SALÒ – SORTEZ VOS MORTS
Sortie Février
CD – Coups de couteau / Cold dark matter records
K7 – Duality records
Je commencerai cette chronique en vous narrant mon premier contact avec SALÒ, un soir de confinement comme les autres, lassé par ce cercle vicieux semblant sans fin du appart / boulot /dodo. Je trainais des pieds ce soir là, admirant la nuit naissante obscurcir le ciel, les lumières froides des lampadaires éclairant les lignes de chemin fer qui s’entendaient indéfiniment à l’horizon, faisant brièvement croire qu’au bout, il y avait un autre chemin possible… Alors qu’en fait, il n’en est rien…Et pour reprendre les mots que l’on trouve sur le label Cold Dark Matter Records, « Sortez Vos Morts… est un résumé de comment ça se passe généralement après la fermeture de toutes les lumières au bout du tunnel. » A partir de cet instant, au moment où j’avais fini de lire ces lignes, le tunnel se fit de plus en plus sombre.
Il faut dire que commencer un ep en samplant un passage de « Seul contre tous » de Gaspard Noé, ça met tout de suite dans l’ambiance ! Violence, hostilité, froideur et désespoir ordinaire au programme, SALÒ annonce la couleur, et c’est avec le morceau « sans gêne ni haine » que le groupe commence à éteindre les lumières. C’est violent, sale, direct et il s’en dégage une sensation d’urgence quasi viscérale. Un blackened crust qui martèle nos sens jusqu’à les ankyloser, au point de perdre tout repaires. Le travail sur les samples est également remarquable, reprenant des répliques marquantes (en même tout ce putain de film est marquant) sur « Sans toit ni loi ».
Le groupe parvient à conserver tout le long de ce premier effort, une intensité de tous les instants, SALÒ n’autorise pas à reprendre son souffle, ils nous privent constamment d’oxygène. « Sonnez la curée» suinte ce côté asphyxiant, avec son intro digne d’un bombardement aérien de la seconde guerre mondiale (le sample des sirènes fait son petit effet), que l’on retrouve un peu plus tard dans le morceau.
« Contagion » vient finir de nous ensevelir dans les ténèbres. Titre d’actualité, pour des ténèbres justement qui le sont tout autant, la fin est soudaine, glaciale, à l’image de la déculotté que l’on vient de prendre.
SALÒ nous a embarqué sans le moindre effort dans son univers, qui bordel, ressemble salement au notre. Un ticket sans retour où effectivement, la lumière n’a plus lieu d’être
« Ça y est, j’ai chuté, et j’suis dans la merde. J’y suis tout entier, tout au fond. Mais je n’ai pas peur, au contraire, je ne demande de l’aide à personne. J’irai plus loin, j’irai jusqu’au bout, je creuserai un tunnel dans cet océan de merde qui m’entoure. C’est ça l’intérêt, adieu. »
Le Boucher.
Tracklist :