AMORPHIS – Halo
Sortie février 2022
Et bien, j’aurai mis le temps.
Mais cet album très facile d’accès n’a pas été évident à apprivoiser.
Oui, j’ai bien conscience que cette phrase parait de prime abord parfaitement absurde. Pourtant, elle exprime bien mon ressenti à propos du dernier Amorphis.
Je vais essayer de m’en expliquer.
Dès la première écoute de ce Halo, qui vient par ailleurs clore la trilogie entamée avec « Under Red Clouds » (2015) et poursuivie par « Queen Of The Time » (2018), on replonge dans l’univers bien connu d’Amorphis. L’impression de force tranquille qui se dégage du groupe est encore une fois bien présente, la mise en son de Jens Borgen toujours impeccable mettant parfaitement en valeurs les (nombreuses) qualités du groupe.
Les compositions sont accrocheuses, l’air de « On The Dark Waters » par exemple vous rentrera dans le crâne et ne vous lâchera plus après 2 où 3 écoutes. Il en va de même pour « The Moon ». Le groupe (et/ou Nuclear Blast) ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, les 2 titres ayant été les premiers extraits à sortir pour présenter l’album, accompagnés chacun d’une vidéo (plaisantes mais assez classiques au demeurant).
Le reste de l’album est du même niveau, les ambiances sont variées, du grandiloquent « Northwards » introductif au mordant « The Wolf » en passant par le morceau titre en voix claire, pas de temps mort, et jusqu’à la conclusion romantique « My Name Is Night » qui donne l’impression d’arriver très vite à la fin de l’opus.
L’emphase qui enrobe la mélancolie omniprésente permet à Amorphis de ne jamais sombrer dans le larmoyant, écueil très commun dans le genre, et l’objet s’avère de plaisante compagnie quelle que soit votre humeur du jour. Pendant une petite heure, Amorphis vous emporte facilement dans son univers.
Mais alors pourquoi ai-je parlé d’un album difficile à apprivoiser ?
Parce quand on est un habitué des dernières productions du gang d’Helsinki, le sentiment de déjà-vu est parfois envahissant, surtout lors des premières écoutes. Ce n’est pas un reproche que je fais à Amorphis, loin de là, car rares sont les groupes à avoir une identité aussi forte.
Mais le potentiel du groupe est tel qu’on se surprend parfois à espérer inconsciemment un monument absolu, une pierre angulaire de l’histoire de la musique, et de fait, quand on se retrouve avec un excellent album tout en maîtrise, on a un arrière-goût diffus de presque déception, malgré le plaisir de l’écoute.
Une fois passé cet écueil, qui m’a dans un premier temps empêché de me plonger pleinement dans l’œuvre, et une fois mon oreille faite, j’ai pu apprécier sans réserve cette nouvelle livraison.
Si la musique d’Amorphis est aujourd’hui assez codifiée (peu de variation de tempo au long de l’album par exemple) elle appelle aussi un autre qualificatif qui rend ces quelques réserves bien faibles : elle est belle, tout simplement.
Et puis, le groupe essaie toujours après 14 albums studio et de nombreuses évolutions stylistiques, de varier les plaisirs même si c’est plus subtil. Comme par exemple avec ce growl de nouveau plus présent depuis deux ou trois albums.
Après 30 ans de carrière, Amorphis est instantanément reconnaissable. Rapidement plaisant. Toujours enthousiasmant. Que demander de plus ?
Tracklist