Mercredi 15 mars 2017 nous avons rencontré Romain, Bassiste de HEADCHARGER au Hard Rock Café. Un entretien bien sympathique et riche en échanges, à l’occasion de la sortie de leur dernier et excellent opus : Hexagram.
- Les dernière fois que je vous ai vu, c’était au MOTOCULTOR 2014 et en première partie de CRUCIFIED BARBARA au Divan du Monde à Paris (ou j’ai pris un micro dans la gueule d’ailleurs). Que s’est-il passé depuis ?
(Rires), oui ça m’arrive aussi, mais j’ai appris à l’esquiver. Mais je me mets à ta place, ce n’est pas très agréable (rires). Depuis Crucified Barbara, sur la tournée du Black Diamond Snake, on a continué à tourner. Je crois même qu’on a recroisé les filles une ou deux fois sur la tournée.
Nous avons continué à composer, forcément, car en tant que groupe français ce n’est pas facile d’avoir de longues tournées. En général on met deux ans à composer un album, c’est le temps qui sépare chacun de nos opus. Cette fois ci on a mis une année de plus, et nous avions vraiment beaucoup de matériel avec une quarantaine de titres.
Et puis on s’est un peu posés pour souffler. C’est important de retrouver les pieds sur terre. C’est vite prenant comme passion (rires).
- Comment fonctionnez-vous pour composer ?
En fait on bosse pas mal chacun dans notre coin. Avec la technologie d’aujourd’hui c’est vraiment plus simple. Parfois on se regroupe pour répéter, mais pas tant que ça au final. Pour HEXAGRAM on se retrouvait lorsque nous avions un morceau définitif pour le répéter.
- Ce qui fait avancer HEADCHARGER aujourd’hui ?
C’est avant tout la bande de copains. Avec Seb (chant) ça fait 25 ans qu’on joue ensemble, plus de 30 que l’on se connaît avec David (guitare), qui est le frère du batteur avec qui on a commencé le groupe, donc ça crée des liens forts. L’important c’est de se faire plaisir : le plaisir !
- Alors justement, quel est le modèle économique d’HEADCHARGER ?
Alors il y a un peu de tout. Moi je suis intermittent, avec ma musique et aussi de la technique. Anthony , le guitariste, est aussi intermittent, avec un studio d’enregistrement. Seb est en cours pour devenir intermittent du spectacle également. Avant il était vacataire dans la fonction publique. Cela nous permet d’avoir plus de temps pour la création car sans cela c’est difficile de se consacrer pleinement à sa musique et être flexible pour les dates de concerts. David est quant à lui prof de guitare, et notre petit dernier extraterrestre c’est Rudy notre batteur qui lui travaille dans la banque.
Donc en gros, économiquement parlant, on est tous plus ou moins obligés de bosser à coté pour vivre. En France il y a peu de groupes qui vivent de leur musique c’est clair.
- Content de voir que Rudy tient bien en place. Car batteur dans HEADCHARGER c’est une place difficile à tenir au regard des changements de line up ?
(Rires). C’est vrai mais ce n’est pas un fait exprès ! Notre premier batteur, qui est le frère de David, avait préféré arrêter de jouer pour des raisons de stabilité familiale (il est devenu prof), on reste en très bon terme avec lui. Il a d’ailleurs joué avec nous il n’y a pas si longtemps que cela, ce n’est pas l’envie de faire de la musique qui manque, mais il faut bien faire des choix économiques et de sécurité parfois. Il y a eu Mathieu aussi, qui lui est parti aux Etats-Unis vivre son rêve américain dans la musique. On a eu ensuite quelques batteurs qui nous ont aidés dont notamment Morgan Berthet qui joue dans MYRATH. Donc oui il y a eu un peu de mouvements (rires).
Puis on a contacté Rudy qui n’était pas très chaud au départ, car il évolue plutôt dans du brutal en terme de musique, mais finalement s’est lancé dans l’aventure à peine 4 mois avant Black Diamond Snake. Il s’est un peu assagit et s’était probablement le bon moment pour lui, même s’il continue à jouer dans 3 autres formations (du post rock au metal Hardcore). Alors avec nous on peut dire qu’il s’est assagit, même s’il nous apporte un côté frais et fougueux.
- Alors justement, tu parles de « s’assagir ». Concernant votre orientation musicale, quand certains pourraient vous reprocher de ne plus cogner autant qu’avant, peut-on dire qu’HEADCHARGER s’est assagit ou au contraire maitrise sa production avec de la maturité en plus?
C’est une évolution en fait, et bizarrement les gens nous ont quand même suivis sur ce chemin. Nous avons perdu certains fans c’est probable, mais nous en avons gagné d’autres, même si je pense que la majorité de ceux qui étaient là au début d’HEADCHARGER le sont toujours aujourd’hui.
Comme tu le dis, aujourd’hui on a digéré toutes nos influences et on a plus de maturité. Nos compos sont le résultat de ce cursus. C’est du gros rock, c’est épais et fat, mais on ne peut pas dire que c’est du gros métal extrême. C’est ce que l’on aime jouer ensemble en fait, et cela malgré nos différences d’influences.
- Comme pour Black Diamond Snake, et Watch The Sun, le titre de l’album n’est pas celui d’un morceau. Vous lancez une mode ou c’est un jeu entre vous ?
Je serais tenté de te dire que c’est un jeu entre nous oui. Le titre HEXAGRAM est venu au moment où l’on composait les textes, car nous écrivons les textes après avoir composée la musique. Et comme les textes parlaient beaucoup de dualité, Anthony et Seb s’étant beaucoup intéressés à ce genre de choses comme le Yin & Yang, le livre « Hexagramme ». C’est un mot qui arrivait en même temps que la pochette et nous voulions que le titre de l’album représente un tout plutôt que le titre d’un seul morceau. Anthony et Seb composent vraiment les textes à eux deux, et puis ils nous les soumettent pour que l’on en discute.
Hexagram ce n’est pas un concept, mais plutôt une idée centrale qui rassemble les morceaux, la pochette et les textes.
- La production est léchée bien que l’on sente encore des parties bien rugueuses (Dirt Like Your Memories). Vous avez du mal à couper le cordon avec un métal brut ? Il y a cette dualité justement ou l’on trouve un HEADCHARGER diffèrent sur scène et sur album.
Tu as raison. En fait ça bastonne aussi bien sur scène que sur album, mais différemment. Pour le live on joue aussi d’anciens morceaux donc cela joue beaucoup dans le côté brutal. Le seul album que l’on ne joue plus du tout depuis peu c’est le tout premier. On a un arriéré de « coreux-metalleux » qui reste et qui donne aussi cette énergie sur scène. La scène c’est aussi et surtout un exutoire, un défouloir.
- Un mot sur la pochette de l’album.
Il y a le concept de dualité, de confrontation. C’est Anthony qui est arrivé avec une photo de bœuf musqué, et on a voulu pousser un peu plus le concept. C’est mon frangin qui s’est occupé de la pochette, il connait bien les gouts du groupe. On lui a demandé de nous faire une pochette à partir du bœuf musqué, avec ce côté vieil animal.
On est restés sur une imagerie un peu stoner aussi avec cette pochette.
- HEADCHARGER est un groupe de scène qui tourne beaucoup. Vous passez au Petit Bain bientôt et êtes en tournée pour HEXAGRAM. Avez-vous des projets de Fest cet été ?
Globalement la grosse partie de la tournée va réellement débuter en septembre. D’ici là on fera une petite quinzaine de dates. Le seul Fest que l’on va faire c’est à Evreux, l’ancien Rock dans tous ses états, aujourd’hui nommé Rock In Evreux avec PRODIGY, TRUST, et normalement GOJIRA. Ce serait le plus gros que l’on ferait cet été. C’est un peu notre tour de chauffe.
- Quel regard portez-vous sur le milieu métal en France ?
Je trouve qu’il y a vraiment une belle scène aujourd’hui, avec pas mal de groupes qui arrivent un peu à s’exporter. GOJIRA on y pense même plus car on peut considérer qu’ils ne sont plus français (rires). Le problème c’est qu’on ne parle pas de la scène métal en France, qu’on ne démocratise pas le genre. Il y a le HELLFEST qui fait parler de lui et de notre musique, mais c’est quand même un épi phénomène. Il serait temps que cela se décante un peu quand même. J’ai envie d’y croire.
2 commentaires
Je peux me tromper mais je crois que le chanteur s’appelle Seb et non Fred. 😉
Bien vu Cédric, il y avait une coquille dans l’article. C’est corrigé. Merci de ta vigilance et de nous lire.