MOTOCULTOR 2024 – DAY 3
Samedi 17 aout – Carhaix
Report & photos By Liønel Båålberith et Thomas Orlanth
Troisième jour…le samedi…
Un des événements particuliers du Motocultor est le show de Didier Super. C’est bien qu’ici que l’on peut voir ce genre de concert qui n’a, a priori, aucun rapport avec le metal. C’est mal connaître Didier, en effet, il vient sur scène en prêtre noir avec un magnifique encensoir peint en noir à partir d’une vieille boite de conserve cabossée, le tout avec un corpse paint digne d’un gribouillage d’un enfant ayant quelques problèmes de coordination. Ou d’un adulte ayant abusé de boisson, selon le point de vue où l’on préfère se placer.
« Dark Didier » nous propose d’emblée une démonstration inédite de black punk metal, qui resepcte les codes du metal extrême, avant d’enchaîner sur quelque chose de plus conforme à son style. Comme à son habitude, le public en prend plein les dents et il n’hésite pas à placer tous les poncifs et péjugés sur les metalleux. Evidemment, les spectateurs présents est bon public est applaudit à chaque insulte. Pour ceux qui n’ont jamais vu de spectacle de Didier Super, sachez que pour résumer, il s’agit de mettre en avant toutes les contradictions humaines sans hypocrisie. Ce show spécial Motoc n’y échappe pas, metalleux, homos ou sexuellement incertains, handicapés, végétariens, femmes, politiques, bref, tout le monde en prend plein la poire. Bien sûr les musiciens et choristes n’y échappent pas, et le droit du travail des intermittents du spectacle qui collaborent avec la star est totalement bafoué.
Bref, c’était vraiment super !
Didier Super, c’est en quelque sorte du second degré qui fait réfléchir. Sous couvert d’humour, tous les sujets sont intelligents, et je dirais qu’il n’y a que les cons qui ne comprennent rien. Visiblement, le public du Motocultor, ce « festival en voie de nazification d’après un torchon de gauche » comme le souligne avec pertinence Didier, fait preuve d’un humour et d’une intelligence permettant d’apprécier le show. D’ailleurs, « parce qu’il en a marre de jouer devant les privilégiés des premiers rangs », il fait une partie du concert loin derrière, juste à côté de la plateforme des PMR, dont une version mémorable de « Je n’en ai rien à foutre », avant de revenir par un magnifique slam sur le public. Bien sûr, on assiste à quelques sketchs rappelant qu’on est théoriquement devant un spectacle comique avec des chansons et non pas un concert au sens classique du terme.
Bref, c’était vraiment super !
Rüyyn
Le One Man Band de Rüyyn vient pour défendre son album II : The Flames, the Fallen, the Fury. Le corpse paint avec ce liseré doré au milieu du visage donne de l’allure aux musiciens qui nous sortent un show bien équilibré avec de l’encens sur scène à s’en étouffer et des brûloirs autour de la batterie… le guitariste chanteur déguste chaque instant de ses moments passés avec le public du Motocultor. Les autres musiciens tiennent la route en interprétant magnifiquement les titres et headbanguent sur ce black metal bien lourd, puissant et sans fioriture.
Crypta
Il y a de l’urgence dans leur interprétation quand on regarde les brésiliennes de Crypta. On adore observer les grimaces de la bassiste chanteuse Fernanda Lira devant son porte micro en forme de soleil de dagues. Avec deux albums à leur actif le public en prendre pleine la tête aec le death metal puisant des sud-américaines.
Exodus
Le chanteur d’Exodus est survolté et harangue la foule non-stop en nous pointant du doigt tout au long du set. Quant à Gary Holt il tient bien son poste et paraît content de retrouver ses anciens camarades qu’il a rejoint depuis la mise en stand-by de Slayer. D’ailleurs dans le pit photo les musiciennes de Crypta n’en rate pas une miette tant le thrash metal des américains est intense. On peut remettre le prix de l’élégance pour Gary, déjà pour sa magnifique guitare en bois mais aussi pour le dos de sa veste à patchs avec « Hell Awaits » et Exodus cousus dessus.
Jinjer
Les fans de Jinjer se font entendre et quand Tatiana Shmayluk monte sur scène le public a commencer à slammer sur le metalcore des ukrainiens. Tatiana est une bête de scène alternant les poses sur le devant de la scène dans une élégante tenue rouge sang. La setlist est équilibrée et alterne avec les titres qui ont fait la renommée du groupe. La voix de la chanteuse est assez époustouflante pouvant passer d’un growl bien caverneux à une voix claire et cristalline… ensorceleuse…
Bernard Minet
Pendant ce temps, sous la tente de la Dickinscène, nous avons droit à un show exceptionnel de Bernard Minet. Oui, c’est un peu étrange comme reconversion, mais quand on aime, on ne compte pas. Et avouons que la version metal du « Collège fou fou fou », c’est tout de même un truc à ne pas rater ! Je ne parlerai même pas de son célèbre « Bioman » où il a fait monter des cosplayers venus du public sur la scène, et qui valaient largement les originaux !
On en pensera ce qu’on voudra, mais il n’empêche que se lancer dans un show aussi physiquement éprouvant à presque 71 ans, devant un public de festival metal, cela démontre et du courage et une belle créativité. Comme quoi, les vrais chanteurs sont éternels ! En tout cas, la frange des cinquantenaires qui ont connu en live le club Dorothée et les génériques de Bernard ont dû apprécier, surtout avec ces versions metal !
Dødheimsgard
Dødheimsgard, ou DHG depuis 2000 est assez déconcertant. Il est clair que leur black metal avant-gardiste et assez théâtrale peut en étonner plus d’un à commencer par le chanteur Vicotnik qui entre en scène voilé jouant avec des bâtons d’encens. Ensuite il s’approche du rebord de la scène prêt à tomber dans le vide le regard hagard, sortant de la poudre de ses poches ou tente d’escalader les structures de la scène mais rebroussant chemin assez rapidement. Il roule par terre, se promène à quatre pattes. Entre cavalcade black metal, moments prog et plages déconcertantes le show est difficile à appréhender.
La formation britanique des Architecs a fait plaisir à toute cette frange du public qui apprécie le metalcore. Et visiblement ils sont nombreux.