PARADISE LOST – Obsidian
Sortie le 15 Mai 2020
Si je devais faire découvrir Paradise Lost à un néophyte aujourd’hui, je passerais sans doute par cet Obsidian.
Comment recevoir le 16ème album d’un groupe de la dimension de Paradise Lost ? Le monolithe poisseux qu’était Medusa (2017), le précédent effort du gang d’Halifax, fut accueilli différemment selon les auditeurs.
Soit, comme dans mon cas, ce fut une immersion totale dans l’atmosphère boueuse de l’œuvre, nous plongeant avec délice dans quelque chose se rapprochant des débuts du groupe, mais avec une maîtrise bien supérieure de leurs instruments respectifs, et évidemment le coté juvénile en moins (selon votre perception de la musique, ce dernier critère peut être un défaut ou une qualité).
Soit la linéarité de l’ensemble heurte votre sensibilité et vous rend l’adhésion plus difficile (cf. chronique sur ce site).
Cet Obsidian (2020) se situe-t-il dans la lignée de son prédécesseur ? Oui… et non.
Paradise Lost n’a jamais sorti 2 fois de suite le même album (le débat autour de Icon / Draconian Times est toujours ouvert, néanmoins le cap populaire que ce dernier a fait passer au groupe le place un peu à part en ce qui me concerne, comme une relecture plus « grand public » réussie de l’album précédent), mais a connu des ruptures plus ou moins marquées d’un album à l’autre.
A ce titre, comme les voix claires de One Second qui ont fait l’effet d’un tremblement de terre à l’époque mais qui permettaient de tourner une nouvelle page après Draconian Times, Obsidian paraît être la réponse Gothique à l’aboutissement doomesque de Medusa. On retrouve bien certaines ambiances de ce dernier, mais disséminées sporadiquement au fil de l’opus.
Ce nouvel album, sans être joyeux – on parle bien de Paradise Lost – est plus lumineux. Le mélange de voix claires à la One Second (1997) et de ce growl peu puissant mais si personnel de Nick Holmes fait mouche, et apporte un peu de cette clarté. Il y a aussi, au fil de l’album, des mélodies que l’on se surprend à fredonner après seulement 2 ou 3 écoutes, et qui s’encrent bien profondément dans votre crane. L’album synthétise habilement les différents savoir-faire acquis au fil de 30 ans de carrière, et ressemble finalement à un oxymorique best-of composé de nouveaux morceaux.
Le groupe pioche au fil de sa prolifique carrière et varie les ambiances comme rarement. Cela lui offre une diversité rare, autorisant de multiples écoutes sans lassitude aucune, même si inévitablement les puristes de la dimension doom du groupe se verront moins servis qu’avec Medusa.
Si je devais faire découvrir Paradise Lost à un néophyte aujourd’hui, je passerais sans doute par cet Obsidian.
Un dernier mot concernant le line-up : si le quatuor à cordes (guitares/basse/chant) est le même depuis les débuts du groupe, remarquable stabilité, il y a eu plusieurs changements de batteurs. Le dernier arrivé, un jeunot du nom de Waltteri Väyrynen (né entre la sortie d’Icon et celle de Draconian Times !), enregistre ici son deuxième album avec le groupe. Et son travail est remarquable. Il insuffle une belle énergie aux morceaux (Paradise Lost étant un groupe à l’indice de violence assez faible…), avec des parties de batterie pas forcément très compliquées, mais toujours justes.
En ce qui me concerne, un album majeur de 2020, et un nouveau sommet dans la carrière d’un groupe, qui n’en manquait déjà pas.
Tracklist:
1. Darker Thoughts
2. Fall From Grace
3. Ghosts
4. The Devil Embraced
5. Forsaken
6. Serenity
7. Ending Days
8. Hope Dies Young
9. Ravenghast