DEFTONES – 2000 – 2020, les 20 ans de White Pony
(20/06/2000, Maverick Records)
Au-delà d’une année qu’on aura tous et toutes hâte d’oublier, 2020 est aussi l’occasion de s’arrêter sur un album qui aura marqué la vie d’un groupe originaire de Californie et par la même occasion, d’une génération. En effet, le 20 Juin 2020, « White Pony », troisième album des DEFTONES (et produit par Terry Date) fêtera ses 20 ans.
Tant de choses ont déjà été dites, écrites, affirmées, confirmées sur cet album, qu’au delà d’une simple chronique hommage, j’ai voulu écrire quelque chose de plus personnel, souhaitant partager avec vous, l’amour que j’éprouve pour ce disque.
« White Pony » est le symbole d’une époque lointaine, que les jeunes et moins jeunes trentenaires peuvent se rappeler parfois avec nostalgie. L’époque ou le rayon CD des grandes surfaces ou magasin spécialisés était une source inépuisable de nouveautés, vivant ses derniers moments de gloire avant de subir l’explosion d’internet et du téléchargement. L’époque où le « discman » régnait en maître dans les poches de nos baggys ou dans les sacs Eastpack, de préférence avec un antichoc de qualité afin de ne pas rayer l’album fraîchement acheté avec son argent de poche. L’époque enfin, où on se foutait pas mal de tout.
C’est une période où le Néo Metal régnait presque sans partage. KORN, COAL CHAMBER, LIMP BIZKIT, SLIPKNOT, SOULFLY, WATCHA… Et un quatuor venu de Sacramento, emmené par leur leader charismatique Chino Moreno, je parle bien évidemment de DEFTONES.
Lorsque « White Pony » sort dans les bacs en 2000, il y a une première chose qui je pense, vous n’avez pas oublié. Les versions alternatives de l’album, au nombre de quatre (Couverture blanche, grise et enfin rouge ou noire pour les versions limitées) qui contenaient le titre inédit « The Boy’s Republic » mais pas « Back to School (mini maggit) » qui se retrouvait dans la version grise, qui était la version originale de l’album comme le groupe l’avait souhaité au départ.
Bref, au-delà de ce délire marketing douteux, « White Pony » est avant tout et surtout l’album qui a fait de Deftones, Deftones, à savoir ce groupe à la croisée du metal, du rock, du trip hop et avec une sensualité érotico morbide sans égal. Une évolution majeure et une quasi révolution dans la sphère Nu Metal, et quelque part, son chant du cygne à bien des égards (tant cette scène va se perdre au début des années 2000…) Car si l’album contient à mes yeux l’hymne du genre, à savoir « Back to School (Mini Maggit) » et d’autres titres comme « Street Carp » et « Korea » il s’éloigne définitivement du style, montrant la capacité créatrice et les nombreuses influences expérimentales, new wave et shoegaze de cinq musiciens. Des titres comme « Change (in the house of flies) », « Knife Party », « Digital Bath » ou encore le monumental morceau « Passenger » avec MAYNARD JAMES KEENAN (dois-je vous faire l’affront de vous le présenter ?) sont le résultat d’un groupe qui ose aller de l’avant, et qui s’affranchit d’une étiquette attribuée à tord et trop tôt.
C’est également à partir de cette période que FRANK DELGADO devient un membre à part entière du groupe, participant à l’intégralité des morceaux, et que CHINO MORENO, en plus de prendre la place de deuxième guitariste, acquiert définitivement son statut de chanteur All Star (oui je sais, il chante faux sur scène) tant son travail vocal sur l’ensemble de l’album est colossal et les titres comme « Rx Queen » ainsi que « Teenager » figurent comme les prémices de ses futurs projets solos (TEAM SLEEP, CROSSES)
Vous l’aurez compris, « White Pony » est une œuvre novatrice, en avance sure son temps. C’est la cristallisation d’un cap majeur franchi par cinq musiciens, celui du troisième album. Vingt ans plus tard, se replonger dans cet album, c’est replonger dans les années lycées, des baggys et t-shirts trop grands, des vans trop large, d’une époque où notre adolescence s’efface peu à peu pour nous mener vers notre vie d’adulte. DEFTONES aura réussi à composer la BO parfaite de cette époque, qui en est devenue aujourd’hui sa madeleine de Proust, mais avant tout un immense classique.
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