ANTEROS – Y en paz la oscuridad
Sortie le 2 Novembre 2020 – Aloud Music
Bandcamp
2021 a enfin pointé le bout de son nez, après une année 2020 inédite et anxiogène, mais qui aura eu le mérite de proposer des sorties musicales d’une immense qualité. C’est en ce début d’année en suspens, que l’on attend généralement ces premières claques 2021, histoire d’entrer définitivement dans cette nouvelle décennie. C’est également l’occasion de rattraper les sorties manquées de 2020, celles que l’on pas vu ou qu’on n’a pas eu le temps d’apprécier à leur juste valeur.
« Y en paz la oscuridad », le nouvel album des barcelonais de ANTEROS, fait parti de cette catégorie. Ils avaient déjà frappé très fort et très juste en 2017 avec leur exceptionnel premier effort « Cuerpos Celestes ». Le groupe proposait un album à la croisée d’un post hardcore / post rock / screamo de très haute volée, et l’utilisation de leur langue natale apportait une touche lumineuse supplémentaire à leurs compositions. Après un 7’’ sorti en 2018, intitulé « Coventa », le groupe c’était fait discret, certainement pour se pencher sérieusement sur leur nouvel album et ils ont eu raison.
Si ce nouvel effort est dans la continuité du précédent, car on y retrouve de nouveau ces envolées instrumentales, qui apportent un aspect poétique et aérien à leur musique, ANTEROS les accompagnent d’un ingrédient inédit ; du chant clair parfaitement amorcé (« Espectros » ou l’excellent « Cenizas »). Je vous rassure, le chant hurlé est toujours de la partie. Il prend autant les tripes que sur leur précédent effort, je dirai même qu’il s’est bonifié, me semblant plus musclé et maitrisé. Je vous conseille le morceau « Solo mar, solo tierra » qui illustre parfaitement mes propos et qui se termine dans une envolée post rock aux notes hispaniques, d’une beauté sans pareille. Cette fin de morceau, reflète une certaine quiétude que je trouve magnifique.
« Sombras » est son parfait opposé, morceau massif, puissant, joué à grande vitesse, il semble amorcer le visage obscure de « Y en paz la oscuridad » comme le symbolise si bien sa magnifique pochette. Sensation légèrement contrebalancé par « Escorpion » et l’interlude instrumentale « … el pasaje » qui vient calmer les ardeurs du quintet, sans pour autant les réduire à néant.
Le groupe conclut de manière magistrale avec « Ultravioleta » qui propose la meilleure intro de l’album. Une introduction qui monte en pression, telle une bête sauvage tapie dans l’ombre, prête à sauter sur sa proie et dont on ne verrait que les pupilles en effervescence. Puis vient l’explosion, un déferlement majestueux de nappes de guitares et de hurlements. Puis l’envolée, le retour de la voix claire, en osmose avec les guitares, qui se lâchent de plus en plus, avant de repartir une dernière fois dans un dernier élan sauvage, avant de couper court. Un morceau qui vous fait passer par toutes sortes d’émotions en 6 min 38, prodigieux.
ANTEROS a encore une fois, frappé juste, frappé fort. Sans révolutionner leur musique, ils ont apporté les éléments nécessaires (voix claires, moins de morceaux instrumentaux, un chant plus travaillé) pour la rendre encore plus puissante, subjuguante et d’une intensité qui vous porte de bout en bout, faisant passer l’album en un claquement de doigts.
Une immense réussite, tout simplement.
Tracklist :