Un peu plus d’une semaine avant leur production au Petit Bain à Paris, nous avons échangé avec Jeff Angell au sujet des WALKING PAPERS, mais pas que…
Avec vos agendas personnels, à quoi ressemble l’organisation d’un groupe comme les WALKING PAPERS ?
A : On pourrait comparer cela à une portée de chatons. C’est difficile de nous garder dans la même litière. Certain sont toujours à la chasse à la pelote de laine, d’autres à se lécher la fourrure, mais lorsque nous pouvons nous réunir nous le faisons et en tirons le meilleur parti.
Vous êtes le compositeur principal de WALKING PAPERS, et ce deuxième album a été enregistré avant celui de Staticland, pourquoi est-il sorti si tard?
A : C’était politique… Nous avions terminé l’album et la bombe Guns N Roses a été lâchée sur les Etats Unis. Nous ne savions pas exactement à quoi nous attendre donc nous avons reporté la sortie de WP2. Avec Ben nous avons enregistré l’album de Staticland pour rester occupés.
Duff est le bassiste de Guns N Roses, je suis content que le succès continu pour lui et du bonheur que la machine à voyager dans le temps GUNS apporte à son public. Je le suis vraiment, mais ce sont mes chansons, ce sont des choses vivantes qui méritent d’être jouées et au fur et à mesure, elles grandissent et changent. Je veux voir cela se produire et partager cette évolution avec les personnes intéressées.
Quel est votre processus de composition au sein de WP?
A : C’est un peu comme si je laissais une oreille ouverte à une chanson pour qu’elle y construise son nid. J’attends juste une idée et je la divertie. Parfois c’est une sorte de puzzle facile, d’autres fois c’est plus compliqué et me demande plus d’effort. C’est vraiment ce que je préfère faire. Dégager du temps est plus difficile que d’écrire des chansons.
Avez-vous une chanson préférée sur cet album? (personnellement j’aime beaucoup «Death On The Lips»).
A : Death on the Lips est également ma préférée pour le moment. Mais je pense que Red & White est un vrai chef d’œuvre. J’ai passé plus de temps sur elle que sur Death on the Lips.
Death on the Lips incarne exactement la chanson parfaite pour moi, mais elle ne ressemble en rien à ce que j’imaginais qu’elle serait. Red & White est l’exemple clair de ce que ma collaboration avec Benjamin Anderson peut donner, avec des résultats plus riches que ce que nous pouvons produire chacun de notre côté.
Vous avez une longue histoire d’amitié avec Benjamin Anderson, avec qui vous avez collaboré au sein de plusieurs groupes. Est-ce un avantage ou quelque chose de compliqué à gérer pour un groupe comme WP?
A : C’est définitivement un avantage et une des relations les plus gratifiantes de ma vie. Nous sommes au-delà des amis à ce stade. Nous sommes plus proches de la relation qu’aurait un vieux couple marié.
Nous parlons très peu parce que nous savons déjà ce que l’autre va dire et que c’est généralement sarcastique et inapproprié. Et franchement les meilleurs moments sont ceux où l’on est avec les autres et laissons libre court à notre complicité dans la comédie.
Comment le public a accueilli votre dernier album ?
A : Certaines personnes ont eu des éruptions cutanées, d’autres la nausée, certains ont couru nu dans la rue! Je rigole!
Jusqu’à présent, le ressenti est plutôt bon. Les gens semblent l’apprécier encore plus que le premier disque. Les critiques ont été positives et la réaction du public en concert meilleure que jamais!
Qui est Jeff Angell? La musique est-elle un exutoire pour vos émotions?
A : Jeff Angell est un enfant qui a été élevé comme une mauvaise herbe et la musique lui a apporté le soutien qu’il n’avait pas chez lui. Maintenant que je suis un adulte, je sens que je dois rendre à la musique ce qu’elle m’a donné.
C’est un monde dans lequel je peux m’échapper et où je peux vivre par procuration à travers les personnages de mes chansons. C’est une thérapie, une distraction et une méditation. Je suis une meilleure personne le sachant.
J’ai chroniqué les deux albums de WP et votre album solo Staticland et je trouve toujours cette part de mélancolie dans votre approche vocale (comme la chanson «Red And White»). Êtes-vous mélancolique?
A : Je suis un mélancolique en voie de guérison! Je ne sais pas. Je pense que mes chansons sont des études de caractère et que, pour qu’un protagoniste développe son caractère, il a besoin d’un dilemme.
Les personnages de mes chansons sont mis au défi et je vois une beauté dans leur répondant. Une vie sans lutte ne vaut pas la peine d’être vécue. Alors peut-être que pour moi une chanson sans quelque tristesse ne vaut pas la peine d’être chantée.
Quelle sorte de relation avez-vous avec le public français?
A : J’ai un correspondant parisien auquel je réponds régulièrement et je me suis fait quelques amis avec lesquels je suis en contact et que je suis impatient de voir à chaque visite.
Je vous ai vu en concert avec WP (au Petit Bain & Hellfest) et Stactiland (au Klub) et ce sont deux sets très différents. Avec Staticland, c’était très intime dans une très petite salle. Avez-vous une préférence pour jouer?
A : Professionnellement, je préfère les plus grandes salles. Personnellement, j’aime les petits clubs où le son ricoche sur les murs et le public est assez proche pour faire partie du groupe. Toute sa vie un musicien évoque la gloire d’être sur une scène immense. Je suis passé par là et c’est fantastique, mais jusqu’à ce qu’on y arrive, ils ne savent pas vraiment que ce n’est pas aussi sauvage ou aussi passionné que dans les salles plus intimes. Elles sonnent toujours mieux et la connexion avec le public est toujours meilleure. On ne peut pas se cacher derrière la production, c’est du rock n roll mordant.
Peut-on s’attendre à avoir un prochain album de Staticland?
A : Je vais faire des albums. Peu importe le nom qu’ils porteront, le principal est de savoir comment transmettre la musique au plus grand nombre. Je pense que si quelqu’un écoute un disque que j’ai fait, peu importe qu’il s’agisse de Post Stardom Depression, The Missionary Position, Walking Papers ou Staticland, c’est tout le travail qui importe. Je me suis mis à définir un son pour moi-même et c’est un fil conducteur qui traverse tous ces enregistrements. C’est ce son qui a poussé ces énormes rock stars à jouer avec moi en premier lieu. Quand ils l’ont fait, ils ont validé ce son et l’ont présenté à leur public. Ils l’ont également élevé par leurs contributions.
J’espère ne pas sembler arrogant, mais c’est vraiment mon âme que j’y mets et les gens avec qui j’ai joué viennent y ajouter de la chair. Sauf peut-être pour ce que Ben m’a posé quelques fois. Donc ces fois ci cela vient de lui.
Qu’est-ce que cela fait d’être Jeff Angell?
A : Mec, tu poses des questions difficiles!
Surtout je suis père. Et quand j’ai eu mes filles, elles m’ont montré les plans de l’univers.
Au-delà de ça je ne sais pas parce que ça change avec les saisons de ma vie. J’étais fâché contre le monde, maintenant je suis frustré. J’espère qu’en vieillissant, je l’accepterai et ne verrai que la beauté du chaos.
Cela correspond à ta question précédente. Je pense que je suis en train d’écrire ces chansons en essayant de comprendre ce que cela signifie d’être Jeff Angell et cela a été le travail de ma vie.