
BLACK SHEEP WALL – Songs For The Eternal Queen
Sortie le 26 Février 2021– Silent Pendulum Records
13 et 6.
Treize, c’est le nombre d’années qu’il aura fallu à BLACK SHEEP WALL pour enregistrer le digne successeur de “I am god songs” leur premier album PACHIDERMIQUE (le mot est faible) sorti en 2008. Voilà, je tue le suspens tout de suite et je pose les bases.
Six, c’est le nombre d’années qui s’est écoulé depuis la sortie de leur dernier album « I’m going to kill myslef » n’en déplaise à Daniel Ek… Entre temps j’ai même pensé le groupe mort et enterré, lorsque le projet ROWSDOWER a vu le jour (avec Brandon Gillichbauer, accompagné par des anciens membres de BLACK SHEEP WALL mais aussi de ADMIRAL ANGRY). Au final, il n’en est foutrement rien, et 2021 pourrait bien être l’année de BLACK SHEEP WALL, explications.
La première de ces explications tient en un mot : HARGNE.
Le groupe en a à revendre, et ça se ressent dès le tonitruant « Human shaped hole », morceau court ! (oui ce n’est pas vraiment l’habitude du groupe) de 3 min 20, qui vous en met tout de suite plein la face. Ce petit détail qui peut sembler anodin pour certains (mais pour eux ça veut dire beaucoup), est un fait une petite révolution dans l’univers des Californiens, habitués à des compositions flirtant régulièrement avec les 10 minutes. Ce nouvel aspect, apporte une tout autre dimension à la musique du groupe, plus instantané et rentre dedans. Ces morceaux se veulent expéditif, quoique punitif serait plus juste, comme « Concrete God » et son enchevêtrement vocal qui vient vous démolir les tympans. « Ballad of a flawed animal » et son énorme son de basse. Ainsi, ces trois compositions rendent l’album plus ouvert (entendez par là moins monolithique) et permettent de « souffler », car pour le reste, préparez vous à sombrer corps et âme.
Le quintet n’a pas oublié ses racines, et surtout, a retrouvé cette fameuse lourdeur et ce sens hors du commun du désespoir, qui les caractérisaient tant à leur début (voilà une autre explication).
« New measures of failure » annonce la couleur : lourdeur, lourdeur, lourdeur, et un retour en grâce de Brandon Gllichbauer, qui nous sort une prestation vocale totalement ahurissante sur ce morceau, mais aussi sur l’album dans son ensemble. Ça transpire le nihilisme, cette sensation que le groupe peut imploser en plein vol (que je n’avais pas ressenti depuis « I Am God Songs ») et bordel, qu’est ce que c’est bon ! L’inspiration WILL HAVEN pour certains riffs de guitare viennent ajouter un aspect hypnotique, pour ce morceau fleuve de 13 min 23, qui se conclut par une complainte lugubre, à la manière de 1000 lames vous traversant le corps dans une ruelle sombre et sordide, une pluie torrentielle évacuant votre sang dans le caniveau. Après ça, comment faire mieux, ou au moins aussi bien me direz vous, en continuant tout simplement sur cette lancée ! « Songs For The Eternal Queen » possède une qualité supplémentaire, on ne s’ennuie a aucun moment, le groupe parvient à garder le rythme de bout en bout, incorporant de nouveaux éléments à sa recette, comme les cuivres sur « Ren » qui renforcent d’avantage cette sensation du « lâcher prise » inhérent à ce titre ainsi qu’à l’album.
« Mr gone » poursuit le chemin dans une noirceur qui semble venir de toute part, telle une marée noire dans laquelle nous nous agglutinons, impuissants. Sans échappatoire, nous perdons toute notion de temps, d’espace, le marasme sonore comme seul guide ver une folie sans fin.
On serait alors tenter de croire que l’album touche à sa fin, que nous sommes enfin libérés du joug des Californiens… PAUVRE FOUS ! Gardons le meilleur pour la fin, feintons l’auditeur avec cette intro lente qui va laisser place à un déferlement de frustration dont BLACK SHEEP WALL a depuis longtemps le secret (le morceau « Modest machine » sur leur premier effort), et cette phrase qui revient en boucle sur la fin du titre « I don’t like who I am. » ça ne peut laisser indifférent et c’est en ça que « Songs For The Eternal Queen » est un succès, il ne peut laisser de marbre tant le groupe a réussi à produire un disque percutant, violent, lourd, sauvage et destructeur. Je pourrai très bien allonger la liste, mais plutôt que des mots, allez écouter ceux vociférés par BLACK SHEEP WALL, qui en 2021, dépoussière le concept du mur sonore des lamentations.
Tracklist :