Le New Morning fait sa rentrée tout en douceur, après une trêve estivale, en accueillant Sharon Robinson. Si vous ne connaissez pas, la chanteuse évolue dans un style jazz crooneuse, est réputée pour avoir écrit pour Diana Ross, les Pointer Sisters et a énormément collaboré avec Léonard Cohen, notamment sur son album ‘Ten New Songs’ mais aussi sur la route.
Ce soir elle se présente seule face à une salle en configuration assise qui reçoit un public assez mixte, quarantenaire et au-delà, somme toute peu nombreux. On ressent un calme et une tranquillité certains. La tournée s’appelle d’ailleurs ‘An Intimate Evening with Sharon Robinson’.
La configuration est parfaite dans ce contexte et c’est une soirée effectivement plutôt intime qui aura lieu rue des petites-écuries avec une américaine toute en discrétion et en élégance face à un public réduit.
20h14, une grande jeune fille entre en scène, toute de noire vêtue : Flora, artiste israélienne qui ouvre donc le bal avec ‘Time’. Le New Morning découvre sa pop électro assez froide, nappée de synthé et soutenue de boites à rythme et autres bruitages divers. La voix très éthérée n’est pas sans puissance et les morceaux contiennent pas mal de vocalises. On verrait bien l’artiste sur la scène Pression Live de Rock En Seine.
A la fin du deuxième titre, la jeune femme se présente, demande au public s’il n’est pas surpris de voir une première partie avant d’expliquer que pour elle, il s’agit bien d’une surprise puisqu’elle n’a été au courant que la veille. Elle espère que cela sera une agréable surprise pour tout le monde, elle comme le public.
‘Fight’, ‘This is Happening’ continuent l’exploration de cet univers planant où l’artiste ne cesse de trafiquer des boites, de lancer d’étranges sons électroniques. ‘It’s A lie’ la verra toutefois utiliser un tom de batterie !
Un discret « Thank you very much » clôt une prestation d’une petite demi-heure que le public aura applaudie. Pas sûr toutefois que ce premier contact ait permis aux spectateurs d’appréhender l’univers de l’israélienne, très loin de ce que propose la tête d’affiche.
Le changement de plateau s’opère laissant la scène avec un piano à queue, un synthé, une console avec ordinateur et une petite caisse à rythme.
Peu avant vingt et une heure, Sharon Robinson entre sur scène, seule, et démarre avec ‘Invisible Tattoo’ issu de son album Everybody Knows.
Sharon dira son plaisir de revenir à Paris avant de lancer le premier morceau de son nouvel album, le titre éponyme ‘Caffeine’.
En ce début de concert, l’artiste montre une présence indéniable, sa voix chaude vous interpelle, vous caresse. Pour ne rien gâcher le son est plutôt bon.
‘A thousand kisses deep’ fera partie des titres joués ce soir appartenant au répertoire de Léonard Cohen dont l’histoire de Sharon est indissociable. Le clavier se donne des airs de guitare, une boite à rythme entre en jeu et le son de basse n’est pas très bon. L’arrivée, même virtuelle, d’autres instruments amène une variété bienvenue à ce stade du récital.
‘Strong for me’ écrit pour quelqu’un de très proche ainsi que le précisera l’américaine est le titre suivant, toujours soutenu par une boite à rythme. Et l’on se dit qu’elle est un peu trop mécanique et forte. Trop froide, elle tranche avec la chaleur de l’ensemble. Un vrai batteur aurait toute sa place.
Jusqu’à présent debout derrière son clavier, Sharon s’assoit, se saisit de sa caisse à rythme (espèce de cajon) pour enregistrer une boucle qui soutiendra l’agréable ‘Summertime’, chanson applaudie par un public de connaisseurs qui apprécie la prestation. Et Sharon de demander aux spectateurs si tout se passe bien avant de parler de l’EP de reprise qu’elle a enregistré avec entre autres ‘Way Down In The Hole’ de Tom Waits. Titre qu’elle fabrique en direct.
Une boucle avec les doigts en rythmique, une autre avec sa voix pour un instant magique proche du gospel. Gros succès auprès des spectateurs qui se chauffent enfin.
Dommage, la chanteuse fait une pause de dix minutes.
Le retour se fera au piano à queue avec ‘High Road’ puis avec le très beau ‘Driftwood’, morceau qui fonctionne très bien. Voix chaleureuse, piano agréable, il se dégage une sacrée puissance de cette simplicité. Le public ne s’y trompe pas et salue la qualité de l’interprétation.
Sharon retourne à son orgue pour un gros son de basse sur laquelle elle pose une voix tout en murmures, bases du morceau sur lequel elle chante. Le titre est envoutant, vous emmène ailleurs ; il s’agit de ‘The Letters’, autre morceau issu du répertoire de Leonard Cohen.
La chanteuse est élégante, en noir, brushing impeccable, boucles d’oreille, charmante. Elle explique que son prochain titre, ‘Safe’, lui est venu dans un avion lors des tournées avec Leonard. Retour de la boite à rythme. Définitivement, elle jure dans le décor, trop forte, trop mécanique, trop présente. Une vraie section rythmique emmènerait cette soirée tellement plus loin !
Avant ‘Back On Boogie Street’, elle expliquera combien elle a été chanceuse de collaborer avec Leonard Cohen, en particulier sur l’album ‘Ten New Songs’. Issu de cet album, ‘Alexandra Leaving’ sera largement applaudi par le public.
Mais le dernier titre arrive. Sharon dit l’importance qu’elle donne à la famille et aux amis en ajoutant qu’elle considère les spectateurs comme ses amis. Même si cela peut apparaître un peu démagogique, une réelle sincérité transparaît de ses propos.
‘Everybody knows’ clôt le concert avant une courte pause rappel et un ultime titre. Il est 22h30 et la chanteuse quitte la scène sous les applaudissements mérités du New Morning qui aura été séduit par le charisme, la gentillesse et les sourires de l’américaine.