CRYPTOPSY – An Insatiable Violence
Sortie le 11 juin 2025
Cryptopsy nous prouve qu’ils sont bien à leur plus haut niveau.
Le romancier canadien André Mathieu a écrit : “En poésie, c’est la souffrance qui est féconde”. En Metal, il en est de même surtout quand on s’appelle Cryptosy.
Après s’être cherché, passant du Death Grind au Death Core à l’atmosphère oppressive pour arriver au Death Metal Technique, ayant changé de nom 4 fois en 4 ans, passant de Obsessive Compulsive Disorder, Necrosis et Gomorra, les Montréalais sortent leur première démo en 1993 puis le fabuleux premier album, Blasphemy Made Flesh en 1994, pour réitérer deux ans plus tard avec le nom moins génial Non So Vile.
Les deux opus suivants verront l’âge d’or du groupe pendant lequel Mike DiSalvo posera sa voix sur les compositions. Son départ, en 2001, sera le début de difficultés, 3 albums en 7 ans, deux Ep réunis plus tard dans une compil… Rien de bien fantastique… Jusqu’en 2023, et As Gomorra Burns. Cryptopsy se remet sur pied avec un réel premier album au line-up fixe depuis 2012.
En effet, la souffrance s’est également faite sentir par un défilé de musiciens qui sont allés et venus. Et le nombre est impressionnant : de 1992 à aujourd’hui, il est passé 3 chanteurs, 9 guitaristes, 4 bassistes, et une organiste. Finalement, Flo Mounier est le seul rescapé de l’aventure initiale. Le batteur est désormais entouré de Christian Donaldson, le guitariste, Olivier Pinard à la basse et de Matt McGachy, à l’écriture et derrière le micro.
La souffrance continue de sévir avec le décès en 2024 de l’ami Martin Lacroix, ami, chanteur du combo de 2001 à 2003, devenu tatoueur et artiste. L’hommage du groupe se concrétise par l’artwork de ce nouvel album qui est l’une de ses œuvres. Aucune modification n’a été apportée à ce personnage malsain composé de camaieu gris sur fond noir avec surtout la signature de Martin bien en évidence.
An Insatiable Violence est l’album de la remise sur pied définitive de Cryptopsy. La souffrance passant uniquement dans l’écriture.
Season of Mist déploie ce neuvième opus à partir du 20 juin 2025 sous forme de cd, vinyle noir et transparent marbré turquoise limité à 200 exemplaires.
Il s’agit d’une suite logique du précédent As Gomorra Burns. Les huit titres de Death Metal ultra technique ont été enregistrés, mixés et masterisés par Christian Donaldson dans ses propres studios.
Les textes sont fleuves, les titres assez courts, ce qui a poussé Flo dans ses derniers retranchements.Le parolier Matt McGachy dresse un constat de la société actuelle qui n’a jamais été aussi effrayantes, entre réseaux sociaux et suicides, à travers l’allégorie d’un créateur fou d’une machine de torture dont les suppliciés raffolent.
The Nimis Adoration est le premier exemple de souffrance volontaire puisque le titre traite de cette Coréenne morte en direct après avoir ingéré des tonnes de nourriture sur internet.
Et ça tape dans le dur immédiatement avec cette batterie hyper rapide mise en avant sur le growl de Matt. Until Theres Nothing déboule avec son chant hurlé et un rythme changeant pour s’orienter vers une “lenteur” relative et malsaine à mi-morceau, laissant la part belle aux cordes.
Une alternance de growls et de cris caractérise le début de Dead Eyes Replete. Le titre se montre un poil plus modéré que les deux premiers… Courte pause qui laisse la violence déferler pendant Fools Last Acclaim.
The Art Of Emptiness se démarque par une voix grave introductive pour laisser la place aux hurlements. Le morceau est plus mélodieux mais on ne parlera pas pour autant de douceur. Our Great Deception est dans la même lignée avec son intro posée et son mid-tempo.
Embrace The Nihility est un exemple de technicité Death Metal avec en prime, un Mike DiSalvo en guest.
Enfin, Malicious Needs achève l’ouvrage par sa rapidité d’exécution et la maestria du chanteur.
La souffrance n’est rien, la souffrance est utile, la souffrance est belle est nécessaire. Pendant 34 minutes de pure violence, de growls, cris, gros riffs et blasts dépassant la vitesse de la lumière, Cryptopsy nous prouve qu’ils sont bien à leur plus haut niveau.
Selon Sivi, le poête angolais, “Après la souffrance vient la gloire”. C’est tout ce qu’on leur souhaite.