Sortilège – Phœnix
Sortie le 27 août 2021
Christian “Zouille” Augustin – Voix
Olivier Spitzer – Guitare
Bruno Ramos – Guitare
Sébastien Bonnet – Basse
Clément Rouxel – Batterie
« Était-ce vraiment nécessaire ? »
Ok, j’avoue que quand Stephan m’a proposé de chroniquer le dernier album de Sortilège, j’ai… ri… Oui, parce que bon, chroniquer les cendres des Feux de l’Amour au pays du camembert (je t’aime, je t’aime plus, on se sépare, on se remet ensemble…), ça m’a doucement fait rigoler.
Je ne reviendrai donc pas sur les multiples tribute / reformation / split du groupe « culte » de hard-rock français des années 80, je laisse ça aux spécialistes. Non, je vais tenter de me concentrer sur la qualité musicale de ce « Phœnix », sûrement très attendu par les fans hardcore de Christian « Zouille » Augustin, désormais seul vestige du Sortilège original.
Pour la petite histoire, je suis trop « jeune » pour avoir connu le groupe entre 1981 et 1986. Ma découverte du Hard-Rock se situe aux alentours de mes 8 ans à la sortie de « Final Countdown » de Europe et, internet et les réseaux n’existant pas à l’époque, ma jeunesse et mon argent de poche ne m’ont pas permis d’approfondir tout ça avant les années bénies (pour moi) de sortie des « Use Your Illusion I & II » de Guns n’Roses, « Black Album » de Metallica et « Live ‘92 » d’ACDC.
Bref, je n’ai découvert le hard français qu’il y a environ 15 ans, et je suis naturellement tombée amoureuse de la voix de Zouille (en même temps que de celle de Marc dans Blasphème).
J’ai donc essayé d’écouter cet album de réenregistrements augmenté de deux nouvelles compositions avec les oreilles les plus fraîches possibles.
Soyons honnête : je serais une p’tite nouvelle, en plein dans ma découverte du hard-rock et du metal, sans expérience du chant et de la scène (oui parce qu’à mes heures perdues… enfin, c’est une autre histoire), je pense que j’aurais accroché. Le mixage de l’album est très bon, les musiciens font le job (avec une section rythmique en beton composée de Sébastien Bonnet et Clément Rouxel de Zuul FX). Contrairement aux premiers enregistrements, on comprend toutes les paroles, les deux nouveaux morceaux sonnent pas mal (même si je trouve qu’ils ne sont pas à la hauteur des anciens au niveau musical).
« Phœnix » n’est pas un « nouvel album » de Sortilège.
Oui mais… j’ai écouté en boucle « Sortilège », « Métamorphose » et « Larmes de Héros ». J’ai décortiqué les textes, je les ai appris, je les ai chantés, je connais les soli. Et les tonalités. Et l’interprétation des morceaux. Maintenant quand j’écoute « Progéniture », je n’entends plus Christian Augustin « hurler, brûler, saccager et régner… ». Je ne ressens plus le « Délire d’un fou », je ne sens pas l’inconnu venu « D’ailleurs » « investi d’une mission ».
J’en passe…
Rajouter du « growl » dans sa voix, et gonfler les pistes à coup de chœurs ne cache pas le fait que Zouille a sûrement perdu une partie de ses aigus avec le temps. On peut également comparer les tonalités des anciennes et des nouvelles versions, je vous laisse juge. On dirait Eric Adams et Manowar.
Et si techniquement Bruno Ramos est un grand de la guitare, j’ai une sensation permanente de « tout à fond », le son comme le shred (ce qui pourra ravir certains, j’en conviens parfaitement).
Parlons maintenant des deux nouveaux morceaux, et d’abord de « Phœnix ». J’ai dit que je ne parlerai pas des Feux de l’Amour du hard-rock français ? Ah ben pas besoin, Zouille le fait très bien lui-même. « Tel un Phœnix, Sortilège renaît ». Moui. Était-ce vraiment nécessaire ? Sinon, musicalement ben, rien de bien original. Du heavy bien ficelé, bien produit, bien mis en boîte. Je vous laisse lire le texte et vous faire votre propre opinion.
Comme une sensation de service minimum
« Toujours plus haut » maintenant. Même sentiment qu’avec « Phœnix ». Bien produit, bien ficelé, bien mis en boîte. Comme du thon au naturel, pas le truc le plus savoureux qui existe. Je n’ai pas vibré, pas décollé. Pour continuer dans ma comparaison culinaire, ça manque d’assaisonnement à mon goût. Comme une sensation de service minimum ou de cantine, alors que j’espérais au moins une étoile.
Conclusion ? « Phœnix » n’est pas un « nouvel album » de Sortilège. C’est une tentative pas trop mal faite de remettre le nom du groupe au goût du jour, et de séduire les petits jeunes qui arrivent dans le metal avec l’aura qui reste à un groupe qui a, dans tous les cas, marqué le hard français.
Je continuerai à hurler « Sor ! Ti ! Lèèèèèèèèèèèège ! » avec mes potes de festival, après quelques bières au camping. Je préférerai garder ce que j’ai aimé et que j’aime toujours dans ce groupe, et laisser la place aux petits nouveaux dans le public.
Aller, je vais m’ouvrir une canette et pleurer mes « Larmes de Héros »…
Tracklist :
D’ailleurs
Progéniture
Délire d’un fou
Messager
Phœnix
Majesté
Mourir
Civilisations
Gladiateur
Quand un aveugle
Toujours plus haut
Marchands
Chasse le dragon
Sortilège