Interview Heilung – Hellfest 2022 – jeudi 23 juin 2022
(Christopher Juul, Kai Uwe Faust, Maria Franz)
Bonjour et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
- Nous avons eu la chance de vous voir plusieurs fois sur scène depuis vos débuts, et vous avez rapidement atteint un niveau plutôt élevé en termes qualité et de scénographie. Que souhaitez-vous pour le futur proche ? Quelle évolution envisagez-vous pour le groupe ?
Actuellement nous essayons de rattraper les deux dernières années. Beaucoup de shows ont été reportés puis re-reportés donc nous essayons de tout remettre en place.
Par ailleurs effectivement, nous sortons un nouvel album, le 3ème, en Août : « Drif ». Le 1er titre est sorti hier « Anoana » avec la vidéo.
C’est très excitant de travailler sur de nouvelles choses. Kai a tout un livre d’idées donc nous allons être très occupés c’est sûr nous ne sommes pas près de nous ennuyer avec ce projet.
- Votre 1er album était considéré comme ayant un côté plus « masculin », le 2nd un côté plus « féminin », à quoi peut-on s’attendre pour ce 3ème album ?
Ce 3ème album est un regroupement de chansons qui voulaient être ensemble. Comme de petits oiseaux, nous les avons attrapées et maintenant elles vivent ensemble dans l’album. Le mot Drif signifie « rassemblement », ce qui est également ce que nous vivons lors de nos performances en live. D’un coup il y a un grand rassemblement de personnes qui ne se sont jamais rencontrées. Elles sont là, pour ce moment. « Drif » c’est également des chansons individuelles rassemblées dans un album tout comme chaque personne est un individu dans la foule. Les deux premiers albums sont très opposés et maintenant nous sommes dans une approche plus spectrale, très libre, sans liens.
- Les paroles des chansons sont constituées de différents mots de différentes langues, est-ce que ce n’est pas un problème que les gens ne puissent pas comprendre ce que vous dites ? Faut-il considérer les voix comme un instrument complémentaire ?
Je pense que c’est un avantage que le public ne comprenne pas ce que nous chantons, car cela laisse de la place au mystère. Nous sommes dans un monde dans lequel nous voulons tout expliquer, tout connaitre au plus vite via internet, et il y a de moins en moins de secrets. Mais il y a tout de même des choses profondes que l’on ne peut pas saisir, et ces choses insaisissables sont très présentes dans notre musique. Nous ne souhaitons pas dicter à qui que ce soit ce qu’il doit croire, nous souhaitons juste faire ressentir les choses. Il faut simplement fermer ses yeux, ouvrir ses oreilles et les choses parleront à votre cœur même s’il s’agit d’une langue morte. Chacun attrapera des choses, cela arrive chaque fois partout où nous allons, on peut ressentir les mots sans les comprendre totalement. C’est comme cela que vous pouvez vous faire votre propre idée, votre propre compréhension de ce qu’il se passe.
1 âme = 1 arbre pour compenser notre voyage.
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Il y a beaucoup de monde sur scène pour vos rituels, comment faites-vous pour voyager ? J’imagine que vous ne réservez pas un avion complet pour déplacer tout ce monde ! Comment cela se passe-t-il ? Vous avez joué aux Etats-Unis et vous prévoyez une nouvelle tournée là-bas bientôt, comment allez-vous faire ?
Rires, bonne question ! J’adorerais y aller en bateau mais c’est un peu lent et comme nous n’avons pas inventé de pont chamanique pour nous déplacer, c’est en effet compliqué de voyager avec 9 guerriers et toutes sortes de matériel qu’il n’est pas très habituel de mettre dans un avion comme des lances. Mais jusqu’ici nous avons eu la chance de travailler avec les meilleurs pour faire en sorte que tout se passe pour le mieux et nous en sommes vraiment contents. En parallèle nous essayons de compenser au mieux le fait que nous voyagions, nous sommes très engagés par rapport à cela. Pour chaque personne qui participe à nos rituels aussi bien devant la scène que dessus ou derrière, nous plantons un arbre : 1 âme = 1 arbre pour compenser notre voyage.
Sur scène il y a 17 personnes. 9 guerriers, 8 musiciens plus les équipes qui s’occupent du son et des lumières. En tout 9 pays différents sont représentés. Nous sommes quelques-uns localisés au Danemark, mais il y a aussi un français, deux suisses, il y a également des personnes qui viennent de Suède, Ukraine, Allemagne, Pays-Bas beaucoup des Pays-Bas d’ailleurs, donc c’est toujours un gros puzzle de réunir tout le monde et de voyager. C’est pourquoi la société de production Solver nous aide énormément pour toute la logistique de voyage.
- Vous avez également une grosse communauté derrière vous. Faites-vous parfois appel à cette communauté pour monter sur scène avec vous ?
Oui, les « guerriers » ont une invitation permanente. Si vous voulez devenir un « guerrier », il faut envoyer une demande à heilungwarrior@gmail.com pour postuler. Vous recevrez alors les instructions sur la façon de précéder. Et bien-sûr si des candidats qui habitent déjà aux Etats-Unis et ont une expérience en chorale se proposent cela nous intéresse car ce sont des personnes qui n’auront pas à traverser l’océan. Nous avons déjà des contacts.
- Le fait que ce ne soit pas la même culture ne pose pas de problème ?
Non, pas du tout car ce qui compte c’est le cœur, pas l’endroit ou on est né. Seule compte la réelle volonté de participer et de remplir tous les critères pour participer. D’avoir les bonnes intentions, de savoir fonctionner en groupe. Rires ! Surtout de ne pas râler tout le temps et ne pas manger toute la nourriture dans le tour bus ha ha ! Voilà quoi… ha ha ! Ce genre de chose nous saoule assez rapidement ha ha !
- Vous avez une communauté assez importante qui vous suit, quel effet cela fait-il d’avoir autant de gens qui vous suivent et qui connaissent tant de choses sur vous ? N’est-ce pas un peu effrayant ?
Non, ils sont super cools. Ils sont très sympathiques et gentils. Ils nous souhaitent le meilleur, on le ressent et c’est génial. On dit souvent que nous ne pensons pas que nous avons des fans ou quelque chose comme cela. Nous pensons que nous avons plutôt des amis, des frères et sœurs. Bon évidemment je n’inviterais pas tout le monde chez moi car cela fait beaucoup d’amis (rires), mais les gens qui comprennent ce que nous faisons sont simples et humbles et du coup nous nous ressemblons beaucoup.
- Votre nouvelle vidéo « Anoana» est magnifique. Les paysages sont superbes où l’avez-vous tournée ?
En Norvège. Tout a été filmé en Norvège.
- Ohh ce sont les bœufs musqués de Dovrefjell donc ?
Oui c’est ça, pas très loin de Trondheim. Et les plages sont celles des Lofoten.
- La vidéo de « Norupo» a été tournée en France, sur le site de Monteneuf en Bretagne très exactement. Comment diable avez-vous trouvé cet endroit que la plupart des français ne connaissent pas ?
Rires ! Alors ça, c’est le secret de Kai ! Il a beaucoup de ressources !
Kai : oui j’étais en charge de trouver un endroit et… enfin… j’ai mes sources… ha ha !
- Comment était l’expérience au Etats-Unis ? L’endroit (Red Rocks) avait l’air magnifique.
Oui c’est un endroit très spécial et nous avons eu la chance d’avoir des personnes originaires de là-bas sur scène avec nous. Cela nous a fait nous sentir très fort surtout après le long break que nous avons eu donc oui c’était merveilleux vraiment.
- Petite question pour Maria uniquement maintenant. Quel effet cela fait-il de se retrouver face à soi-même ? Lors d’un festival en Norvège, une artiste française Virginie Ropars a fait une sculpture absolument incroyable de vous. C’était impressionnant de ressemblance.
Ohhh oui ! Elle est fantastique ! Superbement réalisée. Elle est maintenant sous verre dans notre studio, on lui a réservé un très bel emplacement. Virginie a tellement de talent c’était vraiment un honneur !
- Dernière petite question enfin deux en fait. C’est Michael Berberian qui est crédité sur le titre 3 « Tenet» ? Que fait-il là ?
Rires. Oui c’est lui ! Il frappe un tambour aussi fort qu’il peut. Je ne dirais pas exactement quand il apparait mais on avait besoin d’un petit coup supplémentaire de la part du label rires !
- Et bien merci beaucoup, le soleil tape dur lui aussi aujourd’hui j’espère que vous n’allez pas trop en souffrir pendant le show, cela ne doit pas être facile sur scène.
C’est vrai on ne doit pas être loin des 40° là.
- Je crois qu’on y est en fait… à ce soir sur scène !