SALÒ – l’appel du Néant
Sortie le 23 février 2024
Trois ans après leur premier méfait « Sortez vos Morts », hautement recommandable d’ailleurs, SALÒ est de retour et ce n’est pas pour faire du tricot.
L’appel du Néant porte bien son titre. Toujours aussi noire et violente, la musique de SALÒ ne tapissera pas votre journée de lumière, bien au contraire et c’est bien ce que l’on en attendait.
Clairement, le trio veut en découdre et leur Black Métal abrasif, servi par des insertions de dialogues cinématographiques immersifs.
L’homme, qui est au cœur du sujet, n’a que peu d’égard à leurs yeux et cela transpire dans leurs créations. L’appel du Néant est une longue agonie, violente et douloureuse, que des claviers aériens éclairent (parfois) de traits calmes.
On retrouve ce que propose aussi un groupe comme HYPNO5E dans l’esprit, sans le côté déstructuré de la musique. Car ici on fait clairement dans l’urgence et la violence, et comme ils le disent très bien « l’être humain est le spectateur de son propre anéantissement ».
Et question chaos les lascars savent le mettre en musique. Les titres parlent d’eux-mêmes.
Dur, abrupte, sans concession!
D’entrée de jeu on plonge dans l’univers déshumanisé de SALÒ avec Un Homme Ca Ne S’Empêche, mélange d’indus, de black et quelque part de punk. C’est un vrai régal.
Les compos sont hantées par des passages filmographiques, de ceux qui dérangent, crus et dénués d’empathie. L’empathie, où l’antinomie de SALÒ.
L’appel du Néant est habité par la sauvagerie, mais aussi par une fatalité et un regard glacial sur la société. Malgré tout on décèle une forme de mélancolie ici, cette impression d’avoir connu des jours meilleurs mais de ne plus en avoir le souvenir. L’espoir n’habite définitivement pas cet album.
Le final sur La Cendre Et Le Sang est « magnifique », avec la collaboration vocale de Mütterlein qui récite des paroles très représentatives de l’esprit de SALÒ : «(…)plus de volonté, plus d’obligation, l’obscurité à perte de vue. Pas d’hier, pas d’aujourd’hui, pas de demain, plus rien. »
Dur, abrupte, sans concession, l’appel du Néant m’a conquis par sa musique intense et sa noirceur. On ne ressort pas indemne d’une pareille écoute. Bravo !