Among The Living
Interview

Entretien avec Tony « Demolition Man » Dolan de Venom Inc.

Entretien avec Tony « Demolition Man » Dolan de Venom Inc.
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Entretien avec Tony « Demolition Man » Dolan de Venom Inc.


Tony « Demolition Man » Dolan est un homme passionné qui ne tient pas en place. Mais avant tout il aime la musique extrême, il en parle avec des étoiles dans les yeux. Il raconte comment il a vu Lemmy et sa bande en 1978, son anecdote au sujet des Dickies ( groupe de punk rock américain, connu pour ses versions accélérées de tubes des années 1960 et 1970), sa curiosité pour la création artistique grâce aux nouvelles technologies et son amour de la France.

 

 

Tony Dolan : (me voyant m’empêtrer avec mon micro) Je peux me rapprocher si tu veux ? Je vais m’asseoir sur tes genoux (rire voyant mon embarras), bon je vais rester sur les genoux… (rire général)

 

Lionel/Born666 : En tant que groupe mythique ayant sorti des albums qui ont marqué des générations, pourquoi continuez-vous à sortir des albums alors que vous pourriez faire comme Guns’n Roses et partir en tournée en ne jouant que de vieux morceaux…

Tony : C’est une bonne question ! Sur une tournée on inclut toujours des classiques parce que les gens veulent les classiques.

Mais il y a des gens qui n’étaient même pas nés quand ces disques sont sortis, même 10 ans plus tard. L’idée même de Venom dans son ensemble avec Cronos, Mantas, Abaddon ou moi signifie qu’il s’agit de donner aux gens ce qu’ils n’auraient pas pu voir à l’époque.

Et si tu peux t’exprimer ainsi au travers de ta musique alors exprime toi… Ce que je veux faire dans cette société homogène où tous est pareil…

Mais prenez un groupe de 60 personnes et vous leur dites « laissez-vous aller, vous pouvez toujours être libre !», « Laissez-vous aller et criez et si vous voulez crier, laissez-vous aller. »

Je pense que si nous continuons à produire de la musique et nous pouvons le faire puisque nous le faisons depuis 40 ans, vous pouvez le faire aussi !  Il faut essayer d’inspirer les gens à continuer d’aller au concerts. Car si je travaille à La Poste, que je suis un facteur à la retraite, je fais du jardinage ou je joue au golf, au foot alors là je meurs. Moi je ne peu pas partir à la retraite, je ne veux pas arrêter.

Pourquoi s’arrêter, Lemmy ne s’est pas arrêté. Tu t’arrêtes quand tu n’as plus rien à voir. Regarde notre belle planète il y a toujours quelque chose à voir.

 

Lionel : Vous travaillez sur une nouvel album?

Oui Eh bien, quand on a fait There’s Only Black, on a fait deux albums avec, donc on a travaillé dur avec Nuclear Blast pour faire un album supplémentaire. Il nous reste donc 12 morceaux. Je les retravaillent actuellement et je veux les sortir pour mars de l’année prochaine.

 

Seulement des nouveaux titres?

Oui que du neuf. On devait les nommer part I et II. Ça parle de Dente, d’Inferno, de l’Enfer…

On pouvait l’appeler Your journey from life to Death ou encore All the craps that happens to you on the way. (rire)

 

Quel en est le concept ?

Mantas est mort d’une crise cardiaque et quand il est revenu à la vie, il a écrit une nouvelle chanson. Alors j’ai dit « Non ? Comment est la chanson ? Quelles en sont les paroles ? »

Il a dit qu’il avait écrit toute la chanson ainsi que les paroles… Il m’a dit « Lorsque je suis mort, je n’ai vu aucun ange. Je n’ai vu aucune lumière. J’ai juste vu du noir (There’s Only Black). Il n’y avait que du noir et j’y suis allé. »

Nous éteignons toutes les lumières si nous supprimons toute l’énergie de l’électricité. Il n’y a que du noir et je pensais que c’était le sens de tout. Donc l’énergie est se qui nous excite et c’est ce qui nous guide. On avait donc le titre de l’album avec le mot « Black ».

La première partie est un voyage vers le noir, et le prochain sera le voyage vers la lumière.

Donc, j’espère que je ne veux pas me faire avoir et bien le sortir en mars de l’année prochaine.

 

Est ce que l’inspiration change dans ce nouveau millénaire?

Je pense qu’avec Mantas et grâce aux nouvelles technologies et le fait qu’on ne vit pas sur le même continent, cela change les choses mais nous travaillons toujours de la même manière.

Mantas enregistre ses parties au Portugal, moi à Londres.

Ensuite on partage nos idées, nos riffs, puis on écoute les titres, puis on y va d’un « j’aime bien ça. J’aime pas ça », et puis « on pourrait ajouter des paroles ». Si il a une idée, si j’ai une idée, on apprend alors de chacun et on fait de manière à ce que tout soit aussi organique que possible.

Vous savez, autrefois, nous étions généralement ensemble dans un studio : on répétait, on jouait encore et encore. En gros on fait la même chose mais grâce à la technologie nous pouvons le faire mais éloignés.

 

Quand j’entends des personnes âgées comme nous dire qu’ils ne comprennent rien aux technologies c’est incroyable. Mais si vous l’acceptez alors vous pouvez l’utiliser. J’ai enregistré avec Sabbatonero un album « L’Uomo Di Ferro » post-covid appelé A Tribute to Black Sabbath pour récolter des dons pour l’hôpital en Italie. Il me fallait un solo de Marty Friedman (sur « Symptom Of The Universe »). Lui vivant au Japon, je lui ai demandé s’il pouvait faire un solo et il l’a fait… et il me l’a envoyé. Avec les technos c’est ahurissant ce qu’on peut faire, des trucs qu’on ne pouvait se permettre avant. Imagine, si on avait du le faire à l’ancienne : prendre un avion, aller au Japon, réserver un studio, enregistrer la partie guitare…

 

Quelle image portes tu sur la nouvelle scène ?

Une journaliste de Marseille m’a récemment interviewé. Elle avait dans les 20/25 ans et à la fin elle m’a dit « Quelqu’un qui est là, comme toi qui a vécu les meilleurs moments de la grande époque, alors que moi je suis née à la mauvaise époque » et j’ai répondu « mais tu es née à la bonne époque »… à mon époque, pour découvrir un groupe je devais aller à un concert, il n’y avait pas internet. Si je ne trouvais pas leur nouvel album je devais faire une copie sur cassette pour aprécier le groupe.

Maintenant tu as le black metal, le death metal, le grindcore, le hardcore tout ce qui se trouve devant toi, tu n’a qu’à appuyer sur le bouton pour tout obtenir, sans parler que tu peux avoir en un clin d’œil la discographie des « classics » comme Judas Priest, Motörhead, Black Sabbath, Deep Purple

 

Ne penses-tu pas que la facilité d’avoir à sa disposition un choix monumental de groupes rend plus compliqué le fait de découvrir et d’apprécier ces découvertes?

Je suppose qu’il n’y a pas de raison positive pour laquelle on peut dire ça. C’était tellement important pour nous à l’époque. Si vous aviez un groupe préféré, quel qu’il soit, vous deviez commandé le nouvel album chez ton vendeur de disques. Il fallait attendre 7 semaines avant de mettre le vinyle sur la platine…

L’enthousiasme de la jeunesse. Si je maintiens ce niveau avec de la nouvelle musique pour les exciter, il y aura de la nouvelle musique qui arrivera. Je vais présenter les vieux titres comme étant aussi vitales qu’ils étaient en 1982. Maintenant, ils auront envie de musique, mais je pense que c’est tout aussi important.

Je pense que c’est tout aussi bien, mais il y a une raison pour laquelle il faut jouer live, vous savez ?

Je n’ai pas besoin de gagner de l’argent en vendant des disques. Je n’ai pas besoin d’une maison à Malibu. Je n’ai pas besoin d’une putain de Ferrari. Je n’ai pas besoin de ça, mais ce dont j’ai besoin, c’est de jeunes devant moi, devant la scène. Oh mon Dieu ! Penser à n’importe quoi ! Ressentir ce feeling, cette excitation !

Tant que nous continuons à jouer en live, ça marchera. Ils ont tout ce qu’il faut pour écouter, mais quand ils viennent à un concert, ils peuvent vivre quelque chose de très différent. Cela devient réel. Je pense donc que c’est tout aussi important et je veux qu’ils entendent les titres en « live ». Donc, vous savez, vous pouvez soutenir la nouvelle scène en allant sur le Web et soutenir les nouveaux groupes. Si on ne fait pas ça on aura pas les nouveaux Iron Maiden, Judas Priest et Motörhead


Venom


Tes groupes préférés quand tu étais teenager?

Tu sais, j’ai grandi au début des années 70 en Angleterre, donc c’était Sleaze, Sweet et Queen. Ensuite je suis parti au Canada et j’ai découvert Ted Nugent, Kiss et Aerosmith et puis je suis revenu en Angleterre à la fin des années 70 et c’était le punk avec Sex Pistols, les Clash… je pensais que j’avais atterri sur Mars. Je me suis dit : « Qu’est-ce qui se passe ? ».

Je pense que la première fois que j’ai entendu les Dickies, ils ont dû m’emmener dans un endroit à 122 battements par minute et je me demandais ce que c’était. Puis en 1978. Je suis allé à un show à Newcastle au City Hall (11 novembre) qui coûtait 1,5 £, mais je n’avais pas l’argent et je suis rentré gratuit. En première partie il  avait un groupe de punk qui ouvrait pour le groupe principal que je ne connaissais pas. J’ai vu passer les punks, je les ai suivi backstage, bu des bières avec eux.


VENOM Inc.


Ensuite en discutant ils me disent que je devrais aller voir ce groupe (le groupe principale) parce que j’allais sûrement les aimer. Je n’en avais jamais entendu parler et ils m’ont dit : « eh bien, ils ont des vestes en cuir avec des cheveux longs », et je me suis dit, « Mais je ne veux pas voir de hippies ! ». Ils m’ont répondu qu’ils jouaient un genre de punk et m’ont poussé sous les projecteurs de la salle et c’était Motörhead (Lemmy, Larry Wallis et Lucas Fox) et moi j’ai crié « Oh mon Dieu ! ».

Quand tu parles de rapidité, celle des Dickies était si rapide et puis Motörhead est arrivé et c’était comme une évidence pour moi qui ne jurait déjà que pour la musique extrême.

Un jour j’étais à une « party ». Je me trouvais à l’étage dans une chambre avec une jeune fille et quelqu’un a balancé « Paranoïd » sur la hi-fi. En l’écoutant je trouvais ça bizarre car c’était tellement lent. Je suis descendu et je leur ai dit qu’il s’était trompé de vitesse sur la platine. Le mec m’a répondu « bah non, c’est la bonne ». Je lui répond que c’est bizarre car je ne reconnaissais pas les Dickies qui la jouaient beaucoup plus vite et il me réponde « c’est quoi les Dickies ? » Là c’est Black Sabbath ! (rire) Moi qui pensait que c’était un titre des Dickies !

Comment peut évoluer la musique extrême. Quelle est la prochaine étape ? Vous savez, c’est bizarre, mais quelle est la prochaine étape ?

 

Tu es tellement passionné quand tu parles de la musique…

Tu peux prendre un jeune et l’emmener en voyage pour qu’il comprenne mieux.

 

Avez-vous quelque chose de spécial dans la setlist pour ce soir?

On a toujours quelque chose de spécial. Pour moi la lignée, l’héritage est au centre du show. On a 55 minutes pour jouer. Quand nous sommes allés en Pologne au Pol’and’Rock Festival 2024 (le 3 août), les organisateurs nous ont dit qu’on avait que 70 minutes. Alors on a joué 90 minutes. (rire)

Comment arrêter la musique alors qu’ elle est éternelle. J’ai dit aux gens que s’ils aimaient la musique, ils devraient nous laisser continuer jusqu’à ce que ça s’arrête. Je suis allé à New York. Ça devait être le Ritz.

Eux nous ont dit 20 heures, il y a un couvre-feu, un couvre-feu strict. J’ai dit, qu’est-ce que ça veut dire ? Tu dois t’arrêter à 10 heures ! Je dois m’arrêter à 10 heures ? J’ai donc fini à plus de minuit, tu ne peux pas mettre de limite à ça.


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Nous vivons dans un pays libre, mais vous payez des impôts. Vous ne pouvez pas vous garer où vous voulez. Vous n’êtes même pas dans un pays libre. Il n’y a que des formalités légales à appliquer mais quand je monte sur scène il n’y a plus de putain de règles.

Je jouerai jusqu’à ce que nous nous arrêtions et tu t’amuseras jusqu’à ce que tu sois heureux. Et c’est la seule règle. C’est tout. La musique est le dernier terrain de liberté ! Il est temps pour toi d’aller travailler ? Non, tu t’en fiches, tu es sur un festival et tu es juste dans ta zone de liberté. C’est ta musique préférée.

Chaque musique devrait vous libérer et elle pourrait être jouée pendant 2 heures. Putain, qui s’en soucie, restez là jusqu’à ce que nous soyons tous les deux complètement rincés avant de rentrer à la maison. Et ça c’est la vraie liberté…ne pas se soucier où est ta voiture ou si tu es malade…


Entretien avec Tony « Demolition Man » Dolan de Venom Inc.


Tu veux rajouter quelques chose sur la France?

Quand tu parles français, je pense que c’est notre deuxième langue. Je veux dire que l’Angleterre était française avant. (rire)

Une des choses que nous faisions par le passé quand nous commencions à tourner, c’était de jouer à Paris a l’Espace Balard. C’était à peu près la seule date qu’on faisait en France comme beaucoup  de groupe anglais d’ailleurs. Ensuite on partait directement en Allemagne puis en Hollande. Plus tard j’ai demandé (peut-être en 1984) pourquoi on ne faisait pas plus de date en France ? Parce que c’est comme si on passait par la France pour aller dans les autres pays frontaliers. Par la suite cela a changé et on a plus joué dans votre pays. C’est juste comme venir chez des amis, puis quand tu rentres à la maison tes amis te disent que tu ne joues pas à la maison.

Chez vous, Le public est dingue Il y a tellement de groupes qui montent en puissance. Cette musique et particulièrement le hardcore, le grindcore…ce sont de bonnes influences. J’ai donc besoin d’aller chez vous pour célébrer tout cela.

Une bonne nourriture, des femmes, du vin, je veux dire tout le reste bien sûr, votre langue tellement romantique. C’est important pour moi de venir ici. Tu sais, de chez moi c’est 7 heures. Pourquoi devrais-je m’en passer ?

 

 Merci pour ta passion, tu es une bonne personne…

Eh bien, vous savez, si nous le pouvons, ensemble ou même indépendamment, nous pouvons inspirer la prochaine génération à ressentir ce que nous ressentons à propos de notre musique, de Pantera à Machine Head en passant par Deep Purple. C’est pour cela que nous sommes là pour le public.

Vous savez, il ne faut pas écouter vos parents qui peuvent vous dire de ne pas peindre ou de créer de la musique. Tant que vous êtes inspiré par quelque chose de différent vous avancez. Glen Benton est peut-être le nouveau Pavarotti et mon tatouage le nouveau Léonard de Vinci. C’est pourquoi notre musique est si inspirante.

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