Among The Living
Interview

BLACKRAIN : Interview!

BLACKRAIN
Interview au Dr Feelgood – Roquette, Paris

1er mars 2024



Afin de promouvoir leur nouvel opus « Hot Rock Time Machine », composé de 10 chansons précédemment sorties sur « Lethal Dose Of » (2011) et « It Begins » (2013), les Sleaze rockers de BlackRain, à savoir Swan Hellion (chant/guitare), Matthieu de la Roche (basse) Max 2 (guitare) et Franky Costanza (batteur) se sont accordés le plaisir de remettre au goût du jour certaines chansons marquantes de leur passé.
Formé en 2015 en Haute-Savoie par les deux membres fondateurs,  Swan et Max, Black Rain jouent des reprises de groupes tels que Mötley Crüe ou W.A.S.P. Après deux albums studios «Dying Breed» (2019) et «Untamed» (2022) qui ont marqué le renouveau du groupe et affirmé leur identité autant musicale que visuelle, à travers un deal avec le label allemand Steamhammer/SPV, ils s’allouent les compétences du batteur Franky Costanza (Dagoba, Les Tambours du Bronx).
Pour ce dernier mixage, ils se sont alliés à leur pote Hannes Braun (chanteur de Kissin’ Dynamite).  BlackRain s’apprête à faire exploser leurs morceaux de manière indépendante avec le soutien du label Single Bel (SPV se chargeant tout de même de la distribution en dehors de la France).
Cette version 2024 sonne indéniablement comme une nouvelle ère pour BlackRain qui est venu spécialement à Paris nous en parler. Grâce au travail de Hannes Braun derrière la table de mixage, on entend clairement les énormes progrès techniques réalisés par les musiciens, au rythme de la batterie de Franky plus robuste que jamais.

Vous décidez de ré-enregistrer et de remixer 10 chansons sorties précédemment sur « Lethal Dose Of » (2011) et « It Begins » (2013). Qu’est-ce qui vous a donné cette envie, au fond ? N’y a-t-il pas une lueur de nostalgie également ?

Swan : C’est dans l’air du temps. On a des potes musiciens en Suède, Crazy Lixx, qui ont fait la même chose mais on ne s’est pas concertés. Pour nous, comme ces deux albums ne sont disponibles ni sur les plates-formes en streaming, ni à la vente, c’était l’occasion de s’y remettre. D’autre part, il y avait une demande récurrente de la part de notre fan base. Au départ, c’était un peu difficile. On a décidé de mettre les titres originaux sur les plates-formes et c’était un peu compliqué au niveau des droits car on ne détenait pas vraiment les droits des enregistrements. Comme on était un peu dans le flou pour savoir ce que l’on pouvait faire ou pas, on a préféré ne pas prendre de risques et on n’était pas spécialement satisfaits du son. Avec plus de 10 ans d’écart, on a pensé que c’était une bonne chose de donner un son actuel. De fil en aiguille, le projet a pris beaucoup d’ampleur. On est repartis à partir de vieilles chansons et on a tout ré-enregistré, arrangé de nouveau certains morceaux et tout remixé.

Un son certes modernisé mais au fond n’y avait-il pas un côté nostalgique ?

Swan : C’est vrai que cette facette nostalgique des années 80 est de plus en plus présente pas seulement dans la musique, dans les séries, les films aussi. Je pense que la société d’aujourd’hui est radicalement différente, plus sombre, plus stressante. Dans les années 80, il y avait un esprit plus festif, plus léger et de l’insouciance. Les gens recherchent ce feeling des années 80 qui est perdu aujourd’hui dans la société actuelle.

Pourquoi choisir les plates-formes digitales alors que cela ne rapporte rien aux artistes ? Ce qui n’est pas normal même si cela permet de faire connaître les jeunes artistes. 

Swan : Ce n’est pas normal mais le concept en lui-même est relativement bien. Quand on était adolescents, nous, on enregistrait des cassettes. C’était un peu le même principe : on prenait la chanson de notre groupe préféré et on enregistrait. Puis on a fait la même chose avec les CDs et maintenant c’est l’ordinateur qui a pris le relais. Cela reste un concept génial mais le fait que ces gens-là gardent tout l’argent reste injuste. C’est injuste, la manière dont ces plates-formes redistribuent leurs revenus.  Nous, on ne fait ça ni pour l’argent, ni pour gagner notre vie.

Il y a une grosse injustice concernant ces plates-formes qui distribuent zéro euro aux artistes.

Franky : Oui, c’est injuste et ce sont des applications qui ont une puissance énorme.

Swan : Il s’avère intéressant de rappeler qu’à l’époque, au début de cette ère, les premiers à réagir étaient Metallica et notamment Lars Ulrich contre Napster. On ne comprenait pas trop cette réaction car c’est un groupe qui gagnait déjà beaucoup d’argent. Aujourd’hui, on comprend pourquoi il râle.

Oui, les plus grands groupes peuvent râler afin de faire profiter les plus petits groupes. Au début, certes, cela permet à un groupe de se faire connaître.

Swan : Il y a beaucoup de points positifs dans ces plates-formes pour les groupes, justement pour pouvoir faire passer leur musique facilement. Cela peut être sympa au départ.

Est-ce qu’au fond vous diriez que les ventes étaient meilleures au début des années 2000 ? Dans les années 80, la question ne se posait pas puisque Internet n’existait pas. Aujourd’hui, beaucoup de groupes sont obligés de faire des tournées pour gagner leur vie ou gagner de l’argent, ce qui crée une empreinte carbone énorme.

Franky : Il est clair que les ventes de disques fonctionnaient beaucoup mieux dans les années 80-90 jusqu’au début des années 2000. L’émergence des plates-formes comme Napster, Spotify crée une concurrence énorme face aux CD et aux vinyles. Je prends un album comme si je lisais une histoire, je regarde qui a produit, qui a écrit les textes. Je ressens une certaine nostalgie quant à la façon de découvrir un groupe ou un album. Comme je donne des cours de batterie à des élèves plus jeunes, ils me disent : « Ah ! ben moi, j’écoute ce morceau sur Spotify mais je ne sais pas si c’est le premier album du groupe ou le troisième album. » Du coup, c’est beaucoup plus abstrait, beaucoup plus numérique. Par exemple, la chanson « Home Sweet Home » on ne sait pas de quel album elle vient mais on sait qu’elle a le plus de streams.

Swan : C’est le problème de ce système aussi. Il y en a tellement et la manière d’écouter est différente par rapport à celle que tu décris. La musique devient plus ou moins jetable : on la prend, on la jette, c’est juste un son.

Comme tu l’as clairement mentionné la solution pour les groupes, c’est de tourner pour gagner de l’argent. C’est dur pour les musiciens car on a une vie de famille. Si tu es obligé d’être tous les jours de l’année sur la route pour payer tes factures, c’est un choix très compliqué. Cela implique que tu choisisses un chemin qui ne te permet pas d’avoir une vie conventionnelle.

Franky : Maintenant, mis à part les groupes gigantesques, j’ai l’impression que la musique sur Spotify ou toutes ces plates-formes en streaming est devenue une carte de visite pour un groupe avec la musique gratuite. Je schématise un peu mais la personne qui paye son abonnement dix euros par mois n’a pas l’impression d’avoir acheté un album. Donc on télécharge des albums sur le site et si ça marche, on va pouvoir tourner. Effectivement, ça fait beaucoup de concerts. Ce qui peut être plaisant pour les groupes qui aiment bien tourner mais ce n’est pas évident de gagner sa vie avec les ventes de disques.



Des progrès techniques sont visibles dans votre dernier enregistrement. De plus, vous vous êtes accordés les prouesses de Hannes Braun. On le ressent par ailleurs dans les titres comme « Revolution ». Est-ce qu’il vous a apporté des conseils techniques ?

Swan : Non, c’est son travail de mixer. Il fait sa soupe et il fait ça de façon extraordinaire. On va vers lui parce que c’est un ami et c’est facile de dealer avec lui. Quand il y a quelque chose qui ne nous plaît pas, que l’on veut changer, il est à l’écoute. L’important, c’est qu’il apporte au groupe un son moderne et qui nous permet d’être compétitifs par rapport à ce qui sort en ce moment.

On va évoquer maintenant votre carrière musicale et plus particulièrement ton meilleur souvenir, Swan ?

Swan : Je garde d’excellents souvenirs et on a fait énormément de choses. Durant notre modeste carrière, on a rencontré beaucoup de gens, on a fait beaucoup la fête. Il y a eu des moments spéciaux où on a eu le trac notamment, lorsque l’on est passés à l’émission « Un incroyable talent ». Passer en direct à la télé devant trois ou quatre millions de téléspectateurs, c’était extrêmement stressant, c’était une expérience unique. Jouer aussi en première partie de Scorpions, avant de monter sur scène, on ressent quelque chose d’énorme, une pression spéciale.

Franky tu as intégré le groupe en 2023. Peux-tu nous parler de ton expérience d’intégration ?

Franky : Je connaissais BlackRain depuis leurs débuts. On avait joué ensemble il y a une vingtaine d’années auparavant dans un petit club marseillais. Je jouais à l’époque avec Racket Racks, un groupe de hard rock glam marseillais et BlackRain jouait en tête d’affiche. Le hard rock glam est vraiment mon style de cœur, c’est vraiment ce style-là qui m’a donné envie de jouer de la batterie.
C’est une musique que j’adorerai toujours. Puis j’ai joué avec Dagoba et je suivais parallèlement ce que faisait BlackRain.  J’ai acheté leurs albums et en 2022, j’ai eu un appel de Matt qui m’expliquait que leur batteur allait partir pour des raisons personnelles. Il m’a demandé de les dépanner pour quelques concerts. J’ai accepté tout de suite.
Quelques semaines après, ils m’ont annoncé qu’ils aimeraient bien que je sois le nouveau batteur de BlackRain. Rapidement, pour symboliser ça, on a enregistré un single qui s’intitule « Death Drive », également sorti en clip vidéo rapidement après mon intégration. L’idée de sortir cet album revival s’est développée. On a choisi 10 titres qui plaisaient à tous et il y a un morceau qui m’affectionne particulièrement.  Je pense notamment à la balade « Nobody But You », shootée en clip hier. Le travail de Hannes à la production était parfait avec très peu de retouches en un temps record.
Cet album est prêt et en un an pour moi c’est une super expérience !

Votre prochain passage à Paris est le 7 avril à la Maroquinerie. Pourquoi avoir choisi ce lieu ? Est-ce qu’il représente quelque chose de particulier pour vous qui vous affectionne ?

Swan : C’est assez compliqué de planifier une date de concert à Paris avec les jeux olympiques. C’est soit avant, soit après.  Et par rapport à ce que l’on peut remplir, la Maroquinerie représente un lieu bien adapté. Il y aura une release party le samedi 6 avril au Dr Feelgood rue de la roquette à Paris et le concert le dimanche 7 avril à la Maroquinerie avec les fans qui voudront bien venir.

Une super salle bien conçue en forme d’amphithéâtre et qui permet de voir tout le monde depuis la scène et le public peut vous voir depuis n’importe quel endroit. 

Swan : J’ai le souvenir d’avoir fait un concert mémorable déjà là-bas avec Andrew WK (NDJ : en 2012) et je garde un très bon souvenir de la salle.

Hormis l’album qui sort le 14 avril prochain, vous avez déjà dans les tuyaux un autre album avec de nouvelles compositions. Où en êtes-vous exactement au niveau de la création ?

Swan : On ne fait pas spécialement les choses dans l’ordre. On fait des chansons, on les mixe et d’ailleurs, on en a déjà une quasi-prête. Pour le reste, on a du choix et on a de quoi faire un album. Je pense que l’on va continuer de composer encore un peu pour avoir plus de choix et définir plus précisément la direction du prochain album. Le but est de le sortir fin d’année 2024, début 2025 pour pouvoir le promouvoir.

Franky : Et jouer les morceaux durant les festivals de 2025. Je pense que la sortie de cet album va influencer la programmation de ces festivals. L’album est en très bonne voie, quasiment  fini aux deux tiers. Cela reste du hard rock glam, du heavy moderne.

L’interview touche à sa fin et le dernier mot est à vous.

Franky : Je donne rendez-vous à tous les fans de BlackRain les 6 et 7 avril prochains pour passer un bon week-end ensemble ce sera un week-end parisien spécial BlackRain. On se réjouit à l’avance d’être bientôt ensemble.

Merci beaucoup à vous deux de vous être déplacés et au plaisir de vous retrouver prochainement.


Hot Rock Time Machine 

Liste des titres :
01) Overloaded
02) Baby Shot Me Down
03) Wild, Wild, Wild
04) She’s in Love
05) Nobody But You
06) Dancing on Fire
07) Young Blood
08) Shining Down On You
09) Revolution
10) Dead Boy


 

 

 

 

 

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