Originaire des West Midlands en Angleterre, STONE BROKEN est un quatuor qui défend avec passion les couleurs du hard rock depuis 2013. Beaucoup de groove, de gros riffs et des refrains entraînants, c’est la recette du gros son que l’on retrouve sur leur deuxième album, Ain’t Always Easy (sortie prévue le 2 mars 2018).
J’ai eu le plaisir de rencontrer Robyn, la batteuse, et Rich le chanteur/guitariste avec qui j’ai échangé quelques mots au superbe showroom de Gibson à Paris. Tournée, enregistrement, ce qu’ils pensent du public français, le sympathique duo nous raconte tout.
Vous vous apprêtez à entamer votre première tournée en tant que tête d’affiche, est-ce que vous ressentez une plus grosse pression ?
Robyn : Ouais, en fait l’année dernière on s’est vraiment concentrés sur des tournées en tant que première partie, il fallait qu’on se fasse remarquer, qu’on joue devant de nouveaux fans et on a aussi fait des festivals, et pour le coup tu ne sais jamais sur quel genre de public tu vas tomber. Donc ouais, je pense franchement ressentir une certaine pression maintenant qu’on s’apprête à tourner en tant que tête d’affiche.
Rich : Je pense que… quand tu joues en première partie, le but est de faire découvrir le groupe à un maximum de personnes qui se trouvera au concert, mais maintenant on doit vraiment mettre le paquet en terme de show, au lieu de se contenter de jouer des morceaux. Donc oui, on a vraiment fait en sorte de se concentrer sur ça pour cette tournée, et ça entraîne automatiquement une certaine pression. C’est nous la tête d’affiche maintenant, ce n’est plus l’autre groupe. (rires)
Et ça a certainement changé la dynamique de votre setliste ?
Rich : Absolument.
Robyn : On a complètement changé notre setliste, les morceaux par lesquels on avait l’habitude de commencer, tout.
Rich : Le truc c’est que quand tu montes sur scène pour jouer une demi-heure ou trois quarts d’heure, tu peux mettre toute ton énergie dans ce temps là, mais si tu dois jouer deux fois plus longtemps, il faut que tu adaptes ton rythme histoire d’être sûr de tenir jusqu’à la fin du concert ! (rires) Ça peut être difficile, enfin, on a déjà joué une heure et demie et ça va, mais quand tu dois faire ça cinq nuit d’affilée et que t’as qu’un seul jour de repos, tu dois t’assurer de t’y prendre de la bonne façon.
Ouais, il faut trouver le bon équilibre.a
Rich : Ouais, et c’est valable pour le public également, parce que si tu joues tous tes morceaux les plus dynamiques d’un seul coup, le public va se fatiguer.
Vous avez joué à Paris l’année dernière. Qu’est-ce qui change pour vous quand vous jouez devant un public étranger ?
Rich : On fait en sorte que nos concerts soient aussi interactifs que possible pour le public. En fait, la première fois qu’on est venus en France, c’était notre premier concert en dehors du Royaume-Uni donc on ne savait pas trop à quoi s’attendre, pas vrai ?
Robyn : Ouais, on savait juste qu’on devait faire beaucoup de bruit et bouger un petit peu. (rires)
Rich : Mais la réaction [du public] a été super, et j’avais appris un petit peu de français, et ça s’est très bien passé. Je me souviens d’une femme qui était tout devant, à la barrière, et elle avait écrit sur son téléphone, « Est-ce que je peux avoir un médiator ? », et ça faisait dix minutes qu’elle me le montrait, j’étais en train de chanter sur le coup, (rires) et j’avais envie de lui dire, « Oui ! », (rires), « mais je suis en train de chanter, là ». Ça m’a vraiment mis à l’aise parce que je me suis senti chez moi, ils me demandent de leur donner des médiators, c’est juste génial.
Comme quoi la musique, c’est vraiment universel. Les fans de rock en France sont particulièrement dévoués, qu’est-ce que vous en pensez ?
Robyn : Ouais, c’est vraiment une communauté, c’est plus que des fans. Ils sont toujours fidèles et te suivent jusqu’au bout.
Rich : Et à vrai dire, quand on est venus [en France], on était en tournée avec Glenn Hughes à l’époque, on venait de terminer deux semaines et demies de concerts au Royaume-Uni avant de venir ici, et c’est en France qu’on a joué notre premier concert européen et on a vendu plus de CDs ici qu’au Royaume-Uni, donc je me suis dit, « la France est géniale, ils adorent la musique ».
En parlant de CD, j’ai eu l’occasion d’écouter votre dernier album, Ain’t Always Easy, dont la sortie est prévue pour le 2 mars 2018. Est-ce que le processus d’écriture a beaucoup changé depuis votre premier album [All In Time – 2016] ?
Rich : Oh, oui ! (rires) Sur le premier album, on a consacré beaucoup de temps à l’écriture et à la réécriture de chaque titre.
Robyn : On a même mis plus d’un an à écrire certains morceaux.
Rich : C’est vrai, pour certains morceaux. Pour l’album qui est sur le point de sortir, on s’était dit qu’on allait consacrer trois mois à l’écriture. Ensuite, on nous a proposé la tournée avec Glenn Hughes, ce qui nous a finalement laissé six semaines pour écrire l’album.
Robyn : (rires)
Rich : (rires) Donc on a dû l’écrire du début à la fin en six semaines, parce qu’on avait réservé le studio.
Robyn : On avait réservé le studio avant d’écrire.
Rich : C’était beaucoup plus intense. J’ai quitté mon boulot pour partir sur les routes avec Glenn et je me suis entièrement consacré à l’album immédiatement après. Donc, ouais… c’était… une écriture sous pression.
Robyn : C’était franchement plus stressant. D’autant plus qu’on gardait à l’esprit le fait qu’on avait établi un certain niveau avec All In Time, et on savait qu’il fallait qu’on fasse mieux […] avec le nouvel album. Donc on avait une contrainte temporelle en plus de devoir surpasser le premier album et de ne pas crouler sous le travail.
Rich : Au bout du compte, on écrit des chansons pour qu’elles nous plaisent avant tout, parce que si tu écris pour quelqu’un d’autre, je ne pense pas que ça vienne du cœur, donc on s’est assurés qu’on aimait les chansons et ensuite on espère qu’elles plairont aussi aux fans. Et ce qui était vraiment différent dans l’écriture de ce deuxième album, c’est qu’on avait déjà un public, alors que pour le premier, personne ne nous attendait. C’était l’ascenseur émotionnel pendant l’écriture de ce deuxième album (rires), mais c’était bien, ça s’est transformé en élément catalyseur pour beaucoup de morceaux, on a utilisé les émotions qui nous traversaient pour faire avancer l’écriture des chansons, ça nous a servi d’inspiration en quelque sorte, il y avait de la pression, un peu de frustration quand ça ne se passait pas très bien et après on se souvient des raisons qui nous poussent à faire ce qu’on fait : c’est parce qu’on adore ça.
Robyn : On a eu le droit à trois crises de nerfs, on était en train de s’arracher les cheveux ! (rires)
Rich : (rires) Mais ça en valait la peine, parce que je pense qu’on a atteint un très bon résultat sur l’album.
Robyn : Ouais, je suis fière du nouvel album.
Parlez-moi du processus de composition et d’écriture des morceaux de façon un peu plus précise. Est-ce que vous commencez par la musique, la ligne de chant, etc ?
Rich : Ça dépend vraiment, tout commence là : dans ma tête, et ça peut être un riff à la guitare, ou une mélodie et parfois c’est même un simple rythme à la batterie. Et les couches commencent à se superposer dans ma tête. Il n’y a donc pas qu’une seule façon de composer, la plupart du temps, la musique sera composée avant les paroles. Ou je pourrais très bien écrire un refrain entier, la batterie, la basse, la guitare et le chant, tout en même temps, et le reste du morceau sera construit autour de ça. Ça dépend.
Et à quel moment est-ce que vous vous dites, « ok, le morceau est nickel, on n’y touche plus » ?
Rich : Quand je peux me poser et écouter le morceau en entier sans ressentir le besoin de modifier quoi que ce soit. Il y aura toujours des choses qu’on pourrait ajouter, mais il faut savoir quand s’arrêter. Et c’est une chose à laquelle on apprend à s’habituer, parce que je pense qu’on s’efforce toujours d’atteindre la perfection, et ce n’est pas toujours possible. Regarde Axl Rose, il a mis dix ans à composer Chinese Democracy, et c’est juste… (silence puis rires)
Et combien de temps est-ce vous avez passé en studio à enregistrer Ain’t Always Easy ?
Robyn : Trois semaines.
Rich : Ouais, on a mis trois semaines et c’était immédiatement après avoir terminé l’écriture, on avait littéralement fini la dernière chanson deux jours avant. On n’était jamais restés trois semaines entières en studio, pas vrai ?
Robyn : Jamais, on avait toujours procédé par étapes.
Rich : On faisait une semaine par-ci, une autre par-là, mais là c’était sans interruption donc c’était vraiment une bonne expérience, on était vraiment en immersion et on a pu se consacrer entièrement à l’album.
Comment est-ce que vous choisissez les morceaux qui figureront sur l’album ? Est-ce qu’il y a des titres que vous avez finalement décidé de mettre de côté ?
Rich : Ouais, trois jours avant qu’on n’entre en studio, j’ai carrément balancé deux chansons. Ça le faisait juste pas. Du coup on avait trois jours pour composer deux autres morceaux à partir de rien. Et on s’en est bien sortis. On choisit les morceaux au fur et à mesure, si on a composé un titre à 75% et qu’on ne le sent pas trop, on finira par le mettre de côté et on essaiera autre chose. On fait ça jusqu’à ce qu’on ait une douzaine de chansons, ou du moins le nombre de chansons qu’on veut avoir sur l’album. On n’écrit pas vingts morceaux pour ensuite choisir les onze meilleurs.
À quel point êtes-vous impliqués auprès de l’ingé son en studio et en terme de production, est-ce que vous avez une idée précise du son que vous voulez avoir ?
Robyn : En gros, ce qu’on dit [à notre ingé son] c’est qu’on veut un son aussi balèze que possible.
Rich : On a toujours voulu une grosse production, et notre producteur, avec qui on avait déjà travaillé sur l’album précédent, sait exactement ce qu’on veut atteindre et comment y arriver. Donc on lui fait confiance et on le laisse faire de ce point de vue là.
Robyn : Ca lui arrive de proposer quelques modifications, et on repasse en studio pour faire des ajouts ou des changements.
Rich : Je pense que c’est important que le producteur intervienne, au lieu de se contenter d’un ingénieur. C’est presque comme s’il y avait un cinquième membre dans le groupe.
Robyn : C’est ça ! Il entend des choses qu’on ne remarquera peut-être pas parce qu’on est trop prêts des morceaux. S’il propose de jouer un accord différent, on va peut-être s’apercevoir que ça sonne vraiment bien, donc c’est une bonne chose qu’il intervienne.
Rich : Ça n’arrive pas si souvent que ça, il y a vraiment que deux morceaux qu’on a retouchés en studio, mais le reste sonne comme on l’avait imaginé et c’est top. […]
Revenons sur l’aspect live. Vous avez joué pour la première fois au Download Festival en Angleterre l’année dernière. C’était comment ?
Robyn : Incroyable. Rien ne peut te préparer à cette étape. Je m’étais fait une idée de comment ça allait se passer, et finalement c’était beaucoup mieux que tout ce que j’avais pu imaginer.
Rich : On était sous le chapiteau, c’est la Dogtooth Stage et les Dead Daisies allaient jouer sur la Stage II, et ils avaient placé un énorme panneau d’affichage juste devant le chapiteau, « Dead Daisies sur la Stage II à telle heure », et je me suis dit, « mais pourquoi ils ont fait ça ? Personne ne va venir [nous voir]! », et j’avais vraiment peur que tout le monde soit au niveau de la Stage II à voir les Dead Daisies, mais tout s’est bien passé, c’était blindé, il était physiquement impossible de rentrer dans le chapiteau.
Robyn : Notre photographe n’a pas pu rentrer !
Rich : Ouais ! Et il y avait un paquet de monde devant les Dead Daisies aussi, donc tout le monde y a trouvé son compte. Mais c’est là que Spinefarm [label avec lequel ils ont signé pour l’international] nous a vu jouer pour la première fois, et c’est le meilleur concert auquel ils auraient pu assister. Un mec qui s’appelle Jonas et qui travaille pour Spinefarm aux Etats-Unis nous a approchés après le concert et nous a dit qu’il avait trouvé ça génial. Et effectivement, l’atmosphère était juste électrique.
Robyn : Quand tu joues à un festival, tu ne sais évidemment pas qui va venir te voir, si ce sera tes propre fans ou juste des fans de musique qui veulent découvrir un groupe, mais ce jour-là, la quasi-totalité, voire l’intégralité du public, répétait les paroles de nos morceaux.
Rich : Ils chantaient tous, j’en avais des frissons.
Votre prochain concert en France aura lieu au Forum de Vauréal le 16 mars, est-ce que vous avez prévu d’autres dates françaises, des festivals peut-être ?
Rich : On y travaille en ce moment même.
Mais c’est top secret pour l’instant ?
(rires)
Rich : C’est en pourparler mais il n’y a rien d’officiel, au moment où je te parle on a reçu un mail il y a moins d’une heure et… c’est tout ce que je peux dire.
Robyn : Donc on croise les doigts !
Et ils ont bien fait de croiser les doigts, car depuis notre interview, Stone Broken a confirmé sa présence au Paris Download Festival, mais si vous avez trop hâte, vous pourrez les retrouver d’abord au Forum de Vauréal le 16 mars. Deux dates françaises, ça fait zéro excuse pour ne pas assister à l’une d’entre elles. Nous, on y sera !