Among The Living
Interview

Entretien avec Rémy chanteur du groupe SWARM

En Janvier dernier nous avons rencontré Rémy, chanteur de SWARM, pour causer de leur dernier album Anathema

Antoine Chapet (Lead Guitar)
Rémy Pauck (Lead Vocals)
Mikael Gentili (Bass Vocals)
Anthony Trillaud (Batterie)
Matt Bankowski (Guitar rythmique, Lead Guitar, Vocals)


 

swarm


Bonjour, pourrais-tu s’il te plait te présenter rapidement ?

Bonjour, nous somme Swarm. Nous venons des Alpes Maritimes (06), d’Antibes plus exactement. Nous existons depuis 2014/2015. Nous sommes cinq : deux guitaristes (Antoine et Matt), un chanteur (Rémy), un bassiste (Mikael) et un batteur (Anthony). Nous avons sorti un premier album en 2017 qui s’appelle « Division and Disharmony ». Nous avons sorti trois clips et nous avons fait deux tournées en France. Là nous avons sorti notre deuxième album en 2019 « Anathema ». Nous avons eu un petit changement de line-up entre les deux albums ; » le guitariste a changé. Nous avons déjà fait une première tournée avec cet album et nous venons de sortir un nouveau clip.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire du rock et plus particulièrement du metal plutôt qu’autre chose ? Quel est ton cursus musical ?

Déjà mes parents écoutaient du rock donc évidemment cela aide et cela m’a éveillé à ce style de musique. Ensuite, arrivé à l’adolescence j’ai commencé un peu naturellement à m’intéresser au metal et à découvrir des groupes grâce à internet. Du coup petit à petit j’ai fini par me mettre à fond dedans et à commencer à jouer de la guitare pour faire comme mes héros et voilà !

Quelles sont les influences du groupe ? Vous citez Pantera, Lamb of God, Machine Head, Hatebreed etc… On retrouve effectivement un peu de tout cela dans Swarm, mais comment définis-tu votre style ? Comment faites-vous cohabiter les influences dans le groupe ?

En fait la base du groupe c’est le groove metal. Je voulais faire ça depuis que j’ai 16 ans. Il n’y a pas beaucoup de groupes de groove metal et c’est un style qui peut ouvrir des portes à plein de trucs. Ce qui est bien c’est que lorsqu’on dit groove metal, tu peux faire du thrash, du hardcore, tu peux même faire des morceaux de rock, tu peux faire plein de choses différentes. Du coup, on est partis là-dessus et après on a fait un peu notre « popote » avec les influences de tout le monde.
Par exemple Rémy est fan de Tool alors que Mikael le bassiste est plus fan de groupes de metalcore comme August Burns Red par exemple ou bien Killswitch Engage. Notre batteur lui est plus punk et pareil il aime bien les mêmes groupes que moi du style Lamb of God. Matthieu le dernier arrivé est hyper éclectique lui. Il écoute pas mal de choses du black metal au rap US en passant par Kiss ou même de la trans. Vraiment il écoute de tout.

Au niveau du line-up tu disais que vous avez un nouveau guitariste, mais vous êtes restés assez cohérents tout de même il n’y a pas eu de changements importants.

Alors Rémy (chant) est arrivé pendant l’enregistrement du premier album, mais à part cela, à partir du moment où Rémy est arrivé il y a juste le guitariste qui nous a rejoints l’année dernière et c’est tout.

C’est quoi finalement ? Une bande de potes qui décide de faire de la musique ou bien il y a un vrai projet avec un recrutement ?

A la base c’est une bande de potes qui fait de la musique, mais en fait c’est un peu les deux. Moi, comme je le disais, j’avais ça en tête depuis mes seize ans. On a commencé à jammer avec Mika et Pierre-Louis l’ancien guitariste, et on a toujours plus ou moins eu des projets. On grattouillait dans des garages. Puis Antho (batterie) est arrivé et c’est à ce moment-là qu’on a un peu passé la seconde.

Rémy : Pour l’anecdote, j’étais dans un groupe où je faisais le chant. Ce groupe splitait parce que l’autre membre avait des enfants et il voulait arrêter. On répétait dans un local à côté de Swarm. Eux venaient de perdre leur chanteur. Du coup comme moi je venais de perdre mon groupe (rires) j’ai proposé de faire un essai et puis voilà. Les circonstances parfois !

Parlons un peu de géographie : Antibes et sa région. Est-ce plutôt un atout d’être dans le sud ou est-ce compliqué ? Quand on regarde le tracé des tournées, on se rend compte qu’elles ont du mal à descendre dans le sud.

Le sud de la France n’a pas du tout la culture metal. Alors chez nous entre les papys et les poseurs qui vont en discothèque, c’est un peu l’un ou l’autre. Chez nous ce sont plus les discothèques qui fonctionnent que la musique metal. Alors est-ce que c’est un avantage ? Oui et non. Ce n’est pas un avantage parce que effectivement comme ce n’est pas la culture dans la région, pour se produire et faire des choses il faut s’exporter ; mais après ça peut être un avantage dans les sens où il n’y a pas beaucoup de groupes dans le sud.                                                                                                                                                                                                                                                                               

Nous avons interviewé des groupes qui viennent du sud, il y a un vivier. Il doit bien y avoir un public non ?

Oui il y a un public. Il y a une petite fan base. Pas énorme, mais il y a des gens qui viennent aux concerts et il y a des groupes comme tu disais qui font de jolies scènes. Dans nos locaux de répétition il y a In Other Clims, Heart Attack qui sont des groupes qui font des trucs sympas. Donc oui il a quand même un public.

Du coup il manque juste un tourneur avec une prise de risque et une belle scène ?

C’est un peu cela oui pour faire venir des groupes un peu connus. Mais c’est sûr que financièrement ce sont des risques. Là ils font venir Lofofora à Nice par exemple mais ça ne se rempli pas trop donc la question de savoir si le metal marche dans cette région se pose vraiment. Ils ont fait le pari. Nous on est contents d’avoir des groupes comme cela, mais est-ce qu’on est assez nombreux à être contents, c’est la question. 

Oui c’est dommage.

Comment précédez-vous pour composer ? Vous êtes plutôt en mode répétitions, à composer un peu live ? Ou chacun travaille chez lui et vous vous envoyez des pistes ?

C’est vrai qu’on travaille chacun un peu de notre côté et lorsqu’on se réunit au local on essaye de modeler tout ça. Après parfois, en répétition, on jam et il y a des riffs qui sortent.

Oui on va dire qu’il va peut-être y avoir 10 ou 20 % des morceaux qui vont arriver comme ça en répétition et pour le reste la moelle épinière du morceau va être composée à la maison. On va être un ou deux à composer puis on va au local et on fait les arrangements, on teste des trucs plus en mode groupe. 

« Anathema » est votre deuxième album. Deux ans se sont écoulés depuis le précédent. A quoi ressemble la vie entre deux albums pour un groupe comme Swarm ? C’est un maximum de tournées ? De la composition ? Est-ce un laps de temps obligé ou il est possible de faire plus court ? Est-ce que vous auriez aimé prendre plus de temps ?

Honnêtement réduire c’est compliqué parce que cela ne laisserait pas le temps de supporter efficacement l’album en court pour bien le faire tourner, faire des clips etc… Et il faut aussi que les batteries créatives se rechargent. Même si on compose un peu tout le temps, on ne se dit pas « tiens je vais composer à partir du 15 mars ». 
Il y a des périodes pendant lesquelles on va être inspirés et d’autres pas du tout. Honnêtement en sortant du studio j’avais la tête comme un compteur à gaz. Je n’avais qu’une seule envie c’était de lâcher ma guitare et aller faire autre chose. Donc du coup on prend un peu de temps pour se ressourcer, reprendre de l’inspiration et tout. Et après, voilà, ça se remet en route petit à petit. Pendant que l’un se ressource l’autre compose et chacun son tour.
Mais c’est vrai que quand on a fait le premier album, qu’on a terminé de faire les dates et qu’on a décidé de travailler sur le nouvel album on avait déjà plein de choses composées à gauche à droite. On a commencé à tout assembler et à se focaliser sur la structuration du deuxième album environ un an avant de rentrer en studio. On réserve le studio pour se donner une deadline sinon on retarde toujours alors que là, on sait qu’en février on rentre en studio donc il faut que cela soit fait.
Au final on ne s’arrête jamais de composer parce que là on est déjà en train de travailler sur le prochain album. Il n’est pas assemblé mais il y a déjà les prémices. Dans ma tête j’essaye de trouver un concept et je travaille pour que le jour où on rentre en studio tout soit prêt.  

Est-ce que vous avez recyclé des choses que vous aviez du premier album ou est-ce que vous êtes partis sur du neuf ?

Non, enfin si, quelques riffs tout de même. Il y a toujours des riffs que tu adores mais que tu n’arrives pas à caler dans l’album. Par exemple dans « Legacy of Misery » il y a des trucs qui ont été composés il y a super longtemps. Et pas que dans ce morceau.
Au final il n’y a que très peu de choses, mais tout de même un riff par-ci par-là, une idée qu’on va placer. Donc je pense que sur le troisième il y aura aussi des idées un peu anciennes. D’ailleurs sur cet album on a onze morceaux mais en fait on en a enregistré treize. On a dû faire une sélection parce qu’une heure c’était déjà bien, on ne pouvait pas faire un album d’une heure trente. On a juste arrêté de peaufiner les deux morceaux qui ont été laissés de côté, mais peut-être qu’au final on va les reprendre.
La grosse différence entre le premier album et le deuxième, c’est que pour le premier on avait prévu de faire un EP qui s’est transformé en album. On a fini de le composer en studio. Alors que pour celui-là on avait seize morceaux en chantier. On en a gardé dix et on s’est concentrés sur ces dix. On savait qu’on entrait en studio le 1er février, alors le 31 décembre chacun avait ses parties à bosser pendant un mois pour arriver au studio et ne pas perdre de temps à faire quinze prises. Chacun connaissait son truc. Tout était déjà prêt, il fallait juste le retranscrire en studio.
Mais nous avons tout de même changé des choses pendant l’enregistrement. Sébastien Camy qui nous a fait l’enregistrement et le mix a fait des suggestions également. D’ailleurs, l’idée de la voix féminine nous est venue en studio. Il n’avait pas été prévu qu’on mette une voix féminine, mais on a fait le test et ça a été une évidence.

Qui est donc cette voix ?

C’est la petite amie de Rémy. Elle est chanteuse de jazz. Fan de metal mais pas chanteuse de metal. C’était une partie de chant clair, et nous n’étions pas contents du résultat. C’était juste mais il n’y avait pas d’émotion, ce n’était pas beau. Chloé est venue nous voir en studio et on lui a demandé d’essayer. On lui a dit « bon ok, vas manger, prends deux heures, voilà le morceau, ça ne peut être que toi ». Et ça a marché direct. Dès la première ou la deuxième prise c’était dans la boite. C’était quelque chose qu’on n’avait pas du tout prévu.

Revenons sur l’album, « Anathema », qui a écrit les textes ?

C’est moi, j’écris les textes en français pour avoir les idées et ensuite Antoine me les traduit et on essaye d’adapter les métaphores qu’on ne peut pas traduire en anglais.

Ah donc en fait tu ne parles pas anglais ? Mais pourtant tu as un bon accent !

Si je parle un peu anglais, mais pour certaines expressions c’est difficile à trouver. Parfois j’ai des idées pour jouer avec les mots mais parfois il y a besoin qu’Antoine les arrange.

Quels sont les thèmes de l’album ?

Cet album a vraiment plusieurs lectures et on aime bien laisser la libre interprétation à la personne qui écoute. Quand on l’a composé on s’est mis dans trois émotions différentes pour faire trois lectures différentes parce qu’on est partis du fait que par exemple quand je reçois un texto, en fonction de mon humeur je ne vais pas le lire de la même manière. Le titre « Anathema » résume cela. En fonction des ethnies et des époques, chez certains cela peut être une offrande alors que pour d’autres ce sera un sacrifice. C’est un seul et même mot qui correspond à deux choses tout à fait différentes.
Ce mot « Anathema » résume le concept de cet album. En fonction d’où on se place on ne fait pas la même conclusion. Nous sommes donc partis sur trois sentiments et les textes peuvent être compris différemment en fonction de l’humeur dans laquelle on se trouve. Tout à l’heure nous avons été interviewés par une personne qui était très touchée par l’écologie et de suite il a trouvé que cela parlait d’écologie. Il a trouvé sa propre interprétation en fait. Le thème de l’album est fonction de l’humeur, d’où on se place dans le monde, de la façon de penser, du vécu aussi.


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De quoi t’inspires-tu pour ces textes ?

Je suis très inspiré par des groupes comme Tool qui font des concept albums. C’est vrai que lorsqu’on a commencé à travailler sur le second album je voulais trouver un concept et rester dessus. On a travaillé les paroles pendant au moins un an. Chaque morceau doit raconter une histoire, mais en mettant les morceaux bout à bout c’est une histoire qui continue : on a fait des liens.
C’était amusant à faire. Du coup pour le troisième album je vais essayer de trouver un autre concept. C’est vrai que dans la musique metal les gens n’accordent pas forcément d’importance aux paroles mais si quelqu’un aime ce qu’on fait et décide de creuser un peu, on veut avoir quelque chose à lui proposer. C’est une valeur ajoutée au final d’avoir un concept et des paroles.
C’est vrai que même moi je ne m’intéresse pas forcément aux paroles des groupes que j’écoute, mais si je m’y intéresse, cela peut vraiment faire évoluer mon estime et mon appréciation du groupe. Et inversement quand il y a des groupes avec des paroles vraiment « pourries », j’aime bien le groupe tout de même, mais cela va avoir tendance à dévaluer mon estime du groupe et en même temps mon expérience d’auditeur.

Quel est le modèle économique de SWARM ? Y a-t-il des musiciens professionnels dans le groupe ?

Nous avons tous un travail à côté, mais nous avons tous fait le choix d’emplois dans lesquels il est possible de se libérer et d’aménager nos horaires pour pouvoir aller jouer à gauche ou à droite quand il le faut. Je viens d’ouvrir ma société pour pouvoir être beaucoup plus souple. Nous avons un intermittent, un bar man en cours de conversion vers l’intermittence, et le bassiste est à son compte en tant que coach sportif.

Pouvez-vous me parler de la vidéo que vous avez faite. Comment est-ce que vous maitrisez cela ? Vous l’avez faite vous-mêmes ?

Globalement l’écriture c’est Rémy (Chant). Après on en discute entre nous et chacun apporte sa contribution, mais pour 90 % c’est Rémy. Les clips ont été faits avec plusieurs personnes différentes. Dernièrement c’était avec Disclosure Productions. Ben fait beaucoup de clips de groupes de rock/metal voire même pop. Il a vraiment une bonne patte esthétique et de bonnes idées. On se voit avant, on discute, on parle de l’idée, puis il faut trouver les spots etc… ensuite on met en place la journée de tournage. Il est aussi musicien de metal donc il a une certaine sensibilité et comprend plus facilement nos demandes.

Allez-vous en refaire d’autres ?

Nous en avons déjà un de tourné qui doit sortir dans quelques semaines sur le morceau « Deaf Blind Silent ». On compte en faire un ou deux autres pour ce cycle d’album là en tout cas.

Comment appréhendez-vous la scène metal en France ? Il y a beaucoup de groupes qui tournent et essayent de tirer leur épingle du jeu. Comment le vivez-vous ? Est-ce que c’est compliqué pour vous ou pas du tout ? Quelle est votre réalité ?

C’est vrai qu’il y a beaucoup de groupes, et pas tant que cela de gens qui se déplacent aux concerts. Enfin, il y a énormément de gens qui écoutent du metal, mais qui ne vont pas forcément plus loin que les gros groupes. En fait ce sont plutôt les habitués ou les mecs vraiment pointus qui vont aller voir des groupes comme le nôtre en concert. C’est une réalité en France, ailleurs aussi, mais surtout en France.

Le plus dur c’est finalement de trouver les bonnes personnes qui vont dans la même direction. Je sais que je viens en disant « Les gars de mars à avril on a une tournée on part », je n’ai pas besoin de demander s’ils seront là. Tout le monde va se débrouiller pour être là. Il y a beaucoup de groupes, mais assez peu avec un line-up solide et qui se donnent les moyens de se professionnaliser.

C’est un investissement émotionnel, financier et au niveau du temps qui est énorme. Pour vraiment pousser un groupe, on ne se rend pas compte du travail qu’il y a derrière. Bien souvent la vie rattrape les gens. Après c’est un choix.

Nous l’objectif que nous nous sommes fixés à la base c’est d’arriver à l’auto financement. Si on arrive à faire de belles dates on n’aura plus besoin de sortir de l’argent personnel.

C’est intéressant ce que tu dis « vouloir faire de belles dates pour s’auto-financer ». On n’est clairement plus dans une optique de vente d’albums.

Tout à fait, l’album est devenu un objet promotionnel. On en vend bien-sûr mais pas autant qu’avant.

L’album fait partie du merch maintenant alors qu’avant c’était l’inverse.

C’est exactement cela. Mais d’ailleurs au niveau du merch les gens achètent plutôt le T-shirt. Parfois on propose le CD en cadeau avec l’achat du T-Shirt, mais les gens nous répondent « ah je voudrais bien le prendre mais je n’ai pas de lecteur CD ».
On ne sort plus un CD en espérant le vendre mais pour se faire connaitre et accéder à de belles dates qui pourraient nous aider à financer le prochain CD et si ce n’est pas le cas, nous le financerons nous-même puisque nous sommes des passionnés, on aime ça et on continuera de toutes manières.

Qu’est-ce que je peux vous souhaiter pour la suite ?

De belles dates, de belles premières parties, arriver à s’exporter et emmener notre musique un peu plus haut et partout.

Et bien c’est donc ce que je vous souhaite ! Merci et bonne continuation.

Merci à toi également.


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