Among The Living
Live Report

Dark Medieval Fest 2025

DARK MEDIEVAL FEST 2025

samedi 3 mai – Lamure-sur-Azergues

DARK MEDIEVAL FEST

Le Dark MedievalFest s’est affirmé comme une date incontournable!


Le printemps 2025 a marqué le retour d’un joyau méconnu de la scène pagan et black metal française qui se cache dans les profondeurs du Beaujolais.

En ce samedi 3 mai 2025, la charmante commune de Lamure-sur-Azergues, nichée entre Roanne, Mâcon et Lyon, accueille la cinquième édition du Dark Medieval Fest. Ce festival, qui a su se forger une identité unique dans le paysage des événements metal en France, propose une expérience immersive allant bien au-delà des simples concerts. Établi dans la Salle Pluraliste de Lamure-sur-Azergues, le festival bénéficie d’un cadre idéal au cœur du Beaujolais vert, entouré de petites montagnes et de forêts de sapins.

Nous n’avons d’ailleurs pas hésité à en profiter pour faire une petite randonnée le lendemain dimanche pour profiter un peu plus de cette belle région.



Mais revenons au festival.

Après quatre éditions couronnées de succès, malgré les obstacles liés notamment à la pandémie et à tous ces nombreux soucis qui sont autant de défis à relever pour une association. Golden Stone Events, présidée par Nathaniel Reynaud, revient avec une programmation ambitieuse qui ne peut que ravir les amateurs de musiques extrêmes et d’ambiances médiévales.

Pour cette édition 2025, le Dark Medieval Fest a concocté une programmation éclectique mais cohérente, réunissant sept formations aux influences variées mais toutes ancrées dans les univers pagan, folk et black metal. L’affiche vend en effet du rêve et promet à la fois une grosse fête et du bon metal ténébreux.


DARK MEDIEVAL FEST


Après quelques petits soucis de sound check, c’est aux Vils Gueux que revient l’honneur d’ouvrir, certes avec plus d’une demi-heure de retard, cette édition. Ceci dit, ce léger contretemps nous a permis de flâner tranquillement dans le marché et de discuter. Au final, cela fait du bien de ne pas courir derrière le temps, comme dans les grands festivals où tout s’enchaîne tel un RER en surchargé aux heures de pointes.

On est là pour pro-fi-ter !

Vils Gueux :



Premier concert, premier album, les Nantais ont la patate. Il faut dire qu’après avoir traversé la France en dix heures, il vaut mieux ne pas faire dans les détails.

Et effectivement, la formation porte bien son nom : ils sont vils, ils sont gueux. On est dans le côté sale du Moyen-Âge. La preuve, le concert se termine par une chanson parlant d’une bonne chiasse pour bien garder un bon souvenir du groupe.

En fait, on est face à un black metal bourru qui fleure bon la campagne. Et très franchement, l’ambiance du paysan médiéval un peu énervé est bien rendu.

Les paroles méritent le détour, et leur album éponyme mérite une écoute attentive.

Ce n’est pas parce que les gueux sont crottés qu’ils ne savent pas manier la fourche (et la guitare) avec un certain brio !

Bonne surprise donc, cela promet pour la suite !

Malepeste


Nous restons dans le black metal, mais avec un style plus ambiant, avec une certaine lourdeur majestueuse qui ose intégrer quelques plages de synthés.

La formation presque locale, venue de Lyon, puise ses racines dans la riche tradition du black metal français tout en y insufflant une dimension occulte et ritualiste. Leur nom, évocateur de fléaux anciens, reflète leur fascination pour les thèmes de la mort, de l’occulte et des rituels ésotériques.

D’ailleurs, le vocaliste Larsen, prend souvent des poses extatiques. Clairement, le groupe envoie du lourd et le concert est de haute qualité, c’est d’autant plus remarquables que de jouer en pleine après-midi n’est jamais facile.

Les amateurs d’un black metal oppressant et néanmoins mélodique ne peuvent qu’apprécier !

Circles Ov Hell :



Originaire de Nantes et formé en 2018, le groupe propose un blackened death symphonique ambitieux, entièrement conçu autour de l’œuvre monumentale de Dante Alighieri, La Divine Comédie.

Le projet de Circles Ov Hell se distingue par son concept : une adaptation des neuf cercles de l’Enfer décrits par Dante, tant dans les textes (en anglais) que dans l’atmosphère musicale. Cette démarche narrative et immersive se traduit par une musique à la fois furieuse, martiale et quelque peu théâtrale, où les orchestrations symphoniques côtoient des riffs acérés et un chant extrême.

Cette ambition peut sembler lourde à porter face à un public bon enfant en pleine après-midi orageuse, mais nos compères ne s’en sortent pas si mal que ça si on peut en juger de l’intérêt des spectateurs.

Encore une formation qui mérite d’être suivi avec une discographie à découvrir.

Nydvind :



Parmi les têtes d’affiche du Dark Medieval Fest 2025, Nydvind s’impose comme l’un des piliers incontournables de la scène pagan black metal hexagonale. Fondé à Paris au début des années 2000, le groupe s’est forgé une solide réputation grâce à son approche ambitieuse, à la fois narrative, immersive et profondément ancrée dans l’héritage nordique et païen.

Aux côtés de formations historiques comme Bran Barr, Aes Dana, Belenos ou Himinbjorg, Nydvind fait figure de pionnier du pagan metal français. Le groupe a su traverser les décennies tout en préservant sa singularité et son exigence artistique.

Nydvind s’est d’abord illustré avec une musique froide et nordique, qualifiée de « Nordic Heathen Metal », où les ambiances hivernales et les influences de groupes comme Kampfar dominaient. Mais le groupe a franchi un cap avec l’album Seas of Oblivion (2018), premier volet d’une ambitieuse tétralogie consacrée aux éléments naturels. Les compositions, longues et immersives, oscillent entre passages black metal tranchants, envolées mélodiques, chœurs virils et moments acoustiques contemplatifs.

Sur scène, Nydvind privilégie l’énergie et l’efficacité, adaptant ses morceaux souvent longs à des formats plus directs et percutants. Le contraste entre la richesse atmosphérique du studio et la puissance live fait de chaque prestation un moment rare, où l’intensité musicale prime sur l’esbroufe.

En ce début mai, le côté exceptionnel du concert vient de l’absence de dernière minute du batteur. Certes, la technique permet un remplacement en urgence, mais tous ceux qui pratiquent un instrument savent à quel point il est difficile de suivre une machine, qui n’a pas l’empathie et la faculté d’adaptation d’un être humain en chair et en os.

Jouer avec l’électronique qui donne le rythme est un exercice ardu pour le trio restant sur scène. C’est une épreuve d’autant plus intense quand on connaît la complexité inhérente des compositions de Nydvind !

J’avoue avoir été surpris de la capacité du groupe a joué sans l’indispensable batteur, sans pour attend que cela se remarque vraiment musicalement.

C’est encore une preuve de plus de la qualité inhérente du groupe.

Himinbjorg :



Parmi les pionniers du pagan à la française, Himinbjorg occupe une place à part dans le paysage du metal extrême français. Originaire de Savoie, la formation, active depuis près de trente ans, s’est imposée comme une véritable institution du pagan black metal, alliant puissance, authenticité et profondeur thématique.

Fondé dans les années 1990, Himinbjorg s’est forgé une réputation d’intégrité et de fidélité à ses racines. Le groupe, mené par le charismatique Zahaah, puise son inspiration dans la mythologie nordique, les légendes ancestrales et une quête de retour à la nature. Leur nom lui-même fait référence à la demeure céleste du dieu Heimdallr dans la mythologie scandinave, symbole de vigilance et de lien entre les mondes.

En septembre dernier, Himinbjorg a sorti The Fall of Valhalla, un album sincère et sans compromis, loin des standards lisses du metal actuel.

Fidèle à son style, les titres joués ce soir sont conçus comme une étape d’un voyage initiatique, alternant passages martiaux, accélérations black metal, influences death/thrash et moments plus atmosphériques. On peut noter que Fred alias Zahaah a troqué son habituelle basse contre une guitare, ce qui est une combinaison rare sur scène, mais qui semble ici très naturelle.



Himinbjorg a su évoluer au fil des décennies, intégrant parfois des éléments folks sans jamais perdre sa force d’évocation ni sa radicalité. Le concert de ce soir s’inscrit dans la continuité d’un parcours exemplaire, fait de fidélité à une vision artistique et d’une capacité à rassembler autour de valeurs ancestrales et d’une musique viscérale.

Notons au passage l’arrivée en fin de concert du festif Baptiste Labenne de Boisson Divine, qui a déjà foulé la scène à plusieurs reprises avec Himinbjorg.

Himinbjorg, c’est l’assurance d’une expérience live à chaque fois intense, où la rage, la mélodie et la spiritualité s’entremêlent pour offrir au public un authentique voyage. Même les cieux ne s’y sont pas trompés, car dehors l’orage qui guettait la région s’est enfin libéré pendant le show.

Boisson Divine :


L’autre tête d’affiche arrive sur scène. Boisson Divine incarne à merveille la fusion entre traditions du Sud-Ouest et puissance du metal moderne. Originaire du Gers, ce groupe fondé en 2005 par Baptiste Labenne et Adrian Gilles s’est rapidement imposé comme l’un des porte-étendards du folk metal occitan, alliant énergie, authenticité et enracinement régional.

Boisson Divine propose un mélange singulier de heavy/power metal, d’énergie quasi punk-rock et de musiques traditionnelles gasconnes. Leur musique se distingue par l’utilisation d’instruments folkloriques, des chœurs polyphoniques pyrénéens, et des textes chantés en français comme en gascon, la langue de leurs ancêtres. Les influences revendiquées vont d’Iron Maiden à Accept, en passant par Finntroll, Eluveitie ou Dropkick Murphys, tout en restant profondément attachées au terroir et à la culture occitane.

Leur univers lyrique célèbre la vie rurale, la fête, mais aussi l’histoire riche de l’Occitanie. Les chansons de Boisson Divine sont à la fois festives et engagées, oscillant entre odes à la terre, hommages à des figures historiques et refrains à reprendre en chœur, dans une ambiance de convivialité typique du Sud-Ouest.



Bien après leur premier album, Enradigats (2013), remarqué en son temps pour son originalité, le groupe a confirmé depuis son succès et une maturité artistique ainsi qu’une richesse musicale encore plus affirmée. Le « side project » Moisson Livide, orienté black metal est d’ailleurs une preuve de plus de la pluralité de leurs influences.

Comme à leur habitude, malgré l’absence du beau chant d’Agathe ce soir, la joyeuse bande a été efficace comme remède anti-morosité avec un concert haut en couleur, festif et fédérateur. Le public a pu communier autour d’une musique à la fois puissante, enracinée et résolument vivante.

Encore une fois on peut dire que la Gascogne, ça cogne fort !

Il est bien tard, passé minuit et le public est déjà un peu éparpillé. Sans doute que les diverses contraintes de retour au bercail ont convaincu certains de rentrer surtout qu’il faut bien avouer que la véritable tête d’affiche vient de terminer avec brio son concert et qu’il y a eu un sympathique spectacle de feu entre temps, maintenant que le petit orage est allé dans une autre vallée.



Selvans :



Selvans incarne depuis plus d’une décennie la quintessence du black metal atmosphérique et théâtral italien. Originaire des Abruzzes, le groupe s’est forgé une identité en mêlant black metal, influences folk, orchestrations progressives et une esthétique profondément ancrée dans le folklore et la mythologie de l’Italie antique.

Leur musique, qualifiée de « dark Italian art », puise aussi bien dans l’héritage romain que dans l’imaginaire horrorifique italien, avec des textes et un univers visuel inspirés des contes et rituels païens.

La venue de Selvans au Dark Medieval Fest 2025 revêt une dimension particulière : il s’agit ici sans doute de la toute dernière occasion de voir le groupe sur scène en France avant qu’il ne tire sa révérence.

Malgré une salle à moitié vide, Selvans a livré un ultime concert habité, fidèle à son art théâtral et païen, rappelant à ceux présents que « tout retourne à la terre, cendres aux cendres, poussière à la poussière » — mais que l’énergie du rite, elle, subsiste tant qu’il reste des témoins pour la célébrer.

Pour cette 5ème édition, qui a failli ne pas avoir lieu, le Dark Medieval Fest s’est affirmé comme une date incontournable pour les amateurs de cette bonne ambiance qui sait mélanger un sympathique marché médiéval, des bonnes bières et de l’excellente musique !

Vivement l’année prochaine en tout cas !

Et un grand merci à tous les bénévoles et organisateurs, sans qui la scène metal « extrême » n’existerait tout simplement pas !


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