CHIODOS – DEVIL
Les ricains de CHIODOS nous ont pondus une bonne galette griffée Post Hardcore à tendance pop /emo. Pas facile de définir clairement le genre des lascars tant leurs influences colorent les compos de cet opus. Nuance de Linkin Park mélangée à du Papa Roach avec une pointe de 30 Seconds to Mars parfois (Duct Tape), ce Devil est aussi riche que déstabilisant. Cinquième et incontestablement le plus mature de leurs albums studio, ce méfait nous plonge dans un monde à l’esthétique à la fois sombre et joyeux à coups de piano dissonant et de violons.
Le chant à deux voix, à l’instar de certains confrères de genre, donne une dimension particulière à certains titres comme We’re Talking About Practice et son intro au piano (UG Introduction), ou encore 3 AM contrastant avec sa Pop punkisante tennage mode : Avril Lavigne s’envoie en l’air avec Sum 41 (ça c’est déjà fait…). Avec une voix au spectre large, parfois limite androgyne, Craig Owens s’impose comme un front man de talent capable de s’adapter à toutes les contraintes que ses compagnons lui font subir.
Ole Fishlips Is Dead Now explore un style cher à des groupes comme Bullet for my Valentine ou encore Linkin Park, mais en gardant une marque de fabrique propre. Il est clair que leurs influences sont marquées, mais ils sortent définitivement du lot des ersatz grâce à la qualité de leurs compos qui placent cet album parmi les meilleurs du genre pour cette année.
Ils réussissent le pari de faire cohabiter une multitude de genres pas forcément antinomiques, à base de Nu Métal, de pointe de Hardcore (comme sur Behvis Bullock), fleurant parfois avec une pop de bon ton. Finalement pas si décousu que l’on pourrait le croire à la première écoute, cet opus est une vraie réussite qui vous plonge dans les tourments d’un quotidien proche de l’enfer.
Riche en variations, faisant le grand écart d’une pop sirupeuse à un post hardcore/screamo, les CHIODOSont atteint une maturité qui transpire à travers cette œuvre. A l’instar d’un cirque itinérant, il y en a pour tous les gouts. Je préfère bien évidement vous prévenir que leur cirque a plus d’un « Freaks show » que de Disney. Sunny Days & Hand Grenades en est le plus parfait exemple.
La force de cet opus est de vous faire passer par une multitude de sentiments, de vous toucher là où ça fait du bien (ou mal, reste à définir quel état vous donne le plus de plaisir). Il s’amuse de vous, vous prenant en traitre comme sur la transition Duct Tape / Behvis Bullock, mettant à bas vos dernières résistances pour enfin vous conquérir.
La qualité des zicos est bien là et incontestable. Matt Goddard pose des parties de basses remarquables sur la majorité des titres, mais son travail aérien sur Looking For A Tornado est juste parfait. Bradley Bell ne se contente pas de faire ici de la figuration : parsemant l’ensemble de l’album de touches de clavier et d’un backing vocal juste, il contribue largement à la qualité de l’opus. Craig Owens, quant à lui, arrive à un sommet de son art, menant l’ensemble d’une main de maitre. La partie rythmique martelée par Derrick Frost n’est pas en reste, le batteur nous délivre un modèle du genre. La paire de grateux est du même calibre, le train est bien sur les rails et va dans la bonne direction.
Produit par David Bottrill (STONE SOUR, SMASHING PUMPKINS, RUSH, PLACEBO et j’en passe…), CHIODOS vient de franchir ici un gap qualitatif.
Devil saura vous surprendre si vous faites l’effort d’aller dénicher les pépites qui se cachent parmi les 13 titres qui le composent. La production est parfaite et la diversité des compos en font un album très agréable à l’écoute et surprenant. Les CHIODOS ont su intelligemment mixer leurs diverses influences (même si parfois ils y perdent un peu de leur identité) et nous livrent donc ici une galette qui tiendra une place prépondérante dans votre discothèque.