Interview exclusive de Fred Guillemet, le bassiste hard’n roll
Sorti en mai dernier, « Hard’N’ Roll Stories » est le dernier album douze titres de Fred Guillemet Band. Une communion de talents tels que Chris Mouynet, Laurent Pesenti ou encore Marc Piquet (ex-Killers), des pointures du monde du rock français sont invitées pour partager cette galette au mélange intéressant entre le hard-rock des années 80 et une musique plus musclée et plus moderne. Connu pour avoir été le bassiste dans Trust, Warning et Taxi, Fred Guillemet, lui- même est un routard du hard rock dès les années 80. Il poursuit sa carrière solo dans Face To Face et son projet Fred Guillemet Band. Pour ceux qui veulent jeter un coup d’oeil dans le rétro des années 80, lisez cette interview.
Tout d’abord, après avoir sorti « Too Close To Rock » en 2021, j’aimerais qu’on parle de ton dernier album sorti en 2024 « Hard’N ‘ Roll Stories ».
Fred : Je vis maintenant dans les Cévennes et j’ai commencé le projet avec des musiciens qui habitent dans le sud. Il y a deux ans, j’ai invité de nombreux musiciens comme Patrick Rondat (ndj : guitariste dans The Element, Jean-Michel Jarre, Elegy) et des musiciens que j’ai côtoyés tout au long de ma carrière professionnelle. À l’heure actuelle, j’essaie de trouver des dates pour jouer. On avait joué à la Fête de l’Huma en 2024 à Brétigny sur Orge. En ce moment ce n’est pas évident de trouver des dates.
Pourtant il y a de nombreux festivals à partir du mois d’avril : quasiment toutes les semaines en France.
Fred : Avec les budgets, ce n’est pas évident dans certains festivals. J’ai toute une équipe à transporter et il faut assurer la logistique, l’hôtel et le restaurant. Ce n’est pas évident à mettre en place. On demande un prix normal. Par exemple, pour moi, un budget de 150 € à quatre ce n’est pas possible.
Comment composes-tu ? A la guitare ou à la basse ?
Je compose à la guitare car c’est plus simple. Par contre, en live, je joue de la basse.
Est-ce que c’est facile de passer d’un instrument à l’autre ?
J’étais contrebassiste à la base et après je suis passé à la basse. Plus tard, je me suis mis à la guitare. Dans le hard rock, la guitare est primordiale. J’ai appris la contrebasse dans des cours au conservatoire de Malesherbes à Paris. J’étais avec Jean-François Jenny Clark, contrebassiste dans le jazz. Mais je me suis vite mis à la basse car j’étais attiré par le rock ‘n’ roll.
Comment passe-t-on de Trust à Fred Guillemet Band ?
Fred : J’avais commencé à jouer dans Taxi puis au sein de Warning avant de jouer avec Trust. Donc, j’ai fait les tournées et la télé avec Warning. Puis, j’ai fait notre groupe qui s’appelait The Element avec le chanteur de Warning (ndj : Raphael Garrido) et Patrick Rondat : on a fait un album en Allemagne. Ensuite, un copain, Elie Benali, directeur artistique chez Polydor, m’a annoncé la reformation de Trust en 88 et m’a dit : « Eh bien, essaie, postule ! » J’ai fait l’audition et j’ai été accepté. On a joué au Monsters of Rock à Paris avec Iron Maiden, Helloween et Anthrax qui avait repris le morceau « Antisocial ». Cela faisait 34 ans qu’ils avaient arrêté et les fans chantaient tous les paroles de leurs chansons. C’était extraordinaire ! Puis en 2000, j’ai joué dans le groupe de rock sudiste GL band avec Patrice Llaberia (Bijou) jusqu’en 2005. On a sorti deux albums. Cette année-là, Elie Benali nous a fait jouer au Bol d’Or. Voilà, je compose depuis longtemps. Sur notre dernier album, interviennent Daniel Puzzio (Vulcain) en tant que guitariste invité et un autre guitariste, Deamon Ricks.
Finalement quel a été ton meilleur souvenir au sein de Trust ?
Fred : Ça a été les Monsters of Rock. Les enregistrements que l’on a faits en studio, c’était également super ! Bernie, Nono, Vivi (ndj : de son vrai nom Yves Brusco) des gens vraiment super ! On s’amusait bien, on a bien rigolé. Ils avaient du talent. Vivi est passé à la guitare et moi j’ai pris le poste de bassiste.
Pourtant il y avait des tensions entre eux et il y a eu plusieurs tentatives de reformations. Tu as joué avec Shakin Street également.
Fred : Oui, avec Fabienne et toute l’équipe. Il y avait aussi Ross the Boss le guitariste de Manowar. On a joué en Suède au Sweden Rock Festival. Je connaissais Jean-Lou Kalinowski (batteur de Shakin Street) qui m’a demandé d’intégrer le groupe. On a fait des concerts en Suisse, en Belgique dans les années 2008. Jean-Lou me connaissait du Hard Rock Café où l’on jouait souvent avec GL Band. Il aimait bien mon jeu de basse et le bassiste d’origine était occupé, donc il m’a proposé le poste. J’étais content de me retrouver dans ce projet.
Et les tournées à l’époque se faisaient en bus tout comme aujourd’hui.
Fred : Oui tout à fait. Et en parlant de bus, lorsqu’on était en tournée avec Face to Face en première partie de Johnny Hallyday… Ça, ce sont des gros souvenirs. Ça s’est bien passé même si ce n’est pas du tout le même public. On a eu à chaque fois un superbe accueil. Avec Johnny, ce n’est pas évident, tu ne restes pas quatre mois si ça ne plaît pas. On a eu peur le premier concert. Le soir du premier concert, on s’était dit : « Si on se fait sortir le premier soir, c’est terminé ! Et à la fin du set, ça a été une explosion d’applaudissements et notre manager Jean-Louis Camus nous a dit : « Johnny a apprécié, vous restez sur la tournée de quatre mois ! »
Il est clair que la première partie joue sous l’aile de la tête d’affiche.
Fred : Bien sûr ! Johnny avait écouté le disque et durant la tournée, on avait de bonnes relations. Un soir, avant de monter sur scène, il est venu nous voir dans la loge et nous a demandé de faire une reprise de Deep Purple : « Smoke On the Water ». Le lendemain, on a joué ce morceau et là, c’était le délire dans la salle. Johnny est revenu me voir le soir, il me dit : « Eh bien alors, qu’est-ce que je t’avais dit ? ». Le public de Johnny ne connaît pas trop le rock mais ils chantaient les paroles ! Deep Purple passait souvent à la radio et dans les clubs dans les années 70. Surtout ce morceau !
Est-ce que les ventes des albums et les concerts donnés t’ont permis d’en vivre ?
Fred : C’est assez dur de vivre une carrière de rocker mais en tant qu’intermittent du spectacle, j’y suis parvenu. C’est beaucoup plus difficile d’en vivre quand on joue du rock que de la variété. J’ai été épaulé par ma femme qui m’a beaucoup aidé pendant 40 ans. Le soutien de la famille, c’est important !
Tu as beaucoup de souvenirs et tu as fait une longue route sur cette planète. Mais si tu partais sur une île déserte qu’apporterais-tu avec toi ?
Fred Guillemet : Ma basse !
Et comme disque ?
Fred : Le premier album de Face to Face.
Et ton meilleur souvenir restera?
La naissance de ma fille. Elle est née durant la tournée avec Johnny Hallyday. Le chanteur l’a annoncé sur scène ! Il a dit : « Il y a un sixième membre dans Face to Face, la petite Marion » qui est née en 1992 et on jouait à Bercy. C’était grandiose !
On arrive à la fin de l’interview. Est-ce que tu as des choses à ajouter ?
Fred : Je suis en train de composer des morceaux pour le prochain album mais j’essaie déjà de me battre pour celui-ci pour avoir des dates. Les gens ne connaissent pas spécialement cet album et donc il faut le faire connaître.
C’est entendu ! Pour les tourneurs, si vous avez un groupe à faire jouer, c’est celui de Fred…
Line up Fred Guillemet Band
Line up Face to Face
Fred Guillemet (basse)