Rencontre avec J. D. Simo à la Maroquinerie à Paris le 3 avril 2016, quelques heures avant son concert en ouverture des MONSTER TRUCK.
Bonjour JD. Tu as choisi un bon jour pour venir à Paris aujourd’hui (temps exceptionnel ce dimanche 3 avril 2016) ?
Oui tu as raison. Nous sommes là aujourd’hui et nous partons demain pour la Grande Bretagne. Je me suis baladé ce matin, pris mon café, comme un touriste à Paris. J’aurais aimé rester plus longtemps ici.
Combien de dates faites-vous sur cette tournée ?
Nous faisons une date en France, puis une semaine en Angleterre, une semaine en Belgique et en Hollande, 6-7 shows en Allemagne et ensuite retour aux Etats Unis. Nous avons fait 46 dates aux US. Nous sommes sur la route depuis Janvier.
Comment avez-vous appris à jouer de la guitare?
J’ai appris seul en écoutant de la musique. Quand j’avais 4-5 ans, au moment où le CD a remplacé le vinyle, je passais mon temps à déplacer le diamant sur les disques que j’écoutais afin d’en apprendre chaque note. Je n’ai pas acheté de CD avant mon adolescence en fait. Voilà comment j’ai réellement appris à jouer.
Comme un gamin j’étais attiré par tous les types de musique, et NIRVANA était vraiment le gros truc du moment, avec GREEN DAY et toute la production de Seattle. Puis je me suis mis à écouter de la musique noire américaine, une plongée aux sources et pas nécessairement que du blues. D’Aretha Franklin aux groupes de RnB des années 60, en passant par Shuggie Otis et le Jazz (époque pré-fusion), j’étais à l’écoute de tous.
Nous t’avions vu au Backstage à Paris en novembre dernier pour un showcase que tu avais donné à l’occasion de la sortie de ton album. Ce fut un grand moment d’émotion, et cela semble bien caractériser ta personnalité. Tu ne fonctionnes qu’au feeling non ?
Oh oui, ce fut un moment très tendre pour moi. J’essaye d’exprimer mes émotions à travers la musique que je joue. Certains le font mieux que d’autres. Moi, je suis un très mauvais acteur et ce que l’on voit sur scène est ma réalité.
Tu parlais d’Aretha Franklin, et certains disent que tu représentes la nouvelle vague du Blues. Recherches-tu la reconnaissance de tes pères ?
Oh, je ne l’ai pas encore. Il y en a un si grand nombre dont je suis reconnaissant. Pour ainsi dire, ceux qui me sont le plus proches sont morts depuis longtemps. Pour moi Keith Richards est un grand encore vivant aujourd’hui. Il personnifie tant de choses essentielles pour moi : c’est un très grand compositeur. J’adorerais avoir l’opportunité de jouer avec lui au même titre que j’aurais aimé jouer avec Michael Bloomfield et d’autres qui ont disparu aujourd’hui.
En général j’évite de lire ce que l’on écrit sur moi.
Comment décrirais-tu ton groupe, et son essence ?
Nous sommes un pur groupe de rock. Il y a des éléments de blues et de jazz dans nos compositions car nous improvisons beaucoup. Cela dépend du contexte dans lequel nous nous trouvons au moment de jouer. A l’image de groupes comme CREAM ou les ALLMAN BROTHERS qui étaient des groupes de rock avec une grosse dose d’improvisation, nous fonctionnons comme ça.
Quand on met les pieds dans un festival, nous « Jamons » le plus souvent possible, ce que ne font pas vraiment les groupes de rock. Il est difficile de nous catégoriser en fait. D’un point de vue marketing, c’est plutôt frustrant. Mais la beauté du truc c’est que nous continuons de construire notre base de fans. Et nos fans viennent de styles de musique très différents les uns des autres.
Nous sommes un groupe de gars un peu bohèmes dans le style de vie, avec une grande ouverture d’esprit. La musique que nous jouons est un amalgame de tous ce que l’on est, et qui reflète bien notre façon de vivre.
On sent bien que tu es très attachés aux choses et aux lieux. Je pense en particulier à la Big House de Macon et aussi à là Les Paul sur laquelle tu joues sur ton dernier album. Qu’en penses-tu ?
J’adore l’histoire. Un des gros problèmes de notre génération est justement cette ignorance du passé et ce comportement égoïste qui caractérise la jeunesse aujourd’hui.
J’aime savoir et comprendre d’où viennent les choses, c’est ainsi que je trace ma vie.
En ce qui concerne le studio ou nous avons enregistré Let Love Show the Way à Macon à la Big House, c’était la résidence des ALLMAN BROTHERS. C’est un endroit très spécial pour moi car c’est celui ou mes héros vivaient. Ils y vivaient en communauté avec les familles des roadies, un vrai camp de Hippies.
Nous avons pu y travailler pendant deux jours, et ce dernier album en est le résultat.
La guitare était là. Tu vois c’était une chose très importante pour moi car c’était celle de Duane Allman. Je jouais avec sa guitare, dans sa maison, c’était une expérience unique et incomparable : il n’a jamais été aussi proche alors qu’il est mort bien avant ma naissance. J’aurais aimé fumer un clope avec lui (rires).
Ça a du te coûter un rein pour pouvoir jouer avec (rires)
(Rires). J’ai rencontré le propriétaire de la guitare il y a une dizaine d’années, et nous sommes devenus amis. Il a été vraiment sympa de me laisser utiliser la guitare sur mon album. En général je ne change pas de guitare à chaque occasion, mais la…
C’est comme en concert : je le termine avec la guitare sur laquelle je l’ai commencé. Pour moi, le fait de jouer de la musique est comme une prière, je prie avec l’instrument.
Je n’aime pas planifier les choses. J’aime les laisser se produire comme elles doivent arriver.
Je trouve qu’aujourd’hui, dans le monde de la musique, les gens passent plus de temps à parler de la musique plutôt que d’en jouer. Je pense qu’un musicien doit faire de la musique comme il respire, il doit être plus le mouvement de créer pour donner une musique plus engagée et moins catégorisée par genre.
Regarde les BEATLES : ils n’improvisaient pas, ils étaient structurés. Mais ils étaient toujours dans un processus de création perpétuelle. Notre génération doit sortir de ces contraintes et se connecter à la beauté et l’énergie qui nous entourent. De tout temps la musique a été le lien au rapprochement des gens.
Votre dernier album est sorti très récemment. As-tu déjà un retour sur l’accueil qu’il a reçu ?
L’accueil semble plutôt bon, et le soutien bien là. Nous travaillons déjà sur notre prochain album, nous sommes travailleurs et n’avons de cesse que d’améliorer notre travail. C’est une sorte d’obsession qui ne s’arrêtera jamais. Nous venons tous d’une classe ouvrière, et cela se ressent dans notre façon d’avancer.
Comment composez-vous vos morceaux ?
C’est un effort de groupe, un vrai travail à trois. Il y a un million de façons de terminer un titre. Cela peut se faire en quelques minutes comme en quelques jours ou mois. Mon rôle principal la dedans est de faire le chanteur et d’écrire les paroles. On se colle dans une chambre et on compose. Cela fonctionne pour nous, c’est pour cela que nous composons tout le temps sur la route.
Comment te sens-tu avant de monter sur scène ce soir ?
Très excité. Cela fait quelques jours que nous n’avons pas joué et j’avoue que c’est quelque chose d’essentiel pour nous. Nous vivons pour jouer.
Nous sommes tous pareils dans le groupe, animés par cette passion de jouer.
Qu’écoutes-tu en ce moment, tes derniers coups de cœur ?
J’adore les GRATEFUL DEAD, notamment leur live à Paris de 1972 à l’Olympia.
Il y a aussi ce gars de Los Angeles, Raphael Saadiq. C’est une sorte de Marvin Gaye, il est vraiment bon et moderne, je l’écoute beaucoup ces derniers temps.
J’écoute toujours Hornett Coleman et souvent Ray Charles bien entendu.
Merci JD pour ton temps.
Que Dieu vous bénisse les amis. Merci pour votre temps. Merci d’avoir le groove les gars.
Un grand merci à Vincent pour la traduction 🙂