Among The Living
Live Report

MOTOCULTOR 2023

MOTOCULTOR 2023

Carhaix-Plouguer, France – 17-20 Aout 2023

D’une vieille charrue à un motoculteur…

En août en Bretagne c’est la période des moissons. Au vu de l’avancée des récoltes nombreuses son les moissonneuse-batteuses qui vont de champs en champs, traversant les communes pour récolter maïs, blé et autres légumineuses jusqu’à tard dans la nuit.

Généralement ils partent à bord de leurs Massey Ferguson du sud de la Bretagne et se dirigent vers le nord suivant l’état de maturité des plantes.

Il en est de même pour le Motocultor qui a quitté le Morbihan pour se diriger vers le Finistère. Le festival a quitté Saint-Nolff pour s’installer à Carhaix-Plouguer sur le territoire des Vieilles Charrues. Le fait qu’il s’installe sur les « Charrues » (comme on dit) nous fait instantanément penser aux premières affiches du Motocultor comme celle de 2011 avec un metalhead tenant une fourche comme une guitare ou celle avec les plantations de « horns-up » au milieu d’un champ en 2012. Des visuels qui mettaient en scène l’esprit metal dans l’univers agricole.

C’est aussi un retour en arrière historique car nous roulons sur notre pimpant motoculteur vers une vieille charrue…

Day1

Après une longue attente pour les festivaliers (pouvant attendre jusqu’à deux heures) avant de rentrer sur le site, il nous tarde de découvrir ce nouveau lieu pour les quatre jours à venir.

Nous sommes agréablement surpris de découvrir un endroit très bien organisé entre les quatre scènes, espacées mais les unes à côté des autres permettant de suivre encore plus facilement le running-order. 1,2,3 et 4 dans l’ordre et de gauche à droite, c’est à dire de la plus grande à la plus petite : Dave Mustage, Massey Ferguscène, Bruce Dickinscène et la Supositor Stage.

Autour nous découvrons de nombreux bars et restaurants, du merchandising, des shops de CD de vinyles et de bijoux disséminés un petit peu partout ne créant pas de files d’attente difficilement franchissable entre les scènes.

Le système des quatre jours devenu le Sacré Graal d’un business plan bien organisé pour de nombreux festivals permet à l’organisateur de rentrer un peu plus dans ses frais et aux festivaliers d’en avoir pour sa dose de décibels.

Qui dit 4 jours dit un départ dès le jeudi à 15h45. En revanche pour les autres jours les concerts commencent à 12h45 voir 11h45 pour le dimanche.

Pour la météo on a été relativement gâté même si les prévisionnistes annonçaient un vendredi sous la pluie ce qui aurait fait plaisir à Déluge bien sûr…

Pour les belles surprises de la première journée on ne peut passer à côté de la prestation de Coroner qui nous délivre un set bien ficelé et sans concession. Bien que les musiciens ne sont pas gâté car la compagnie aérienne KLM a égaré leurs matériels. Ce qui offre aux spectateurs une prestation où Tommy Vetterli joue en short avec la guitare de Romana des Burning Witches. Solidarité suisse oblige. Cela nous rappelle la prestation de la tête d’affiche Behemoth en 2014 à Saint-Nolff  Les musiciens jouaient en sweat-shirt/capuche, sans costumes ni corpse-paint et sans accessoires. Le pit photo nous était interdit car Nergal était très en colère et préférait ne pas en garder de bons souvenirs. Sûrement à l’époque la meilleure prestation des Polonais.



On retrouve beaucoup de spectateurs de la gente masculine rassemblés devant la grande scène pour admirer le groupe 100 % féminin Burning Witches jouant un heavy metal des plus classique mais très bien mis en scène. Épaulés par Courtney Cox du cover band The Iron Maidens (que l’on retrouve plus tard en interview avec Laura) elles délivrent une prestation énergique. On cherche encore ce que Laura la chanteuse nous montrait du doigt tout au long du show.



Avec une belle intro d’ AC/DC, les trublions d’Ugly Kid Joe font le show. N’hésitant pas à faire monter une vingtaine de photographes derrière la batterie. Ce qui nous permet de proposer un autre angle de la prestation survitaminée des Américains. Le temps n’a pas d’emprise sur eux et les titres du dernier album prouvent à nouveau qu’avec des riffs simples les californiens peuvent faire danser de nombreux spectateurs sous la tente.



D’ailleurs sous cette même tente (la Bruce Dickinscène) les Finlandais de Steve ‘N’ Seagulls font eux aussi danser la polka à un public bien chaud sur les grands classiques du hard rock et du metal (Metallica, AC/DC, Mötley Crue, Knack, Iron Maiden…) qu’ils reprennent en version bluegrass à la sauce déjantée et houblonée. Pour certains des musiciens il serait temps de faire une pause sur la bière sinon dans quelques mois ils n’arriveront plus à tenir leurs instruments car leur bras arrivent difficilement à faire le tour de leur ventre qui leur sert de barique.



Avec Zeal & Ardor le public est hypnotisé entre lights puissants et chœurs prenants proches de rites woodoos. Le savant mélange d’influence de Manuel Gagneux (voir notre interview) donne une certaine magie à cette musique qui casse les barrières passant du negro-spiritual avec des accélérations black metal en passant par le blues et des structures indus.



Avec les interviews réalisés sur le site on n’a pu assister à certains show comme celui de Warbringer ou celui d’Angelus Apatrida. On se rattrape avec ce dernier car on a interviewé Davish G. Álvarez, le guitariste qui nous parle en autre de leur prochain album qui sort en octobre et qui s’appelle Aftermath.



Day 2

Le lendemain, on retient la prestation énergique et communicante des espagnols de Crisix. Quel plaisir de les voir souriant sur une scène. Ces mecs vous donnent une pêche pas possible. Ils se nourrissent de l’énergie donnée par le public mais nous le rendent au centuple.  Talentueux, drôles aussi quand ils échangent leurs instruments pour faire un medley avec des titres incontournables comme « Hit the Lights » / « Walk » / « Antisocial » faisant exploser un public qui n’attendait que ça.



Les basques de Boisson Divine sont venus en Terre bretonne pour nous distiller, non du chouchen mais du Folk Metal band à la sauce gascon. Quel bonheur de les écouter à nouveau et d’observer le public réagir instantanément à leur douces mélodies jusqu’à l’orgasme absolu avec l’incontournable « Libertat ». Une envolé de bonheur qui vous permet de bien commencer la journée.



Le post-metal de Psychonaut nous berce jusqu’à la transe. Le public est envoûté par cette musique qui monte crescendo tout en nuance jusqu’à l’explosion finale.

La pluie s’en mêle après l’intense prestation de Déluge (cela aurait eu de la gueule de voir les musiciens sous un torrent d’eau).

Dans la journée on a le Wish de The Hu avec Uuhai. Je plaisant un peu car les mongoles, aidés de leurs instruments traditionnels nous amènent dans leurs steps avec des passages plus hard rock classique et une touche plus rock mais avec une joie communicative.



Les autres grands moments de la journée sont la prestation en plein soleil de Carcass et celle en clair-obscur de Wardruna.

Carcass, au travers d’un Jeff Walker heureux de jouer devant nous prend la pose avec sa basse sur la cuisse et nous fait faire un joli tour du propriétaire avec des titres de Heartwork, Torn Arteries, Necroticism: Descanting the Insalubrious et de Wake Up and Smell the… Carcass, tandis que le guitariste Bill Steer s’amuse avec sa guitare en prenant des poses que certains guitaristes de Whitesnake n’auraient pas renié.



Quant à Wardruna l’expérience est intense, la scène est sobre et la scénographie au travers de la musique joue sur des éclairages et des ambiances shamaniques.

Pour les musiques extrêmes il faut m’expliquer pourquoi des groupes comme Napalm Death, Deicide (qui joue l’album Legion en entier) et Marduk se retrouvent sur la plus petite des scènes c’est à dire la Supositor Stage ? (Il en sera de même pour Watain le lendemain). À moins que l’on prenne les fans et les musiciens de black metal pour des trous du c– ?

La prestation de Napalm est puissante mais en demi-teinte car, sans la coupe de cheveux palmier de Shane Embury on sent comme un vide autour de la mèche de Barney et des dreadlocks de Mitch.



La prestation de Deicide est assez linéaire. Les musiciens restent statiques et ne font pas bouger un Glen Benton collé à son pied de micro. Quant à la prestation de Marduk c’est la pire auxquelles j’ai assisté. Non pas à cause des suédois, mais à cause d’un ingénieur du son qui a dû s’endormir (on se demande comment) sur sa table de mixage. C’est simple, le son ressemblait à de l’electro-dub sans guitare (puisque inaudible) avec un son de batterie électronique. Une souffrance auditive intenable où un titre comme « The Blond Beast » semble être passé au travers des mains de David Guetta.



Arrivé le samedi sur le site, on remarque que la petite pluie du vendredi n’a pas eu d’emprise sur le sol. Entre vent et soleil on peut reprendre notre randonné en faisant plus de 10 000 pas/jour.


 

 


Day 3

T.T.T. les français de Tribute to Thrash (Stéphane Buriez de Loudblast (Basse/Chant),  Alexandre Colin-Tocquaine d’Agressor (Guitare/Chant), Nicklaus Bergen d’Altered Beast (Guitare/Chant) et Fabien « Speed » Cortiana d’Evil One (Drums / Vocals) nous donnent l’énergie nécessaire pour passer un excellent samedi. Comment résister d’abord à leurs sourires et leur joie de jouer ensemble des titres incontournables de l’histoire déjà longue du thrash metal. Qui est incapable de headbanguer sur « Black Magic » (Slayer), « Cross Me Fool » (Razor), « Nuclear War » (Nuclear Assault), « Flag of Hate » (Kreator), « Pounding Metal » (Exciter), « Outbreak of Evil » (Sodom), « Jump in the Fire » (Metallica), « Mad Butcher » (Destruction) ou encore « United Forces » (Stormtroopers of Death) ? La prestation termine en apothéoses où les 3 grateux (heureusement que la batteur ne s’y met pas) balancent leurs instruments dans le public tels des Exocet pendant la guerre des Malouines. Avec un souvenir de guerre impérissable pour un spectateur qui a reçu la basse de Steph dans la tête ! Rock ‘n Roll !!



Pénitence Onirique nous ouvre les portes de son église rebaptisée pour l’occasion « Massey Ferguscène ». Les masques des musiciens sont toujours aussi déconcertants. La prestation est sobre, bien ficelée avec les backdrops à l’effigie du dernier album en date Vestige sorti en 2019 chez Les Acteurs de l’Ombre Productions. On en profitera pour les interviewer dans la foulé…



Le revival du metal français est à l’honneur avec Sortilège qui dégaine en majorité les titres de son dernier album Apocalypso. Ce qui permet à Steph Buriez de rejoindre la bande à Christian « Zouille » Augustin sur « Gladiateur » jusqu’au rappel où « les choristes » de T.T.T. viennent reprendre en chœurs … le titre éponyme. On est toujours aussi impressionné par le touché de guitare de Bruno Ramos et de sa facilité déconcertante de nous sortir des solos tous plus beaux les uns que les autres avec toujours le sourire.



La surprise du jour revient tout de même à Sodom qui offre un show sublime avec un son parfait (en quatuor c’est quand même pas mal) et un jeu de lumière en veux tu en voilà. Tom Angelripper est visiblement heureux de l’effet que produit les coups de boutoir du groupe. Frank « Blackfire » Gosdzik collectionne les poses et nous sort des solos parfaitement exécutés !



le Motocultor a su relever le défis en changeant d’endroit.

La cérémonie des suédoise de Watain est parfaite : de l’allumage des candélabres jusqu’à leur extinction sous la main ignifugée d’un Erik survitaminé. Quel dommage de voir évoluer les suédois sur une scène si étriquée où parfois les musiciens se prennent les pieds dans les candélabres qui laisse peu de place au chanteur pour s’exprimer et se recueillir devant son autel.

Amenra nous emmène dans un show contemplatif où la musique joue avec notre âme, tout comme celui de Russian Circles qu’on entraperçoit dans la pénombre derrière un mur de fumigène.

Ces formations proposent plus une expérience spirituelle à leur musique qui sait jouer des silences, des accélérations et des ambiances spirituelles. Pour ces deux groupes (les belges sont plus doom et sludge tandis que les américains sont plus post-rock) le public vit un show en noir et blanc. Pas d’artifice pour en mettre plein la vue, juste la musique nous expliquant leur vision d’artiste (que l’on a tenté de décrypter lors de notre interview passionnant avec Colin H. Van Eeckhout et Tim De Gieter).



N’étant pas présent le dimanche, je vous laisse entre la plume et les yeux de Thomas Orlanth qui vous donnera ses impressions d’un festival qui a su se renouveler.

Avec ses 54 000 festivaliers et ses 64 groupes le Motocultor a su relever le défis en changeant d’endroit. On remarque aussi beaucoup plus de professionnalisme en ce qui concerne l’équipe qui s’occupe de la presse au travers de l’organisation des interviews, sans oublier des bénévoles beaucoup plus professionnels que par le passé.


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