Among The Living
Interview

Interview de John Corabi

Interview de John Corabi, The Dead Daisies

réalisée le 15 mars 2025 – au centre Gibson de Paris


John Corabi


Depuis maintenant plus de dix ans, The Dead Daisies captivent le public avec leur rock classique influencé par les années 70 et souvent imprégné de soul et de blues. Enregistrant deux disques en 2024 dont « Light’Em Up » sorti en septembre 2024, puis « Looking For Trouble » (30 mai 2025), John Corabi nous révèle comment il s’est épris du blues. Bien plus qu’un riche héritage musical.

Amontheliving : Nous allons parler de ton prochain album « Looking For Trouble » qui va sortir le 30 mai 2025 via Fame / Malaco Records. Ce sont dix morceaux de reprises de blues. Comment t’est venue l’idée de faire un tel album ?

John Corabi : C’est le fait d’un heureux hasard. Un jour, alors que nous étions en train de composer l’album « Light ´Em Up » que l’on a sorti en fin d’année 2024, nous en profitions pour boire du vin, du whisky durant notre dîner. Ensuite, le soir, on a  répété. On se trouvait dans le studio légendaire Fame dans une petite ville de l’Alabama qui s’appelle Muscle Shoals. C’est dans ce lieu mythique qu’ont enregistré Otis Redding, The Allman Brothers et d’autres artistes de renommée. Au cours de cette jam session, on s’est posé des questions comme par exemple : « Qu’est-ce que tu connais comme morceau de blues ? Crossroads ? » Alors on s’est dit : « ça sonne bien. Allez ! Enregistrons-la ! » Finalement, on a choisi encore 12 chansons que tout le monde connaissait. On a fait nos propres arrangements et on a gardé dix titres. Ce qui fait en réalité que l’on a fait deux disques en un mois. Donc, c’était quelque chose d’assez spontané.

En effet, ce sont 10 morceaux bien arrangés avec de belles interprétations. On accorde au blues beaucoup d’émotions et lorsqu’on est chanteur, il faut que ça transperce. En tant que chanteur de hard rock et de blues, est-ce que tu ressens une réelle différence dans la manière de chanter ces deux styles différents ?

JC : Non, pour moi, c’est  la même chose. Quand tu chantes quelque chose, c’est juste une interprétation, ta propre interprétation car c’est une chanson que quelqu’un d’autre a composée et a écrite. Pour une chanson, il existe plusieurs interprétations possibles. Quand on a pris la décision de choisir tel titre, on s’est mis d’accord pour les arrangements et j’ai examiné toutes les paroles qui existaient et j’ai choisi celles qui me convenaient le mieux.  Bien sûr, le blues, c’est beaucoup d’émotions, c’est ton ressenti, tes vibrations. En général, j’écoute ce que fait le groupe et j’essaye de faire de mon mieux. C’était cool !

Tu es toi-même un grand amateur de blues. Peux-tu expliquer pourquoi tu as choisi, par exemple, « Going Down » de Freddy King et de chanter différents styles de blues, du Chicago blues au Mississippi Blues jusqu’au rythm ‘n’ blues.

JC : On ne s’est pas cantonné à un genre précis. Ce qui est intéressant, c’est que chacun de nous n’est pas inspiré forcément par le blues. Nous avons grandi en écoutant, dans les années 70, des groupes comme Led Zeppelin, Aerosmith, The Rolling Stones, Foghat. Ces groupes-là faisaient leurs propres interprétations de chansons de blues. Donc, on a écouté les morceaux originaux de blues et on a essayé d’en faire notre propre interprétation. « Going Down » de Freddie King mais je connaissais la version de Jeff Beck. Donc on écoutait le morceau de Jeff Beck puis on revenait en arrière pour écouter celui de Freddie King, voire écouter différentes versions. On ne voulait pas enregistrer une chanson blues avec une version qui était déjà sortie. On a voulu faire nos propres arrangements ensemble, notre propre musique à partir de versions différentes, même si  beaucoup de ces chansons sont déjà reprises par des groupes comme Led Zeppelin, les Stones, Free, Foghat ou Humberpie.  En repartant d’une version blues des années 70, on les a reprises à notre manière en avançant d’un pas.

Quelle guitare Dough a-t-il choisi de jouer sur ces chansons de blues ?

JC : Il joue sur Les Paul, Gibson 235, Stratocaster, Fender et sur Telecaster sur cet album. Il a choisi de jouer sur une guitare avec laquelle il se sentait bien et qui allait bien en harmonie avec le morceau.

Quant au micro, as-tu utilisé un micro spécifique ?

JC : Non pas vraiment. Dans le studio de Muscle Shoals, il y avait ces anciens gros micros Rebel Night et donc j’en ai utilisés sur deux morceaux. Quand on est retournés au studio de Nashville, j’ai utilisé un Shure SM 7 que notre producteur Marti Frederiksen possédait dans son studio. On a déjà enregistré plusieurs LPs avec lui. Et il trouvait que ma voix sonnait très bien dans le SM7.

Les studios dont tu parlais ont une longue histoire, me semble-t-il ?

JC : Je vais te raconter une longue histoire.  C’est marrant mais il y a un documentaire intitulé « The Muscle Shoals sound » sur Netflix. Le studio Fame a été créé il y a longtemps et a connu une forte demande. Il y avait le groupe du studio qui s ‘appelait The Swappers. La chanson « Sweet Home Alabama » de Lynyrd Skynyd y a été enregistrée également. Du fait de sa renommée, deux des gars du studio ont commencé à créer un second studio à Muscle Shoals. De là, ils ont créé un autre studio à Nashville dans le Tennessee où travaille notre producteur Marti. Donc on a enregistré dans ces deux studios en Alabama et au Tennessee.


john corabi


Quel titre de cet album préfères-tu jouer ?

JC : Je les aime tous. Mais je crois que ma chanson préférée c’est « Black Betty ». C’était quelque chose de nouveau pour nous tous, une nouvelle expérience. Pour moi, c’était super d’aller à ce studio Fame en Alabama.

Au fond, est-ce que cet album représente une sorte de renaissance du blues ou bien est-il davantage lié à une expérience personnelle ?

JC : Quand j’ai commencé ma recherche, je suis allé puiser des chansons de vieux artistes comme Robert Johnson, Leadbell, Allan Wolfe. J’ai lu leurs histoires et quand tu connais ça, tu sais que le blues a vraiment influencé toute la musique sauf le classique : la country, le rock… Tu te rends compte alors de l’énorme impact que le blues a eu sur tous les genres musicaux. C’est incroyable mais ces gens n’avaient pas d’argent et jouaient pour l’amour de jouer. La plupart d’entre eux avaient juste de quoi manger et boire un verre de whisky et ils sont morts pauvres, sans rien. C’est une honte mais c’est très fascinant.

Ce qui est d’autant plus fascinant c’est que, comme on le sait, le blues est né dans les champs d’esclaves. Esclaves qui travaillaient, sentaient la sueur et ressentaient des douleurs au milieu de leurs chants. Des chants où l’on ressentait le travail difficile, les douleurs physiques et morales.

JC : Quand j’ai fait cette recherche sur le blues pour la chanson de « Black Betty », on se souvient du morceau des années 50 chanté ensuite par le groupe Ram Jam (ndj : reprise à la fin des années 70). Quand tu revois l’histoire et que tu écoutes la version de Leadbell qui date de 1915 : juste des gens qui étaient dans les champs récoltant le coton et qui chantaient des mots. Il y avait une mélodie mais pas de musique. L’histoire de cette musique est fascinante. Elle vient, comme tu le disais, de la douleur, de la sueur, du travail.

Combien de temps avez-vous passé en studio pour l’enregistrement ?

JC : On a enregistré l’album « Light’Em Up » à la même période. Cela fait deux disques que l’on a composés, enregistrés, réarrangés, mixés dans les deux studios. On a fait quelques overdubs. Les deux disques ont été terminés en 29 jours. C’est rapide.

En ce qui concerne les droits d’auteurs des reprises de morceaux de blues, comment cela se passe ? Est-ce que vous avez dû payer des droits d’auteur ?

JC : Pour « Cross Roads », écrit par Robert Johnson, on doit mentionner sur notre album le titre et le nom du compositeur d’origine. Les droits d’édition lui reviennent. Tant que tu mentionnes le nom des auteurs il n’y a pas de problème. Et les royalties leur sont versées. Quant à la chanson de Led Zeppelin « When the Lady Breaks », le groupe a écrit la musique mais la mélodie et les paroles sont de Memphis  Minnie  de 1929.  Dans sa chanson, elle décrit les horribles inondations du Mississippi et Led Zeppelin a écrit une nouvelle musique à partir de ce titre. Donc, pour ce titre, on a stipulé les deux noms.

Un dernier mot avant de nous séparer. 

JC : « Looking For Trouble » sort le 30 mai et je suis très heureux que les gens semblent l’apprécier jusqu’à présent.


Line-up THE DEAD DAISIES

John Corabi, chant

David Lowy, guitare
Doug Aldrich, guitare
Michael Devin, basse

Sarah Tomek, batterie


THE DEAD DAISIES

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1 commentaire

Gerrit Jan de Wit 26 avril 2025 at 16 h 11 min

Leuk interview en wat aardig dat je John Corabi met U aanspreekt …The Dead Dasies een super band en hoop de download van het nummer denk ik eind deze week te horen dus erg benieuwd naar het blues album !

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