Among The Living
Interview

Entretien avec Biff BYFORD, chanteur de SAXON

Entretien avec Biff BYFORD, chanteur charismatique de SAXON qui se livre à nous à l’occasion de la sortie de leur dernier album Thunderbolt.



SAXON rend hommage à MOTÔRHEAD


Thunderbolt est le 22e album studio de Saxon avec un certain retour aux sources avec un son plus heavy et speed metal. Comment avez-vous appréhendé l’écriture de cet album ?

Grosso modo de la même manière que l’album précédent. Il n’y a pas eu de gros changements, Nibbs le bassiste et moi avons travaillé ensemble sur les idées de base en partageant des chansons, Il n’y avait pas vraiment de plan établi, nous ne voulons pas devenir prévisibles nous voulons continuer à faire de bons albums sans ressembler à qui que ce soit ou à ce que l’on a fait avant. Je trouve que cet album sonne plus britannique que le précédent, il y a une dimension NWOBHM. Mais comme je te disais, nous n’avions pas de plan ou d’intention précise, Il n’y a pas eu de véritable changement dans notre manière de l’appréhender par rapport aux quatre albums précédents.

La chanson They Played Rock n Roll rend hommage à Motörhead et à Lemmy, quel héritage a-t-il laissé à votre avis ?

Je pense que l’héritage de Motorhead que Lemmy a créé dans les années 70 c’était une bonne chose pour Saxon puisque nous avons fait notre première tournée avec eux, c’est de ça que parle la chanson. Je pense qu’il est sérieux lui de la bonne musique que beaucoup de gens autour du monde apprécient et apprécieront toujours, il fait partie de ce club très fermé de ceux qui ont écrit des chansons iconiques. Ça fait partie de l’ADN du rock‘n‘roll, c’est ça l’héritage qu’il laisse. Je pense qu’il était toujours à 100 %, il a toujours vécu à 100 %, tous les mecs du groupe. Fast Eddie est décédé la nuit dernière, mais ils ont tous laissé un très bel héritage.

Il y a un autre hommage sur cet album, aux roadies avec la chanson Roadie’s song. Cela semble important pour vous de rendre hommage à ceux qui sont dans l’ombre.

Pour te dire la vérité, je ne voulais pas mettre cette chanson sur l’album. C’est une chanson qui sonne très années 80, Avec une atmosphère joyeuse, donc c’est un peu étrange de sortir ça aujourd’hui, et le groupe ne voulait pas la mettre sur l’album. Mais ce qu’il s’est passé c’est que ma famille a écouté cette chanson et l’a trouvée super. Ils m’ont dit « mais tu es stupide, tu devrais mettre cette chanson sur l’album, le refrain génial ! ». C’est comme ça qu’on a fini par la mettre sur l’album, ça s’est vraiment fait dans un deuxième temps.
Pourtant c’est une chanson que j’adore, je pense qu’en vérité, j’avais écrit les paroles pour mon album solo, mais ça reste une chanson de groupe que l’on a écrite tous ensemble, le riff par exemple vient de Doug Scarratt.

Pendant la première partie de la tournée européenne, vous ne passez pas en France, pourtant vous passez dans des pays frontaliers comme l’Allemagne. Savez-vous pourquoi ?

Dans la première partie effectivement nous n’avons pas le temps de passer dans tous les pays, mais nous viendrons en France en octobre. Pour cette première partie de tournée nous n’avons pas eu l’opportunité de jouer Paris, mais je sais que les promoteurs de notre tournée ont l’intention de nous faire jouer en Espagne, en France, et dans les pays de Scandinavie plus tard dans l’année.

Au Royaume Uni les premières parties sont Diamond Head et Rock Goddess, savez-vous qui ce sera pour le reste de la tournée ?

Nous sommes en pourparlers avec différentes personnes, je ne peux donc pas trop te dire qui ! (Rires) nous voulions partir en tournée avec Krokus, mais ils ne joueront pas de concert cette année, donc pour l’instant je peux seulement te dire que c’est en train de se décider, mais je suis désolé je ne peux pas en dire plus. Mais ce sera super !

Comment travaillez-vous ensemble dans le groupe, est-ce que vous vous rencontrez en dehors des tournées, en période de composition, vous rencontrez-vous fréquemment pour composer ensemble ou le faites-vous à distance ?

Pour ma part, j’écris beaucoup de paroles et de mélodies tout seul, j’ai mon propre studio et ça facilite les choses pour moi de travailler de chez moi. En fait, nous développons des idées chacun de notre côté jusqu’à un certain stade, et ensuite nous partons en studio. C’est là que nous sommes tous réunis ensemble et que nous finalisons les compositions, c’est comme cela que nous fonctionnons. Aujourd’hui, avec toutes les technologies digitales, c’est très facile de travailler de chez soi jusqu’à un certain stade, mais je pense qu’à un moment, il faut réunir tout le groupe et jouer en live. Les nouvelles technologies n’ont fait que de retarder ce moment en fait.

Avec le recul, y a-t-il un album ou une chanson que vous ne referiez pas ou pas de la même manière si c’était à refaire ?

Oui, en fait je pense qu’il y a quelques albums que je referais différemment. Bien sûr, c’est de la pure théorie, parce que tu ne peux pas revenir en arrière et changer le cours des choses. Je pense à Destiny par exemple, je pense que l’on pourrait faire du meilleur boulot sur cet album. Mais il faut dire que l’alchimie au sein du groupe était différente à ce moment-là, et donc l’album est un reflet de ce que nous étions à ce moment précis. Nous sommes un groupe très honnête musicalement parlant, comme je te le disais nous ne sommes pas vraiment prévisibles, et n’avons pas de plan. Donc si il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au sein du groupe, mécaniquement ça se répercute sur la musique. Je pense que je ferais Destiny de manière plus heavy. Je ne pense pas que je changerais grand-chose d’autre, mais j’ai le sentiment que cet album est un peu un point faible dans notre carrière. Mais après, cela nous a aussi permis de rebondir et d’être là où nous sommes maintenant.

Comme vous le disiez, Saxon est un groupe authentique, mais aussi un groupe fidèle. Vous êtes fidèles à votre son, à votre public, à votre entourage. Est-ce que c’est quelque chose qui vous caractérise personnellement ?

Oui je pense, je pense que c’est important pour moi de rester en contact avec les fans, de faire des tournées, je pense que c’est en concert que la musique prend vie, c’est formidable, c’est la seule façon de vraiment découvrir un groupe. Voir un groupe jouer son dernier album en concert est une très belle façon de les découvrir ou de les redécouvrir. Je m’assimile un peu à Lemmy. Tout est fait pour les fans et le rock‘n’roll.

En parlant des fans, vous passez beaucoup de temps sur la route, avec le temps serait-ce plutôt devenu une addiction ou une contrainte ?

C’est mon boulot ! C’est ce que nous faisons, je suis musicien professionnel depuis 50 ans, c’est mon boulot, c’est ce que je fais. C’est ce que les gens attendent de moi, et j’aime ce boulot. Bien sûr j’ai aussi une famille, donc il faut trouver le bon équilibre entre la famille et les tournées et le groupe. Lemmy n’avait pas une femme des enfants et trois chiens qui l’attendaient à la maison. C’est ça la différence pour moi. Tu dois gérer les priorités dans ta vie telles qu’elles se présentent. Tu dois continuer de rouler ta bosse et essayer de survivre.

Biff byford

Quel est le secret de votre longévité en tant que groupe et en tant qu’individu ?

(Rires) Je ne sais pas vraiment pour être honnête, mais je pense que pour le groupe ça vient du fait que nous avons une majorité de bons albums et que nous avons beaucoup joué de concerts et que nous avons une belle relation avec notre public. Il y a aussi cette attitude anglaise qui fait que tu ne renonce jamais. Ça se manifeste de manière très forte chez nous. Je pense que c’est pour ça que les groupes anglais ont toujours dominé la scène rock n roll a travers les années.

Et à titre personnel ?

Je pense que le fait de ne jamais renoncer, comme je te le disais, ça s’applique bien à moi. Toujours essayer. Ne jamais avoir peur de prendre des risques. C’est de la musique, ce n’est pas censé être confortable !

Quel est votre regard sur le contexte actuel dans l’industrie musicale ?

Je pense qu’en ce moment, pour un nouveau groupe, il n’y a pas beaucoup de petites salles, tout particulièrement en Angleterre où elles ont toutes fermé. Ça m’attriste beaucoup, car plus il y a de petites salles, plus il y a un terreau fertile pour de nouveaux groupes et de nouveaux talents. La plupart de la musique rock anglaise ne vient pas des universités et des conservatoires. Elle vient des rues, des petits clubs, des bars où on joue gratuitement.
Je ne sais pas ce qu’il en est en France, mais au Royaume-Uni la situation est très mauvaise, et aux États-Unis c’est très problématique également. Je pense que ce n’est pas bon qu’il n’y ait que des salles payantes, il devrait y avoir des bars où les groupes jouent gratuitement, et où les gens peuvent rentrer juste par hasard et découvrir un nouveau groupe.
Mon fils est dans un groupe, ils n’ont que 19 ou 20 ans, mais ils galèrent déjà pour trouver des dates gratuites.
Je pense qu’il devrait y avoir plus de salles gratuites, quitte à ce que le gouvernement subventionne ces salles.

Vous avez vécu en France avant de retourner au Royaume-Uni.

C’est vrai !

Pensez-vous que si un jour Saxon s’arrête vous reviendrez vivre en France ?

Non ! Parce que vos impôts me rendent dingue ! (Rires). La véritable raison pour laquelle j’ai quitté la France, c’est parce que la grand-mère de mon épouse est décédée. Et comme ses parents sont âgés, elle voulait se rapprocher d’eux. La deuxième raison, c’était les impôts et le système de santé. Le système français est vraiment dingue. Je ne pouvais pas être couvert par la sécurité sociale donc je payais de ma poche tous mes soins. Je n’étais pas un musicien français, et comme n’étions pas un groupe très connu en France, ils ne m’ont pas donné le statut de musicien. Cela me coûtait donc beaucoup d’argent chaque année puisque j’ai quatre enfants. Il en va de même pour le système d’impôts, votre système est vraiment dingue ! (Rires) Donc au bout du compte, ça me coûtait cher de vivre en France ! J’adore la France, mais je ne peux pas payer pour vivre ici ! Ce sont eux qui doivent me payer pour vivre ici, pas l’inverse ! (Rires)

Je vous avais déjà rencontré en interview il y a quelques années, et vous portiez déjà ce pendentif Saxon. Il ne vous quitte donc jamais ?

Oui, Paul Quinn et moi le portons… enfin tous les membres du groupe le possèdent, mais seuls Paul et moi le portons de manière visible. Les autres ne le trouve probablement assez cool pour l’arborer ! (Rires) Nous avions fait faire ces colliers il y a bien longtemps par une entreprise londonienne qui s’appelle Great Frog. Si les fans en veulent un, ils le peuvent. Un grand nombre de fans ultimes de Saxon en ont un.

Vous ne l’enlevez jamais ?

Non, il reste toujours sur moi, je porte parfois différents colliers, mais celui-là, je ne l’enlève pas.

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