Among The Living
Interview

Entretien avec Yann, guitariste du groupe BALLS OUT 

Entretien avec Yann, guitariste du groupe BALLS OUT 

Balls Out
Photo Christiane Tastayre

Bonjour, pourrais-tu te présenter s’il te plait ?

Bonjour, je suis Yann (Vautrin), un des guitaristes de Balls Out.

Pourquoi as-tu choisi de faire du rock comme expression musicale plutôt qu’autre chose ?

Cela vient de mon éducation musicale en fait. Je suis un grand fan d’AC/DC que j’ai découvert en fouillant dans les CDs de mon père. Je me souviens être tombé sur le live « If You Want Blood » où tu vois Angus transpercé par sa guitare, du sang partout. Bon c’était un peu choquant pour un gamin, à l’époque ! Mais du coup j’ai écouté « Let There Be Rock » en boucle et je me suis dit « wouahh ! qu’est ce que c’est que ce groupe ? ». De là j’ai découvert toute la discographie d’AC/DC et tout l’univers du hard rock traditionnel. Et voilà je suis tombé dedans. Du coup, cela fait partie de mes influences. J’ai appris la guitare avec le riff de « Highway to Hell » comme beaucoup de guitaristes je pense, puis sur tous les morceaux, puis en découvrant beaucoup de choses. J’écoute énormément de musique et je découvre plein de groupes. Cela fait vraiment partie de mon univers.

Pourrais-tu nous en dire plus sur l’histoire de Balls Out, sur les membres ? Comment vous êtes-vous connus ?

Pat (le chanteur) et moi nous nous connaissons depuis longtemps. Je ne sais plus exactement peut-être 12 ans je pense. On faisait déjà de la musique ensemble à l’époque avec un autre projet qui a splitté. On a chacun fait un peu de musique de notre côté, mais rien de trop concluant. Et puis vers 2015, on s’est dit que ce serait cool de refaire de la musique ensemble, et Sonny, l’autre guitariste nous a contactés par petites annonces sur internet et nous a dit « je connais un batteur aussi, il est solide » et donc c’était Pierre. C’est comme cela que Balls Out est né. Ça a tout de suite pris et nous nous entendons super bien. C’est comme cela que le groupe a commencé. C’est marrant tu vois, parce que Pat et moi nous nous connaissons depuis longtemps et Sonny et Pierre se connaissent eux aussi depuis longtemps.

Oui du coup il n’y en a pas un qui se retrouve isolé par rapport aux autres.

Non, carrément pas ! On s’est vraiment bien trouvés, on se marre bien et c’est très cool.

Vous êtes de Nice il me semble ?

Oui, enfin de la région autours. Il n’y a que moi qui habite encore à Nice mais sinon c’est vraiment les villages autours.

Alors justement, je discute avec pas mal de groupes de tous styles et de tous horizons, et au niveau tournée, le sud de la France semble un peu sinistré non ?

Oui, clairement. Les groupes ne passent pas sur Nice parce qu’il n’y a pas beaucoup de structures pour les accueillir en fait. Il y a de quoi accueillir des grands groupes, mais pour des groupes plus petits, un peu plus comme nous, c’est plus compliqué. Heureusement il reste une ou deux salles qui font bastion, qui se battent pour exister et pour faire passer justement ce genre de groupes. Mais sinon, c’est vrai que toutes les salles ferment quasiment. A l’époque il y avait plusieurs salles, même encore récemment il y avait trois salles, mais maintenant il n’y en a plus qu’une.

Y-a-t-il un vrai public metal dans le sud ?

Alors oui, il y a un public metal, à Marseille par exemple, mais à Nice moins. Quand tu es un petit groupe il te reste le vieux Nice pour jouer avec des potes le samedi soir dans les pubs là aucun problème. Mais c’est vrai que pour des groupes qui marchent bien et qui veulent faire des salles c’est un peu plus compliqué. Il y a moins de public qu’à Paris forcément et il est vrai que c’est un peu sinistré.

En discutant avec des groupes sur des tournées qui passent en France, la ville disons la plus basse sur la carte c’est plutôt Lyon. Sinon il y a Paris et Nantes mais dans le sud c’est limité. On le voit sur les affiches, les groupes qui passent en France c’est Paris, Lyon, Marseille.

Oui, à part le Théâtre de Verdure à Nice, tu n’as pas vraiment de salle du style l’Elysée Montmartre, le Trabendo, ou la Boule Noire. En gros des salles de 400 à 1.500 places à part le Théâtre de Verdure qui fait quelque chose comme 1.000 places, il n’y en a pas. Après tout de suite c’est le Nikaia qui contient environ 6.000 personnes. C’est vrai que c’est compliqué de recevoir des groupes plus petits.

BALLS OUT - Let Me In (I Know Someone Inside)

Du coup, ce vivier fonctionne comment ? Vous, vous fonctionnez comment ?

Et bien, on s’exporte. En plus nous c’est vraiment notre objectif de sillonner la France. Après il y a des groupes à qui cela convient de rester à Nice, mais sinon il faut s’exporter et ne pas hésiter à aller jouer à droite à gauche.

Justement, j’ai regardé votre roadmap qui est déjà un peu établi, on entend bien que vous êtes un groupe de scène !

Oui tout à fait, clairement on adore ça ! J’adore faire le con devant le public et me donner à fond. Et tu rencontres plein de gens, d’autres groupes aussi, tu discutes, tu bois des bières avec des gens que tu ne connais pas, c’est vraiment génial, et cela fait des anecdotes amusantes sur la route à raconter après. Donc oui, on aime la scène.

Vous avez ouvert pour Clutch et Norbert Krief déjà. Du coup, là votre tournée vous la faites en 1ère partie ou en tête d’affiche ?

On alterne en fait. Les deux premières dates ce sera en tête d’affiche. A Paris ce sera à l’occasion d’un festival, il y a un autre festival à Villeneuve-Loubet aussi, et ensuite ce sera des soirées avec d’autres groupes et là il n’y aura pas vraiment de notion de tête d’affiche. Voilà pour les dates déjà établies, mais d’autres vont être ajoutées aussi.

Comment vous organisez-vous ? Avez-vous un manager ?

Oui, nous avons un manager depuis peu qui s’occupe du booking. Après l’organisation c’est surtout la logistique pour les concerts car on à un travail en parallèle donc il faut s’organiser en fonction.

Vous avez ouvert pour des pointures. Et maintenant si tu avais un souhait, pour quoi rêverais-tu d’ouvrir ?

Alors si tu me prends par les sentiments, je vais te dire que j’aimerai bien ouvrir pour AC/DC évidemment ! Maintenant s’il faut être un peu plus « réaliste », je vais te dire Airbourne. J’ai pris une grosse claque quand je les ai découverts et je les adore alors si un jour on me dit tu ouvres pour Airbourne, je serai hyper heureux.

Pour en venir à vos influences qui sont assez marquées, tu parlais de ta découverte du rock avec AC/DC, on entend aussi (d’ailleurs vous en avez fait une reprise) du Rose Tattoo, mais qu’est ce qui vous fait avancer musicalement ?

Au final, chacun y met un peu de ses influences à lui. Moi je vais être très très classic rock, Pat est un peu plus ouvert, il aime des trucs parfois un peu plus lourd, Sonny adore Zakk Wylde, Pierre le batteur est fan de Deep Purple tout ça. Donc si on est tous les quatre autours du hard rock traditionnel, chacun avec ses influences va apporter sa petite touche. Et je pense que c’est comme cela qu’on avance et c’est ce qui fait aussi notre identité quelque part.

Sur votre nouvel album « Let Me In (I Know Someone Inside) », il y a un titre « Worship the Fallen » qui sonne assez Black Sabbath je trouve. De qui cela vient-il ?

Oui carrément ! Ça c’est Pat. C’est vrai que ce titre est un peu plus sombre que les autres. C’est Pat qui a trouvé le riff, et il lui tenait à cœur. Du coup on a travaillé le morceau pour qu’il soit cohérent avec le reste de l’album.

On va revenir sur le titre de l’album : « Let Me In (I Know Someone Inside) », cela fait-il référence à du vécu ?

Oui un petit peu.

Vous vous êtes souvent fait dégager des boîtes ?

Rires. En fait il y a un double sens. C’est le groupe qui toque à la porte pour jouer, c’est aussi le gars qui toque à la porte d’une fille (nous c’est plutôt comme cela qu’on l’a envisagé). Bien-sûr, il y a un peu de vécu. Pas toujours tout de même parce que nous ne sommes pas trop des loosers non plus hein ! Rires.

Il est plutôt amusant ce titre.

Oui clairement ! C’est ce qu’on aime bien, l’auto-dérision. Ça nous amuse et c’est comme cela qu’on voit le Rock’n Roll. Pour nous le Rock’n Roll c’est une fête. La musique c’est de la fête, il faut s’éclater et c’est exactement comme cela qu’on voit le truc.

Cet album se compose de huit titres et il ne dure que 28 mn, c’est super speed ! Et c’est un format peu commun.

Oui c’est un parti pris. On préférait faire un album court et percutant avec 8 titres qu’un album avec 14 ou 15 titres mais cinq titres de remplissage.

Du coup au niveau de la conception de l’album, qui fait quoi ?

Les textes c’est Pat. Parfois on lui donne un peu notre avis mais c’est plutôt lui qui s’en occupe. Après, c’est un travail collectif. Parfois Pat peu arriver avec sa basse et soumettre une idée pour construire quelque chose autour, mais chacun y met vraiment du sien, apporte ses influences. C’est vraiment un travail collectif. Par contre le titre « Rock All Day », c’est un titre que j’avais déjà fait à la maison, enregistré, et qu’on a retravaillé à la sauce Balls Out. Mais sinon on répète ensemble et on essaye de trouver des riffs sur la route quand on joue ou à la maison.

Vos compositions sont assez « catchies », on sent qu’elles sont taillées pour la scène. Vous avez cela en tête lorsque vous composez ? Est-ce que le rendu sur scène est votre fil conducteur ?

Oui on voulait quelque chose d’honnête. On ne voulait pas ne pas pouvoir reproduire sur scène ce qui avait été fait sur l’album. On voulait que cela sonne comme on sonne en live. Le moindre solo que tu entendras sur l’album tu le retrouveras en live. La batterie n’est pas triggée, c’est brut. On veut donner aux gens l’envie de venir nous voir en live lorsqu’ils écoutent l’album. 

Quels sont les thèmes développés dans l’album ?

C’est très Rock’n Roll, c’est léger. Ce sont des expériences de la vie, c’est festif. L’idée c’est qu’on n’a qu’une vie, il faut en profiter, rigoler et ne pas se poser de questions.

Et le nom du groupe, il vient d’où ?

Ahhh ! Alors, le nom du groupe vient d’une petite conversation Facebook qu’on a eue tous les quatre au tout début. A un moment Pat a dit « les gars, sortez vos couilles là ! Balls out ! Il faut trouver un nom ! » et du coup on s’en est arrêtés là et on n’a pas cherché plus loin, le nom était trouvé. Et au final cela nous représente bien.

Vous avez sorti un clip, peux-tu m’en dire plus ? Qui l’a fait ? Est-ce quelque chose que vous avez maîtrisé du début à la fin ?

Il a été enregistré là où nous avons enregistré l’album et où nous répétons également. Dans le clip tu peux voir l’endroit où nous répétons d’ailleurs. Le titre choisi est « Moaning Hard ». Le texte parle d’une fille qui a une belle poitrine, et quand j’ai parlé du projet à une amie, elle a tout de suite été intéressée et voilà. D’ailleurs elle a fait un superbe boulot parce que ce n’était franchement pas évident. Puis c’est un ami Hugo qui a tourné, fait le montage et tout. Et il nous a vraiment fait un super truc. Il n’y avait pas de scénario particulier.


balls out
Photo Christiane Tastayre

En ce qui concerne le financement du groupe, vous avez dit que vous aviez tous un travail en parallèle, comment cela se passe-t-il ?

Et bien nous sommes en auto-financement. Nous avons tous un travail à côté qui nous permet d’investir dans le groupe. En fait, c’est notre passion et on peut dire notre seule passion. Nous ne pratiquons pas de sport cher ni rien donc tout est réinvesti dans le groupe. Lorsqu’il y a des choses à payer du style l’enregistrement on divise par quatre et voilà !

Tout à l’heure tu disais que vous étiez dans d’autres formations avant ?

Avant, oui oui moi j’ai fait brièvement de la pop. Ce n’était pas des expériences trop longues. J’ai fait du metal plus général aussi mais je ne m’étais jamais trop senti à mon aise. C’est pour cela que lorsqu’avec Pat nous avons parlé de faire de la musique ensemble, on a foncé.

En tant que jeune groupe, comment appréhendez-vous le milieu de métal ? Sur ces quinze dernières années le milieu a foncièrement changé : pour les ventes de disques c’est plus compliqué, les groupes tournent de plus en plus, comment cela se passe-t-il pour un groupe qui arrive sur le marché ?

C’est sûr qu’avec tout le numérique, il devient plus difficile maintenant de se démarquer. Il y a une abondance de groupes c’est clair, mais nous allons faire de notre mieux et nous n’avons pas peur. On va donner tout ce qu’on a : les Balls Out et voilà ! En fait on ne se pose pas de questions, on fonce. Au moins on ne pourra pas regretter de ne pas l’avoir fait. Il faut se donner les moyens et le faire parce qu’on aime ça.

Revenons sur l’ouverture que vous avez faite pour Clutch et Norbert Krief : ça s’est fait comment ?

C’est arrivé grâce à notre maison de disque M&O Music. Pour Clutch normalement c’est Inspecteur Cluzo qui devait faire toute la tournée mais ils ne pouvaient pas faire une des dates. Du coup notre groupe a été proposé et nous avons été retenus. Et pour Norbert Krief, Nono était parrain du festival Hell Sessions l’année dernière et il devait y avoir des musiciens qui montaient sur scène pour jouer avec lui. Le sort a fait que c’était nous, donc c’était cool d’avoir une légende qui vient se caller avec toi et jouer des morceaux de Balls Out. C’était un moment vraiment exceptionnel.

Vous avez senti des effets bénéfiques suite à ces expériences ? Cela a du vous faire une belle carte de visite !

C’est sur qu’on a gagné en visibilité parce que des gens viennent nous voir et nous demandent comment c’était Clutch. Et sur le CV, avoir ouvert pour Clutch dans un Elysée Montmartre complet c’est quelque chose ! En plus cela s’est super bien passé nous avons eu de très bons retours du public. Forcément cela tire ta motivation vers le haut et cela te pousse à te donner encore plus.

Vous avez déjà des retours sur l’album ?

Pas vraiment encore, sauf par les différentes interviews qu’on vient de faire. Et là déjà on voit que les gens ont apprécié l’album donc on est très contents. Pour le moment aucune chronique n’est sortie encore mais c’est clair qu’on attend les retours avec impatience.

Vous avez des idées pour un prochain album déjà ?

Oui c’est sur qu’on ne va pas s’arrêter en si bon chemin, il y a des riffs dans un coin de notre tête, on y pense. Mais bien-sûr on va d’abord se focaliser sur la sortie de celui-là et le défendre sur scène, après on verra. Mais on y pense.

Bon et bien merci, nous nous donnons donc rendez-vous sur scène bientôt, le 25 mai au Gibus Live à Paris pour le Metal Story ?

Absolument ! Merci à toi également et rendez-vous au Gibus Live avec grand plaisir.


 

 

 

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