Rencontre avec Harvard Takle Ohr , batteur de Kvelertak – Motocultor 2024
Harvard Takle Ohr est un batteur norvégien qui a commencé à jouer de la batterie professionnellement après avoir quitté l’école à l’âge de 17 ans. Professionnel depuis 20 ans, il a tourné et enregistré des disques avec les meilleurs artistes norvégiens et rejoint Kvelertak en 2019.
Lionel/Born666 : On peut revenir sur votre prestation au Hellfest qui a marqué les esprits ?
Harvard Takle Ohr :Je peux te dire que c’est le meilleur show que je n’ai jamais fait avec le groupe. Même ceux qui sont là depuis le début m’ont dit qu’il fait parti du top 3, top 5 des meilleurs shows. Et c’est bien que cela soit arrivé en France, pays que nous adorons.
Lionel : Ton parcours dans Kvelertak ?
Harvard : Je suis arrivé en 2019 je suis dans le groupe depuis cinq ans, je joue à partir de l’album Splid (Rise Records), et je joue donc sur deux des cinq albums de Kvelertak.
Sur le nouvel album Endling, de nombreuses chansons traitent de thèmes liés au folklore norvégien. Qu’est-ce qui vous a décidé à aller dans cette direction ?
Je ne sais pas, tu sais, je ne participe pas à l’écriture des paroles. Je suis juste le batteur. Ouais, mais tu sais, je pense qu’au lieu de parler des thèmes classique sur les Vikings comme dans le metal de nos jours, on a traité différemment le sujet.
Je ne sais pas mais peut-être que nous voulions parler un peu plus de choses dont les gens n’ont pas entendu parler, vous savez des histoires de la côte ouest de la Norvège d’où nous venons.
Je suis fatigué d’entendre toujours ces histoires « Vikings » qu’on nous proposent toujours dans le metal des pays scandinaves. Alors, on essaie de faire autre chose, tu sais. Ouais. Faire quelques choses sur des histoires moins connues qui existent sur le folklore norvégien.
Parfois, dans les différents groupes venus de Norvège, on peut entendre de la musique folklorique parlant d’histoire de shaman…
Parmi les mecs derrière moi (il me montre les autres membres du groupe)…Ils gèrent les paroles donc je ne peux pas aller trop profondément dans la façon dont cela a été fait… Comment ils ont trouvé ce genre de choses ? Mais je sais pertinemment que nous essayons de faire quelque chose de complètement différent de ce à quoi nous sommes habitués ou de ce que font les autres groupes. Tu verras qu’il n’y a pas de groupe qui abordent les sujets dont on parle sur Endling.
En Norvège le ratio entre nombre de groupes de metal et habitants est assez extrême…
C’est un si petit pays, tu sais, je pense que nous avons fait de bonnes choses au fil du temps. Bien sûr, il y a une scène black metal. Je ne suis pas vraiment fan de black metal moi-même. Je suis plus un fan de rock ‘n roll bien sûr. Nous sommes vraiment fiers de cette scène musicale, tu sais c’est assez phénoménal, certains sont connus dans le monde entier.
Ils ont mis la lumière sur votre pays…
Oui et nombre d’entre eux sont talentueux…
De plus, la couverture d’Endling présente des hiboux. Dans le passé, les hiboux étaient un thème visuel constant pour le groupe. Quelle est la fascination pour cette créature pour le groupe ?
Je ne sais pas si je connais l’histoire derrière la façon dont le hibou est apparu. Si c’est une coïncidence ou si c’est quelque chose que nous avons voulu en tant que groupe, mais je sais que lorsque nous travaillons avec un gars comme Marald (Van Haasteren a travaillé pour Baroness, Black Pyramid, Kylesa…) qui est l’artiste derrière la pochette de l’album.
On lui a laissé les mains libres pour faire ce qu’il voulait. Peut-être que nous lui avons donné une direction à propos de pouvoir utiliser des hiboux.
Si vous donnez trop de directives à une personne créative, vous risquez de l’empêcher de se lâcher dans sa créativité, ses délires. Vous devez lâcher du leste… sinon ça restreint le champ des possibilités. La pochette est hallucinante. Je me demande encore comment quelqu’un peut-il faire ça tu sais ?
D’un point de vue musical, lorsque vous écrivez des chansons, les écrivez-vous en pensant ce que cela va donner sur scène ?
Je ne sais pas du tout, je ne leur en ai pas parlé…
Si tu écoutes un titre sans paroles ni mélodie, peut-être que tu essayes de ressentir la chanson. De quoi devrait-elle parler ? De quoi pouvons-nous chanter dans ce genre de chansons ? Tu sais, c’est totalement aux auteurs de décider.
Ils sont tous différents. Tous les auteurs-compositeurs sont différents dans leurs méthodes et leur façon de travailler. Donc je ne sais pas, parfois ça arrive rapidement, en 5 minutes. Ça va vite : j’ai l’idée, « ça doit parler de ceci de cela », « j’ai un truc sur mon téléphone depuis deux ans, je peux l’utiliser avec ces paroles » et ainsi de suite…
Ensuite vous pouvez voir clairement de quoi il s’agit et vérifier si ça fonctionne ensemble.
Aussi agressives que soient vos chansons, vous n’oubliez jamais d’ajouter un refrain accrocheur avec des mélodies et de gros riffs. Quelle est votre recette ?
Nous essayons de voler des idées parmi les meilleurs. (rire).
C’est un peu de punk rock, un peu de rock ‘n roll, un peu de black metal, un peu de hardcore, de metal et on mixe tout dans un Melting Pot. Nous ne sommes pas nombreux à jouer ce genre de musique.
Pourtant, mon rêve ce serait de vous voir avec Turbonegro en tournée.
Oui on a aussi quelque chose de Turbonegro aussi. Ils avaient tellement eu de succès dans les années 2000, et ce sont de bons amis. Oui ce serait une belle tournée.
Le groupe rentre dans sa deuxième décennie d’existence.
Nous jouons ensemble depuis 15 ans.
Alors, vous pensiez jouer aussi longtemps?
Je le vois comme ça. Ma vie c’est de jouer de la batterie, être assis dans un bus, partir en tournée et enregistrer des disques, et soudain, 30 ans se sont écoulés. Je joue et je vis en jouant de la batterie depuis 30 ans. Je vis un rêve.
Je ne vois pas grand chose devant moi. Tu sais, j’essaie juste de profiter de ce long voyage. Ça passe vite. On a commencé cette tournée en été… en mai, oui, fin mai, et je ne me souviens plus de ce que j’ai fait le mois dernier. Quand je vois des photos de nous en train de jouer à Greenfield. « Ah oui la scène était comme ça… »
Le temps passe vite, on essaye de le retenir et on essaye toujours de faire le mieux qu’on peut.
Toujours content d’être sur les routes?
J’adore jouer avec ce groupe. Même si j’ai une famille à la maison et que j’ai des enfants, j’aime beaucoup jouer de la batterie, partir en tournée. Donc oui, c’est une façon de vivre pour moi.
Tu veux rajouter quelque chose?
J’espère que les gens seront encore là à 1h du matin ce soir parce qu’on joue tard.
On joue souvent tard. Peut-être que si les gens écoutent de la musique depuis aujourd’hui ils peuvent être fatigué…
… oui mais c’est la première journée…
C’est vrai mais notre show est bien rodé depuis maintenant plus de 2 mois…
Et ça va se passer très bien…