THERION – Leviathan
Sortie le 22 Janvier 2021 via Nuclear Blast
Écouter un nouvel album de Therion ? C’est exploration en terre inconnue chaussé de vieilles pantoufles confortables.
Il y a la part connue, en amorce dans l’album précédent, omniprésente depuis Theli, de ce mélange de chœurs lyriques puissants et de systèmes rythmiques guitare/basse/batterie jamais violents mais toujours dynamiques, souvent sautillants, et terriblement entrainants.
Et puis il y a la zone grise, ou l’on trouve un (très) long album conceptuel, pensé comme une musique de film, mais pour un long métrage qui -à ce jour- n’existe pas (Beloved Antichrist – 2018). Ou, plus surprenant encore, Les Fleurs Du mal (2012), recueil de chansons françaises des années 60 et 70, pour certaines même pas très connues par chez nous.
Quelle direction allait prendre Christofer Johnsson, tête pensante du groupe ?
Dans les interviews données avant la sortie de l’album, il a été clair : « on a fait un album dans l’optique de faire plaisir aux fans ». Dans la catégorie casse-gueule, ça se pose là. Sauf que. Oui. Le monsieur a du talent.
Pour ce premier album « classique » de Therion depuis le -en demi-teinte à mon gout- Sitra Ahra de 2010, il a mis les petits plats dans les grands. Et il a eu l’intelligence d’ouvrir, un peu plus que d’habitude semble-t-il, la porte aux autres.
Le démarrage de The Leaf On The Oak Of Fear est frontal, sans introduction grandiloquente, mais au contraire avec un riff très direct. Sur ce riff vient se greffer une voix féminine vocodée (Rosalia Sairem). 15 secondes, 2 surprises. (Finalement au fil des écoutes, cette voix ne s’avère nullement gênante et s’intègre même plutôt très bien à l’ensemble. Et puis, ce n’est guère que sur une chanson).
Puis rentre la voix masculine plus typiquement metal mais néanmoins excellente de Thomas Vikström, le temps de 2 vers. Arrive le refrain, les chœurs attendus nous emportent (avec au passage un clin d’œil à To Mega Therion).
Le second morceau, Tuonela (rien à voir avec Amorphis), et premier simple issu de l’album sonne comme du … Therion. Mid-tempo puissant, avec un Marko Hietala (ex !? Nightwish) en invité de luxe qui se montre convaincant et dont la voix hargneuse colle bien à l’ensemble.
Je vais éviter un fastidieux titre à titre intégral, mais ce qui ressort de cet album, c’est une écoute confortable sans lassitude au fil du temps, le travail ayant été manifestement plus collectif que par le passé, chacun amenant sa part de créativité. Je ne trouve, chose rare, aucun temps faible (de l’avantage de faire un disque de 45 mn -hors bonus- et d’éviter le remplissage, mais c’est un autre débat).
C’est un album qui sonne comme du Therion classique, mais qui fourmille de petites idées qui enrichissent l’écoute et auquel les chanteurs invités ont apporté une vraie diversité.
Premier opus d’une trilogie dont chaque volet aura sa ligne directrice (des morceaux directs pour celui-ci, en ambiance pour le deuxième, et à priori très expérimentaux pour le dernier, les deux prochains étant annoncés pour 2022), ce premier album m’a, vous l’aurez compris, pleinement convaincu.
Écouter un nouvel album de Therion ? C’est exploration en terre inconnue chaussé de vieilles pantoufles confortables. Mais en mieux : on évite les ampoules.
01. The Leaf On The Oak Of Far
02. Tuonela
03. Leviathan
04. Die Wellen Der Zeit
05. Aži Dahaka
06. Eye of Algol
07. Nocturnal Light
08. Great Marquis of Hell
09. Psalm of Retribution
10. El Primer Sol
