Interview de Yann Le Baraillec, directeur du festival Motocultor
Par Martine Varago
XXIVe édition du Motocultor : 4 jours – 4 Scènes, plus de 110 groupes de metal et de rock
Le Motocultor, avec sa solide réputation dans le monde du metal, connaît une belle évolution depuis sa création en 2007. Ce qui était à l’origine un petit événement local dans le Morbihan est désormais un festival incontournable, attirant un public de plus en plus large et des groupes internationaux d’envergure. Yann, le directeur, explique d’ailleurs que cette progression est due à plusieurs facteurs, notamment l’extension du festival sur 4 jours depuis 2019, ainsi que l’élargissement de la programmation avec l’ajout de genres comme le metalcore et le rock. Ce modèle a permis d’attirer de nouveaux publics tout en conservant l’âme metal extrême du festival.
En terme de budget, l’événement a considérablement augmenté ses coûts, principalement en raison des cachets des artistes qui ont explosé ces dernières années. Le budget du festival frôle désormais les 4 millions d’euros, ce qui n’est pas rien pour un événement de cette envergure. L’augmentation des tarifs d’entrée a donc été nécessaire pour maintenir l’équilibre financier, d’autant plus que les subventions de l’État sont de plus en plus rares.
Sur le plan de la programmation, Yann évoque la collaboration avec d’autres festivals européens grâce à la fédération « United France Festivals ». Cela permet de mieux coordonner les tournées des groupes et d’attirer des artistes internationaux. Cependant, l’un des défis majeurs reste de trouver des moyens de convaincre les groupes, en particulier ceux venant des États-Unis, de faire le déplacement en Bretagne, une région qui, bien qu’attrayante, n’est pas forcément la plus facile d’accès.
Il est évident que le Motocultor se distingue par son dynamisme et sa volonté de s’adapter aux évolutions de l’industrie musicale tout en préservant son ADN. L’arrivée de têtes d’affiche comme Machine Head et Dimmu Borgir en 2025 montre bien que le festival continue de s’imposer comme un acteur majeur de la scène metal européenne.
Amongtheliving : Tout d’abord, nous aimerions connaître le bilan de l’édition 2024.
Yann : c’est un peu contradictoire car on a battu notre record de fréquentation et en même temps, financièrement, on a eu un déficit. Alors qu’en 2023 avec la même fréquentation, le bilan avait été positif. Il y a beaucoup de frais qui ont augmenté en sécurité, en logistique et surtout les cachets artistiques. On va réfléchir au budget économique pour les années à venir. Pour 2025, la billetterie est en avance et on a plus de 15 % par rapport à l’an dernier. On va certainement battre notre record cette année. Mais on a en perspective d’être à l’équilibre.
Heureusement que le public suit de plus en plus. Les retours des gens étaient positifs sur l’édition 2024 et du côté des artistes aussi. Nous sommes très contents aussi car c’est la deuxième édition à Carhaix. On cherche encore nos marques là-bas car on vient du Morbihan et ce n’est pas facile d’organiser un événement sur un autre territoire pour nous.
On préfère montrer une image de festival qui favorise le local même si cela n’est pas plus facile. (Yann Le Baraillec)
Amongtheliving : Hormis les nouvelles bières, quelles seront les nouveautés pour 2025 ?
On va diversifier l’offre de bière pour satisfaire les goûts des uns et des autres. Notre idée est d’offrir le plus de bières bretonnes possible. On essaie de ne pas faire comme de nombreux festivals qui ne proposent que des grosses marques de bière industrielle. Ce choix de bière locale contribue à avoir moins de marge sur le bar.
On préfère montrer une image de festival qui favorise le local même si cela n’est pas plus facile. Notre volonté est de travailler avec du local. Une nouvelle idée et de mettre en valeur les fabricants d’instruments. On va mettre en place un magasin où des luthiers et des fabricants d’amplis, par exemple, des fabricants de pédales d’effet français présenteront leur métier. Il y aura une guitare qui sera fabriquée sur place. Il y aura aussi la possibilité d’essayer plein de guitares.
Amongtheliving : Prévoyez-vous de mettre des navettes en place depuis un aéroport ou une gare ?
Yann : il y a déjà les navettes du réseau région Bretagne et des trains qui arrivent à la gare de Guingamp. Puis la gare de Carhaix se trouve à 800 m du festival.
Amongtheliving : Selon toi, quels sont les groupes qui sortent du lot ?
Yann : Il y a de belles têtes d’affiche comme Machine Head et Dimmu Borgir. Cela change par rapport à ce que l’on a fait auparavant. Dimmu Borgir est un groupe que l’on veut avoir depuis longtemps. Mogwai aussi le jeudi qui est un groupe de rock et qui pourrait être programmé dans des festivals généralistes.
Dans le metal rock progressif, on a Lazuli, une pointure française en rock progressif. Et c’est le jeudi en même temps que Magma. En metal core, il y aura I Prevail. Enfin, Extreme, du hard rock old school de qualité. Voilà, c’est intéressant et varié.
Amongtheliving : Est-ce que cela a été difficile de faire venir Machine Head parce que l’an dernier ils ont joué dans de plus gros festivals comme le Hellfest ou le Download en Angleterre ?
Yann : Non, pas spécialement et on en a discuté avec des agences longtemps à l’avance. Comme il y a plusieurs festivals à cette période, Machine Head en a profité pour monter sa tournée à ce moment-là.
Amongtheliving : Compte tenu du contexte international actuel avec les États-Unis, est-ce que ça se ressent pour faire venir des groupes des États-Unis ou pas du tout ?
Yann : Pour l’instant, il n’y a pas de répercussions mais on ne sait pas où ça peut aller. L’an dernier, on avait fait venir 1914 d’Ukraine, par exemple, mais ce n’est pas toujours évident car ils ne peuvent pas toujours sortir de leur pays.
Merci et à très bientôt au Motocultor.