DEATH ENGINE – Ocean
Sortie le 13 janvier 2023
Labels : Core records / Throatruiner
Mikaël Le Diraison : chant/guitare
Tony Bozanic : guitare
Sébastien Mollo : basse
Tom Shannon : batterie
12 décembre 2022, au large d’une plage de Porto Rico, des courants forts agitent la mer des Caraïbes. Pourtant sauveteur plongeur certifié, et donc fin connaisseur de ce milieu pouvant, en quelques secondes, se muer en piège, Robin Staps échappe de peu à la mort. A l’issue de 2h30 de lutte et au bout de l’espoir, l’artiste, guitariste fondateur du groupe The Ocean collective, est enfin secouru*.
A un peu plus de 3000 miles nautiques de là, d’autres que lui n’ont pas eu cette chance. Si les opérations menées en mer Méditerranée, notamment grâce au navire humanitaire Ocean Viking, ont permis de sauver des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, vague après vague, c’est aussi par milliers que se comptent les victimes, déclarées mortes ou disparues dans ce grand cimetière.
Qu’ils renvoient à un accident sans gravité ou à de terribles drames humains (le premier ne pouvant évidemment et décemment pas se voir comparé aux seconds), les méandres de la pensée et les sinuosités de l’actualité m’ont (« naturellement »?) orienté à l’heure de rédiger la chronique d’« Ocean », le nouvel et tant attendu album de Death Engine.
Happé vers les profondeurs
Emergeant ce vendredi 13 janvier, le nouvel opus du groupe lorientais n’est bien entendu pas directement connecté à ces évocations introductives. Mais ici et là, d’un titre à un autre, c’est bien en eaux souvent profondes qu’il nous fait et faut cheminer. Une nouvelle fois, je suis happé.
Depuis près de 10 ans et la sortie de leur EP « Amen », Death Engine fait partie de ce paysage sonore qualifié de « post metal » (je m’arrête là sur les étiquettes). « Mud », leur premier LP sorti en 2015, avait scotché plus d’un auditeur par les forces telluriques qu’il parvenait à mobiliser. La même année, un dimanche matin de juin au Hellfest, le groupe secouait tant les connaisseurs que les novices, les pieds profondément fichés dans le sol sous la grande toile de la Valley. Trois ans plus tard, leur second LP, « Place Noire » passait bizarrement presque inaperçu, de mon côté tout du moins.
Inspiré, imposant et toujours aussi noir
La suite est connue et a chamboulé pas mal de groupes. Un hiatus dès 2019, un début de pandémie en 2020 et une longue période de réflexion plus tard, Death Engine revient aujourd’hui plus inspiré et plus imposant que jamais, en gardant la base que l’on connaît : la noirceur domine et ne laisse que très peu de place à la lumière. Si le contraste offert ici nous fait plonger volontiers vers les teintes et recoins les plus sombres, on n’attendait pas autre chose. Le contrat est rempli.
Forts d’une impressionnante production**, ces sept titres constituent autant d’étapes d’un court (35 minutes, soit pour l’heure leur album le plus long) mais captivant voyage sur des flots souvent tempétueux. En témoigne notamment « Empire », le dernier titre de l’album, dont les atours renvoient aux patrons Cult of Luna. D’un morceau à l’autre, on pense aussi à Breach, Bossk, Unfold, à (feu?) Ovtrenoir également, voire à Gojira sur certaines harmonies vocales. On se dit surtout que ce périple offert par Death Engine mérite d’être vécu. En boucle.
*Malgré les blessures de Robin Staps, la tournée sud-américaine de The Ocean collective a bien eu lieu en décembre. Quelques mois plus tôt, Loïc Rossetti, le chanteur du groupe, avait assuré quelques concerts malgré deux jambes cassées.
** A noter, outre une basse oppressante, la performance souvent tribale assurée par Joris Saïdani, batteur de Birds In Row, invité derrière les fûts lors de la réalisation de cet album.
Tracklist