Among The Living
Interview

Entretien avec Vincent et Matthieu de THERAPHOSA

Entretien avec Vincent et Matthieu, les deux compositeurs de THERAPHOSA et frangins inspirés.


Cela fait la 3ème fois que nous nous rencontrons (20182020), et il semble que THERAPHOSA c’est une histoire qui dure. Qu’elle est le ciment de votre line-up ?

Vincent : La vie commune, un objectif commun, une communication constante et une connaissance profonde de l’autre.

Matthieu : Je ne peux pas dire mieux.

Comment aborde-t-on un deuxième LP comme Inferno pour un groupe tel que THERAPHOSA ? Est-ce une suite logique du précédent album, cela prend-il du temps ?

Vincent : C’est un peu tout ça. C’est une suite logique de Transcendence, puisque c’est notre fil conducteur la transcendance. Sur Inferno on a vraiment été au fond du thème. Au niveau du travail, Inferno est un projet que j’avais envie de faire depuis des années. Il y avait des compositions qui étaient déjà prêtes et muries pour cet album. Le gros travail sur l’étude de l’œuvre de Dante a été fait par Matthieu, pour les textes. La grosse différence avec le travail sur les albums précédents, c’est le partage des taches.
Matthieu a été en profondeur et moi c’était plus une inspiration subjective. Qu’est-ce que les cercles m’évoquent ? ce que m’évoque l’Hérésie, la Trahison.

Quelle a été votre première rencontre avec Dante et la Divine Comédie ?

Vincent : Moi ma première rencontre avec Dante c’était dans un jeu vidéo (Dante Inferno), puis dans un dessin animé.

Matthieu : C’est également par le jeu que j’ai découvert le concept. Je ne savais pas que c’était tiré de l’œuvre de Dante à l’époque. J’ai lu l’œuvre pour la conception des textes de l’album par la suite. L’œuvre est plutôt complexe, et je m’en suis servi comme un support. J’ai lu intégralement la partie « Enfer », et en diagonale la partie « purgatoire » et « le paradis ». J’ai élaboré ma propre réflexion d’un point de vue philosophique, théologique et psychologique sur les différents vices abordés dans Inferno. J’ai ensuite structuré le texte autour de la retranscription des vices. Les causes, les conséquences, le mouvement qui opère en nous, comment il fonctionne, comment le reconnaitre.

Vincent : on s’est inspiré de l’Enfer de Dante, mais ce n’est pas une mise en musique de l’œuvre. On a pris l’ordre et le contenu des 9 cercles de l’enfer, mais la création artistique de la musique est neuve et à part.

La quête de Dieu chez l’homme, la condition humaine, amènent forcément en Enfer ?  C’est un fil rouge chez THERAPHOSA depuis Transcendance ?

Vincent : On va se placer de deux points de vue différents. Ceux du croyant et du non croyant. Nous notre philosophie c’est de se placer du côté de la transcendance (CF : ce qui est au-dessus et d’une autre nature). Nous ne sommes pas pessimistes ni fatalistes concernant la condition de l’homme, mais nous restons réalistes quant à celle-ci. L’homme est sujet à toutes sortes de tentations, mais n’y succombe par forcément. Pour un croyant les tentations viennent de Dieu, et pour un non croyant c’est une sorte d’immanence (cf : « de ce qui a son principe en soi-même, par opposition à la transcendance »).

Matthieu : Le chemin diffère, mais la méthode reste la même. Pour l’un ce sera Dieu, pour l’autre ce sera soi-même. Le socle moral sera diffèrent.


THERAPHOSA


On sent bien que vous intellectualisez votre musique et approfondissez vos thèmes. C’est un travail collégial chez THERAPHOSA. Quelle est l’implication de Martin (batteur) dans le travail de composition ? 

Vincent : On demande toujours son avis à Martin bien sûr et on valide tout ensemble. Chacun sait ce qu’il a à faire et connait son périmètre. Matthieu et moi on a parfois cette tendance à « s’euphoriser » et Martin apporte cette sagesse, ce repère qui est important dans le groupe.

Parlons un peu de votre look. D’où vous vient-il et de qui est-il inspiré ?

Vincent : Chanel a un design qui me parle tout particulièrement. Ce design très minimaliste et efficace me correspond. Esthétiquement c’est ce qui me parle. Le plus beau possible avec le moins possible, une sorte de quête de la discrétion.

Matthieu : Cela contraste avec les thèmes explorés et la musique.

C’est intéressant ce que vous dites. On retrouve cela dans votre musique, ce « swag », ce grain de folie dans une musique au cordeau. Je pense notamment au titre Lust et ses digressions presque funky.

Vincent : Carrément oui (rire).

Si je vous dis que Inferno c’est un peu comme une Cathédrale pour moi. C’est massif, froid, tout en sobriété mais aussi majestueux et complexe. Et il y a ces vitraux, qui laissent entrer la lumière par traits, comme sur vos compositions.

Vincent : J’aime bien l’idée de la Cathédrale. Merci, je ne sais pas quoi te dire d’autre.

Matthieu, en 2018 (pour leur EP Obsession) tu nous parlais de tes influences allant du funk (normal pour un bassiste) au Rap US mais en passant surtout par la variété française. Tu es toujours un fan de Lara Fabian ?

Matthieu : Oui (rires). On ne peut pas dire que je suis un « fan » de Lara Fabian, mais il y a quelques morceaux qui sont absolument incroyables pour moi.

Inferno est votre nouvel album, et à l’instar de Transcendance, on retrouve un titre en français avec Limbo. C’est quelque chose d’important pour vous ce rappel à la langue de Molière ?

Vincent : C’est Matthieu qui chante sur Limbo. On espère avoir au moins un morceau en français par album, voire un peu plus. Mais l’anglais est un bon vecteur pour porter un message.
Le fait est qu’on aime notre langue, elle permet de nous exprimer avec une grande précision. C’est un moyen pour nous de mettre en avant notre culture et de montrer d’où l’on vient.

Matthieu : Il y a malgré tout un esprit français chez TERAPHOSA et dans nos albums. En tant que français tu appréhendes la musique différemment, avec ta culture, l’histoire de ta nation et c’est le propre de chaque artiste de par le monde.

Limbo est malgré tout un peu à part sur Inferno, par rapport au reste des compositions, non ?

Matthieu : Il est diffèrent sur absolument tout. Déjà le fait que ce soit moi qui chante et non Vincent c’est important. D’autre part le fait que ce soit un morceau avec majoritairement des composantes classiques et Pop, il pourrait faire partie d’un album hors Métal dans un sens. Il y a aussi le sujet du titre, qui est purement théologique. Il n’a rien à voir avec les vices.

Parlez-nous de votre collaboration avec Rémy “R3myboy” Deliers (qui a travaillé notamment avec Gojira). Après l’excellent travail de Francis Caste sur Transcende et Jan Rechberger (Amorphis) sur votre premier EP, pourquoi ce choix et que vous a-t-il apporté ?

Vincent : Rémi nous a été conseillé par notre manager. Il avait mixé un titre que nous n’avions pas sorti. On avait trouvé le résultat très bon. La particularité d’Inferno c’est qu’il a été enregistré dans notre Home studio, c’est la grosse différence avec ce que nous avions fait précédemment. J’ai tout enregistré mais j’ai eu besoin de ses conseils et on a travaillé ensemble. Artistiquement parlant THERAPHOSA arrive toujours avec les compositions prêtes, en soi rien n’a changé à ce niveau-là.

Parlez-nous de la pochette et des masques que l’on trouve dans vos vidéos.

Vincent : La pochette a été réalisée par  Tabulae (Davide Schileo), et les masques par une artiste Roumaine Ruaa. J’ai découvert  Ruaa (Laura Verdeti) en cherchant des masques pour les concepts des clips pour représenter les cercles de l’Enfer. Elle nous a fait un masque par single, elle est très pro et vraiment adorable. On a fait Lust et Greed en clip puis on s’est dit que ce serait top de mettre des masques sur tous les singles.

Le modèle économique de THERAPHOSA a-t-il changé depuis vos débuts ? Vivez-vous de votre musique aujourd’hui ?

Vincent & Matthieu : Non pas du tout. Nous avons la chance d’avoir une famille très proche et qui nous aide à porter nos projets. C’est une grande chance pour nous. C’est grâce à eux que THERAPHOSA existe et continu. C’est une entreprise familiale.

Avez-vous des dates de concerts à venir ?

Vincent & Matthieu : Non par pour le moment. On aimerait bien mais on travaille dessus.



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