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King’s X – 3 Sides of One

king X
King’s X
3 Sides of One

Sortie septembre 2022

Dug – Chant et Basse
Ty – Guitare et Chant
Jerry – Batterie et Chant

Pour ma chronique du dernier Voivod, je commençais à peu près par ces mots :

“Quand j’écris une chronique, je me demande à qui je m’adresse.

Souvent, j’applique le principe de la majorité logique. Si je parle du premier frisbee d’un nouveau groupuscule de black metal mormon chanté en hebreu-klingon, je pars du principe que personne ne connaît.

Si je cause du nouvel opus d’un groupe qui remplit des stades, j’applique le principe inverse.

Si nous sommes entre les deux (la majorité des cas en fait), j’essaye de (re)contextualiser le groupe avant de développer mon avis sur le nouveau matériel proposé.

Mais alors que faire quand un groupe culte qui fait partie de mon panthéon personnel (qui je vous l’accorde, est décousu) sort un nouvel album, que la grande majorité des métalleux ne comprend pas la musique du groupe où n’en a rien à battre, et que les restants, fans comme moi, se sont jetés sur le disque sans aucun besoin de mon avis à ce sujet ?

De plus, point de vue subjectif mais croyance profonde, on n’aime pas Voivod en dilettante. On est fan, où on n’apprécie pas, l’entre deux eaux me semble peu probable. “



Un opus inespéré et pleinement réjouissant.

Dans le cas présent, il suffit de remplacer Voivod par King’s X, car c’est sensiblement la même chose. Mais en pire.

Le capital sympathie du groupe est inversement proportionnel à son succès, on ne tarit pas d’éloges mais en fait on n’écoute pas, où alors un seul album (voir à ce sujet l’anecdote hilarante racontée par Dug dans le Rock Hard #235 d’octobre 2022)*.

Ce n’est pas qu’on n’aime pas, mais on a un avis de loin, parfois sans avoir entendu le moindre titre d’une discographie pourtant assez fournie (13 albums studio, ça commence à compter).

Je suis personnellement tombé amoureux du groupe à la sortie de « Gretchen Goes To Nebraska » (1989) et contrairement à nombre d’auditeurs, je n’ai jamais lâché, même dans les périodes où la créativité du trio me semblait plus fébrile (le difficile d’accès et à mon sens peu inspiré « Manic Moonlight » (2001)).

Un regard lucide sur l’état du monde.

J’avais apprécié « XV » (2008), le dernier opus du groupe avant ce « 3 Sides Of One », mais de l’aveu même de Dug, ce fut un flop.

Plus le temps passait, plus je supposais que ce serait le point final d’une carrière plus qu’honorable bien que tristement confidentielle.

D’autant que de multiples et sérieux problèmes de santé sont venu toucher à tour de rôle les différents membres du groupe.

Et puis, en ce début septembre 2022, soit 14 ans après « XV », arrive dans les bacs une jolie pochette, sur fond blanc, la plus claire de la carrière de King’s X (pas la plus flashy, celle de « Ear Candy » (1996) étant indépassable sur ce point).

Aura t’ont un album qui tire du côté joyeux sans jamais être niais où mielleux, performance difficile mais pas irréalisable, comme King’s X l’a prouvé par le passé (« Faith,Hope, Love (1990) pour n’en citer qu’un) ?

Si on parle exclusivement de musique, en partie. Pour la musique, car les textes, eux, sont globalement plus sombres.

Il faut dire que les paroles de King’s X ont toujours reflétées leur époque à travers le prisme du groupe. De fait, pas de grandes effusions de joie ici, mais plutôt une forme d’amertume rampante, un regard lucide sur l’état du monde.

D’un point de vue purement musical, les amateurs ne seront ni déçus, ni dépaysés.

Dug a toujours cette voix incroyable gorgée de soul, bien soutenue par les chœurs toujours aussi beaux de ses partenaires, ces derniers prenants également le chant lead sur 3 titres chacun (contre 6 pour Dug), une habitude de toujours chez King’s X.


kingX


Pas d’indigestion ici, mais une grande variété de saveurs.

Musicalement très varié, l’unité de cet album dynamique passe par ces chœurs spécifiques (et toujours un peu Beatlesiens) et par le groove unique et si reconnaissable que développe le trio depuis plusieurs décennies.

De « Flood Pt1 », son intro puissante et sa rupture merveilleuse après 1 minute, au sautillant « Give It Up » et son refrain à reprendre en chœur dès la première écoute, en passant par la très jolie « Take The Time » avec Jerry au micro principal, jusqu’au nerveux « Festival » à l’intro surprenante, il se passe toujours quelque chose.

Chaque morceau développe une personnalité propre, et aucun ne me semble faire figure de remplissage (vous me direz qu’après 14 ans…).

L’introductif « Let It Rain » annonce la couleur, totalement King’s Xien sans être tout King’s X et sans déflorer la riche palette d’ambiances qui seront proposées par la suite.

Pas d’indigestion ici, mais une grande variété de saveurs.

Un opus inespéré et pleinement réjouissant.

A dire vrai, et c’est là que va se situer ma seule petite réserve, j’ai plutôt le soucis inverse.

9 des 12 titres durent moins de 4 mn, et certains auraient pu mériter un développement plus copieux.

Si « Nothing But The Truth » où « All God’s Children » prennent le temps de se mettre en place et de vous plonger dans leur atmosphère. D’autres, comme le « Every Everywhere » conclusif s’arrête de manière assez sèche après 2’40”.

On en aurait bien pris une ou deux minutes de plus. Rien de rédhibitoire, mais un petit arrière-goût de trop peu.

« Holidays » aurait également pu s’autoriser une durée un peu plus longue sans risquer l’effet de gras.

Dans une moindre mesure, je pense la même chose de « Festival ».

Passé cette menue réserve, une chose est sure : l’album est excellent (et accessoirement, la production est très agréable, équilibrée et claire). Mais ne permettra sans doute pas au groupe de sortir de cet état de groupe culte : ignoré de la grande majorité et adoré par une poignée de fidèles.

Ces derniers, même si peu nombreux, devraient néanmoins être ravi de l’arrivée de cet opus inespéré et pleinement réjouissant.

*George Lynch (Dokken), qui joue dans KXM avec Dug et se déclarait grand fan de King’s X, jusqu’à ce qu’il s’avère qu’il ne connaissait que « Gretchen … »

Ray Luzier (Korn), le troisième membre de KXM, l’a traité de faux fan une journée entière et lui a imposé l’écoute de « Dogman » (1994).


Tracklist

01 – Let It Rain
02 – Flood Pt.1
03 – Nothing But The Truth
04 – Give It Up
05 – All God’s Children
06 – Take The Time
07 – Festival
08 – Swipe Up
09 – Holidays
10 – Watcher
11 – She Called Me Home
12 – Every Everywhere

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