CRYPTIC FEST
SETH + …AND OCEANS + ASAGRAUM + DECLINE OF THE I
La Clef (Saint Germain-en-Laye – 78) – samedi 1er avril 2023
Il y a du monde aujourd’hui à la Clef pour la première édition du Cryptic Fest. Les organisateurs et la salle ont fait les choses en grand avec des stands de nourritures, des expos, un metalmarket avec peintures, affiches de concerts, mediators, bijoux, bagues, toiles, stickers, cartes postales et tatoueur, sans oublier le merchandising des groupes qui vont jouer ce soir.
Parmi le public on reconnaît beaucoup de musiciens de la scène Black et Pagan Metal française venus voir leurs amis qui jouent ce soir. Des membres (actuels et passés) de Moonreich, Bran Barr, Thagirion, Azziard, Nydvind, Holy War, Demande à la Poussière, Hell Militia, Vorkreist, The Order of Apollyon…
On en croise tellement qu’on se dit qu’avec tous ses talents on aurait pu rajouter au moins trois/quatre groupes à l’affiche.
DECLINE OF THE I (FRANCE)
Les français de Decline Of The I ont une prestation calibrée. Les images projetées derrière la batterie sont en adéquation avec leur post-Black Metal inquiétant et assez complexe. Afin de mieux vivre l’expérience la scène est peu éclairée afin que l’on puisse être en osmose avec la musique bien tranchante au travers d’extraits de film en noir et blanc (La Passion de Jeanne d’Arc, Begotten, Stalker…) et des citations d’Henri Laborit entre autres. La musique progresse entre accélération brutale et plage de contemplation à l’image d’un A.K. arcbouté en arrière pour atteindre la note parfaite sur sa guitare.
Quant à Spir Ignis (Thagirion) arrivé dans le groupe depuis le dernier album en date Johannes (2021), il harangue le public dans un clair obscure devant des scénettes bien inquiétantes ou d’autres textes comme « Tu m’admirais hier, Et je serai poussière, Pour toujours demain » (Mon amie la rose de Françoise Hardy)
Le son est parfait (même pour les cris malsains des autres musiciens) mettant en avant le groove implacable de la musique et ses dissonances puissantes et torturées à coup de samples ou de notes de piano qui nous font vaciller.
La sonorisation de la salle restera parfaite pour toutes les formations tout au long de la soirée et ce malgré des approches musicales différentes.
ASAGRAUM (NORVÈGE / PAYS BAS)
Le public a du mal à comprendre les filles d’Asagraum. La bassiste est placée dans son petit enclos entre la batterie, sa pédale d’effet et sa tablette devant les yeux pour suivre la mesure. Loin des retours on la sent comme punie par Obscura la tête pensante du groupe.
Le reste n’est pas vraiment folichon. Pas de véritable ambiance souvent cassée nette par des grands temps morts entre les titres. On a juste l’impression qu’elles viennent de se rencontrer, sont montées sur scène sans répéter un titre alors que sur disque leur musique est accrocheuse. Bref leur prestation est décousue alors que leur album sorti en 2019 Dawn of Infinite Fire est lui bien ficelé.
…AND OCEANS (FINLANDE)
Beaucoup de spectateurs sont venus pour découvrir … And Oceans. Ils sont six sur scène et nous livrent un superbe show. Le Black Metal symphonique des Finlandais est très bien exécuté. Ils en profitent pour nous faire découvrir leur dernier et sublime album As In Gardens, So In Tombs sorti en ce début d’année avec pas moins de 5 titres.
Même ceux qui ne connaissent pas encore la musique des finlandais tombent rapidement sous le charme des riffs soignés, des structures complexes, de la voix déchirantes et growlé de Mathias Lillmåns.
Quant aux claviers, ils apportent ce côté symphonique à des mélodies bouleversantes. Il y a un côté onirique et mélancolique sur certaines plages musicales qui nous transportent dans les épaisses forêts finlandaises… et pourtant ça blaste dur parfois avec cette rythmique à toute épreuve.
On comprend mieux pourquoi ils tournent et tourneront en cette fin d’année avec Seth car les ambiances sont aussi théâtrales teintées d’un soupçon 90’s.
SETH (FRANCE)
Pour les avoir vu de nombreuses fois depuis un peu plus d’un an je peux vous dire que je ne m’en lasse toujours pas. On peut même dire que sur cette tournée ils se bonifient comme le bon vieux vin. Du millésime bien entendu. Le show est parfait, il n’y a pas de faute d’écart et tout s’enchaîne merveilleusement bien.
D’autant plus que ce soir à La Clef ils sont desservis par un son parfait : chaque note de clavier de Pierre Le Pape, chaque intervention divine de Saint Vincent, chaque accord de Heimoth ou de Drakhian sont mis en valeur, sans oublier la puissance de la section rythmique.
Au travers des titres on prend plaisir à trouver des repères entre les deux albums Les Blessures de l’âme et La morsure du Christ qui s’enchaînent parfaitement, jusqu’au show final où Melainya, comme une rose noire possédée perd ses pétales dans une offrande charnelle au Malin.
Le sang, les candélabres, la statue De la Vierge sur l’autel apportent leurs petits plus à cette cérémonie. Saint Vincent arpente la scène tel un archevêque se battant avec ses démons dans un tourbillon d’alexandrins.
Non seulement les musiciens connaissent leurs partitions mais en plus ils sont théâtraux, romantiques et savent occuper une scène. Ils ne restent jamais statiques comme beaucoup de musiciens ont tendance à le faire. Il y a de l’élégance dans une prestation de Seth.
Cette première édition du Cryptic Fest est une bien belle réussite. Aussi bien dans la prestation des groupes, de l’accueil réservé par les bénévoles de La Clef ainsi que dans les prestations annexes avec les différents stands. On espère revoir le festival l’année prochaine et pourquoi pas sur deux jours.
Le triomphe de Lucifer
1 commentaire
J’ai lu deux articles sur le même sujet, où l’on applaudit Seth pour sa magnifique mise en scène et où l’on se plaint d’Asagraum. Je dirai ceci, Asagraum est concret, ils ne créent pas de mises en scène fictives, ils ne représentent pas, ils ne font pas usage de la représentation, pourquoi ? parce que cela ne les intéresse pas. Leur présentation est comme leur musique, froide. Qui a dit que le froid n’avait pas de force scénique ? Je suis désolé de désillusionner ceux qui écrivent des articles en généralisant, je ne suis pas comme vous et ne m’incluez pas dans vos généralisations. Pour moi, et je ne parle que de ma place de spectatrice, Asagraum était majestueux, un groupe de quatre femmes dans la scène black metal où les hommes ont toujours été positionnés, elles cassent un paradigme dès le départ. Elles n’utilisent pas la place de la femme sexualisée, elles offrent un concert froid et percutant. Je n’ai vu que Lilith en elles, des femmes fortes et sûres d’elles dans leur musique, qui d’ailleurs était pleine de sensations.
Quant à Seth, je dois dire que ce lieu commun de la messe noire et de la femme sacrifiée m’ennuie et me semble éculé. Tant mieux si c’est la performance de Melainya et si c’est elle qui décide de créer une scène de sacrifice, mais je me demande si c’est vraiment elle qui a pris la décision de la performance ou si c’est une commande de Seth… Je n’ai vu que la domination d’un homme sur une femme, la femme sacrifiée comme toujours, l’homme qui représente le mal et sacrifie une femme qui devient une déesse, quelle nouveauté…, allez voir dans le monde toutes les femmes assassinées, ça s’appelle un féminicide.
Sérieusement arrêtez ce discours ringard et arrêtez de faire chier les femmes qui montent sur scène pour faire du bon Black Metal, arrêtez de pleurer comme des machos, parce que si vous n’aimez pas Asagraum alors vous êtes baisés parce que d’autres l’ont aimé.