
MOISSON LIVIDE – Sent Empèri Gascon
Sortie le 3 mai 2024 chez Antiq Label.
Dès les premières notes de « La Sèrp d’Isavit », on ne peut s’empêcher d’avoir l’oreille qui se dresse tel un Grand Bleu de Gascogne qui vient d’entendre le son de la boite de pâté qui s’ouvre non loin de lui.
« Intéressant », « carrément bien fait », « oh putain » sont les premières pensées qui vous traversent l’esprit dès le morceau d’introduction qui place tout de suite le débat là où il se doit, c’est-à-dire en haut de la montagne la plus proche. Le mélange entre le chant black metal et de joyeux chœurs, le tout sur un heavy metal boosté aux hormones (naturelles) ne peut que ravir le fan de Boisson Divine, mais aussi de riffs distordus que je suis.
J’en ai rêvé, ils l’ont fait !
Pour ceux et celles qui n’ont jamais assisté à un concert de Boisson Divine dont est issu le projet Moisson Livide (notez en passant un excellent jeu de mots), outre le fait qu’il vous manque une expérience cruciale dans votre vie, je résume en trois mots ce que vous ratez : la fête, l’amitié et l’amour des choses bien faites.
Evidemment, le sombre côté quelque peu Livide n’a que peu d’occasions de s’exprimer.
Baptiste Labenne ou plutôt sa version un peu plus sombre sous le pseudonyme de Darkagnan s’est dit, que tant qu’à faire, non content d’avoir un groupe qui se suffit à lui-même, autant en ajouter un second, histoire d’occuper utilement les longues soirées d’hiver et de prouver que les artistes ne sont pas tous des feignants.
Mais revenons à l’œuvre de ce Sent Empèri Gascon fraîchement sorti chez Antiq Label le 3 mai 2024.
Si on voulait catégoriser de manière réductrice cet album, on pourrait le qualifier de heavy metal aux influences black et aux forts accents folk.
Faire mûrir un talent qui ne demandait que cela.
Cependant, si on veut être plus précis dans le grand catalogue des sous-genres de metal, on devrait probablement le qualifier de metal moissonneuse-batteuse traditionnel. En effet, l’utilité est la même que ce noble engin agricole : taper sur le crâne des céréales pour en sortir les grains, les séparer de l’ivraie pour en faire quelque chose de plus facile à utiliser. Et bien c’est exactement ce qui se produit ici : un bon coup sur le crâne de l’auditeur, on lui enlève ses pensées négatives et les influences néfastes de nos sociétés modernes, pour en sortir les meilleurs côtés. Le tout évidemment avec une séance de kinésithérapie gratuite et un bon relâchement des cervicales, histoire d’éviter les raideurs inutiles.
Les mélodies sont omniprésentes, bien que les accélérations musclées, la frénésie guitaresque et la violence du chant nous rappellent que c’est un pur produit du terroir bâti à base gaillards bien énervés. Néanmoins, les chœurs folks ne manquent à aucun titre, redonnant un peu de douceur mélodieuse à l’ensemble.
Cet album ressemble à un véritable aboutissement musical. En effet si l’histoire de Boisson Divine a commencé avant tout avec un pari fou entre amis encore collégiens en 2005, on sent que cela n’a pas empêché de faire mûrir un talent qui ne demandait que cela.
Bien sûr, Moisson Livide n’est pas à proprement parler une évolution de Boisson Divine, juste un autre aspect. Le groupe n’a d’ailleurs pas la vocation de jouer en live. Le côté pile de la face en quelque sorte. Le design n’est pas exactement le même, mais la pièce toute entière est bien faite du même metal noble !
Vous l’aurez compris, cela fait longtemps que je n’ai pas eu une aussi bonne surprise. Je m’y attendais, mais je suis quand-même étonné par la qualité de ce Saint Empire Gascon !
Retrouvez l’album ici sous forme digitale : https://antiqofficial.bandcamp.com/album/sent-emp-ri-gascon , mais aussi pour ceux qui préfèrent quelque chose de plus réel sous forme physique (CD /Vinyl).
Titres :
1. La Sèrp d’Isavit
2. Sus L’Arròda
3. L’òmi Xens Passat
4. Sent Empèri Gascon
5. Passejada Dolorosa
6. A.C.A.B. (Armanhaqués Comandò Anti Borgesòts)
7. Caçaire d’Eternitat