et ça ira ».


Merci Mouss

Merci à toi.

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