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IRON MAIDEN – Senjutsu


IRON MAIDENSenjutsu

Sortie le 3 septembre 2021

Bruce Dickinson : Chant
Steve Harris : Basse
Nicko McBrain : Batterie
Adrian Smith : Guitare
Dave Murray : Guitare
Janick Gers : Guitare

 !!! AVERTISSEMENT !!!

Cette « chronique » est en 2 parties :

-La première, à lire si vous voulez un avis basique sur l’album, travaille le consensus au corps.

-La seconde démontre que les chroniqueurs ça ose tout : c’est même à ça qu’on les reconnaît.

On vous aura prévenus.

Partie 1 :

Notes pour la chronique :

-Le nouvel album d’Iron Maiden. Leur 17eme. Comme le précédent, est double.

Steve Harris a composé 4 morceaux épiques, tous autour des 10 mn.

-La production fait grincer des dents.

Smith-Dickinson travaillent très bien ensemble.

-Le groupe n’avait jamais mis aussi longtemps entre 2 disques studio, mais les 2 sont doubles et il y a eu le covid (l’album est prêt depuis 2019)

-L’illustration de la pochette et dans l’esprit de la précédente : Eddie sur fond noir.

-Il est dans la lignée de leurs travaux depuis la réformation (soit plus de 20 ans !), avec des morceaux longs et un peu d’innovation mais pas trop. (Je le place qualitativement dans la moyenne très haute de cette période aux cotés de « A Matter Of Life and Death »)

Bruce a bien supporté son opération et chante merveilleusement bien. Il utilise tout son potentiel sur ce disque, son chant est très varié.

Je brosse un peu autour de ces idées, et je suis tranquille.

Ça me place du côté de ceux qui ont aimé l’album, d’autres ont été déçus mais reprennent au moins en partie les arguments ci-dessus. Simplement, dans l’autre sens. 

Bon. Si vous avez cherché un peu, vous avez déjà lu ça des dizaines de fois un peu partout, sur le net ou dans les magazines. Et je ne parle que pour la partie francophone… 

Mais voilà. Il y a 35 ans, ce groupe a changé ma vie. Et je refuse de m’arrêter à quelques poncifs enrobés dans la sauce pour les rendre digestes (avec vos frites, mayo ou ketchup?). 

Je tente donc quelque chose d’autre…



Partie 2 :

Dans l’histoire, il y a toujours eu des tacherons, plus ou moins habiles, mais néanmoins des tacherons. (je joue moi-même dans des groupes de reprises, et sans fausse modestie, j’en fais partie, et plutôt en bas de l’échelle). Et puis les Créateurs. Les Inventeurs. Ceux qui ont changé les choses.

Même si votre prof de philo est sympa, cultivé et compétent, ça ne fait de lui ni Socrate, ni Spinoza.

Dans le domaine de l’art, certains créateurs ont un impact permanent. Leur influence se défie quelque peu du temps qui passe.

Il n’est pas besoin d’aimer les Beatles pour comprendre le poids qu’ils ont eu et qu’ils ont encore sur la musique aujourd’hui. Dans des styles différents, Kraftwerk ou Pink Floyd, par exemple, ont également écrit l’histoire.

Or, tous ces artistes ont un point commun : Ils font ce qu’ils veulent. Les avis divergents, les commentaires divers -négatifs ou pas-, les modes, peut leur chaut.

Ils créent. C’est tout. En suivant leurs envies. Nous ne sommes pas dans le produit de grande consommation mais dans l’art. (nombre de grands artistes sont mort anonymes et ruinés).

A mes yeux (et plus encore à mes oreilles), Maiden est de cette engeance.

Quand j’écoute Powerslave, puis à peu près n’importe quel autre album sorti la même année (1984), il y a un hiatus clair. Contrairement aux autres, je ne peux le dater. Il me semble intemporel.

Les deux reproches que j’entends le plus souvent concernant les anciens groupes qui sortent un nouvel album sont :

1 – c’est toujours pareil.

2 – c’est plus comme avant.

Antinomiques ? Assurément. Drôle, également.

En regardant le verre à moitié plein, je transformerai ça en : « le groupe affiche une belle continuité tout en faisant évoluer son propos par touches d’expérimentation »

C’est ce parfum d’éternité (If Eternity Should Fail ?) qui ressort à l’écoute de Senjutsu. Et l’éternité me semble absurde sans liberté.

Le son de l’album est fréquemment remis en cause, comme celui de tout ceux produits par Kevin Shirley pour le groupe. Soit. Sauf que je déteste la majorité des production actuelles, où tout est compressé jusqu’à la nausée et où les voix sont auto-tunées (auto-thunées ?) à outrance. Le son est ici plus naturel.

Les morceaux (de Steve Harris particulièrement) se voient reprocher leurs longues durées et leur aspect répétitif.

Mais outre le fait que je le groupe a fait pire par le passé en ce qui me concerne (de The Angel and The Gambler à The Red an The Black en passant par Blood Brothers, dont je trouve l’intro interminable), sommes-nous si pressé que ça se termine ? L’histoire de Death of The Celts, n’autorise-t-elle pas de prendre le temps de poser l’ambiance ? Est-ce si grave de prendre quelques instants pour s’immerger dans l’univers proposé ?

En cet époque d’accélération permanente (lire à ce sujet Hartmut Rosa) où on fait plusieurs choses à la fois – comme être le nez dans son téléphone en regardant un film par exemple – n’est-il pas profitable de se poser quelques instants, de se laisser porter par ce qu’on entend, et de s’autoriser une véritable immersion dans l’œuvre ?

Maiden n’a jamais suivi les modes. Ils sont même généralement à contre courant.

Maiden est un de ces groupes qui ont changé les choses.

A l’époque du punk, le groupe des débuts s’oriente vers la technique instrumentale et les morceaux à tiroirs.
Leur seul titre d’obédience un tant soit peu thrash est sorti en 1992 (Be Quick Or Be DeadFear Of The Dark), soit quand le mouvement commence à décliner (au moins commercialement).

Le grunge ? Que nenni. L’indus ? Pas plus.

Jamais dans la mode, on vous dit.

Du coup, quand tout s’accélère, le groupe ralenti (un peu) et rallonge (beaucoup).

Contre la téléportation, un voyage en calèche.

Il faut bien plus de temps, mais les couleurs, les parfums, les nuances dans les variations qui titillent vos sens, tout un monde s’ouvre à vous, tellement plus riche.

6 ans d’attente, 72 mois, pour 80 minutes de musique. Et vous trouvez ça trop long ?

Il parait que le groupe n’innove plus.

17 albums en plus de 40 ans, avec un fil conducteur constant, et d’un coup vous espérez de l’electro-polka-grunge, alterné avec de la composition dodécaphonique minimaliste et des chants tribaux en klingon ?

Soyons sérieux…

J’ai écouté Senjutsu assis, au calme, casque sur les oreilles et textes sous les yeux. Et j’ai trouvé le voyage merveilleux. J’avais beaucoup aimé Book Of Souls (2015), mais je trouve celui-ci plus équilibré, pas de morceau faible à mes oreilles.

Maiden est un de ces groupes qui ont changé les choses. Après plus de 40 ans de carrière, un nouvel album suscite toujours les passions.

Vous avez le droit de ne pas aimer, mais accordez au moins à cet album le temps d’une véritable écoute posée. Si possible avec les paroles, qui sont une vraie valeur ajoutée (comme très souvent chez eux).

Ensuite, vous aimerez, ou pas. Mais vous aurez au moins pris le temps de vous forger un avis un peu plus objectif. C’est toujours ça de pris.

Cette stratégie s’est avérée gagnante pour moi.


Tracklist
01  – Senjutsu
02  – Stratego
03  – The Writing OnThe Wall
04 – Lost In A Lost World
05 – Days Of Future Past
06 – TheTime Machine
07 – Darkest Hour
08 –  Death Of The Celts
09 – The Parchements
10 – Hell On Earth

 


 

 

 

 

 

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