ORANGE METALIC Festival 2023
Mardi 8 aout 2023 – Orange
Avant tout le Orange Metalic Fest c’est une histoire de rencontres. Celles d’une ville paisible et charmante qu’un Mistral salvateur protège des assauts d’un soleil de plomb, d’une production entreprenante et d’un lieu chargé d’histoire. Pour la deuxième année consécutive, la ville d’Orange propose le Metalic Festival au sein de son théâtre antique, écrin improbable qui accueille une affiche qui ne l’est pas moins. Cette année, la délicatesse de la précédente édition (Within Temptation, Epica, Beast In Black) fait place à l’énergie de 4 formations armées pour faire trembler ce pan d’histoire superbe.
TRIVIUM
C’est aux américains de Trivium d’ouvrir le bal devant un théâtre qui a quasiment fait le plein. Avec un dernier album sorti en 2021 (In The Court Of The Dragon), Trivium tourne sans réelle actualité. Matt Heafy va prouver une fois de plus son efficacité en tant que front man charismatique, menant un set sans temps mort avec un combo qui n’a rien à lui envier. Ouvrant avec les deux premiers titres de leur dernier album, la setlist survolera leur discographie conséquente durant cette heure de show.
Malgré un chant desservi par un son mal calibré, Trivium délivrera un set ultra efficace. Le public adhérera à la prestation, même si l’on sent bien qu’il n’est pas forcément venu pour eux. Une belle mise en bouche pour cette soirée qui tiendra toutes ses promesses.
AIRBOURNE
La température fera un bond avec les Australiens d’Airbourne. Véritable groupe de scène par essence, Airbourne ne déçoit jamais et ce n’est pas ce soir que les furieux feront exception à la règle. Sans actualités depuis la sortie de leur excellent Boneshaker (2019), les frangins O’Keeffe et leurs potes donneront une fois de plus le meilleur d’eux-même. A noter le petit nouveau (depuis juin dernier), Brett Tyrrell remplaçant Jarrad « Jazz » Morrice, qui a subitement quitté le groupe. C’est un théâtre unanime et debout qui accompagne le set, à coups de Circle pit et de maltraitance de cervicales. Joel O’Keeffe, handicapé par un pied cassé enchâssé dans une botte orthopédique donnera rapidement le ton avec son attendu descente dans le public pour Girls in Black. Juché sur les épaules d’un roadie bien costaud, il fera le tour du pit des arènes sans oublier son fameux « éclatage » de canette sur sa tête. Un Must. Airbourne c’est de l’énergie à l’état pur, digne relève de leurs illustres compatriotes que l’on ne cite plus. Un mur de Marshall et c’est parti.
Les frasques de Joël se succèdent au rythme des compos, dont cet hommage à Lemmy fait à base de cocktail portant désormais son nom, le fameux Jack/ Coca qu’il préparera pour chacun de ses compagnons.
Airbourne c’est bien plus que du Rock, c’est l’essence même de celui-ci. Ils ont ça dans la peau, et savent communiquer leur passion. Impossible de rester de marbre face à un concert pareil, la preuve en est ce théâtre antique d’Orange retourné. Bravo.
MEGADETH
C’est au tour de la pièce maîtresse de l’affiche d’entrer en scène, attendue de nœud ferme par un Théâtre chauffé à blanc par les deux précédentes formations.
Megadeth fait son entrée sous une ovation du public, avec James LoMenzo comme bassiste sur la tournée, un habitué de la maison Megadeth. Fort de leur dernier album The Sick, the Dying… and the Dead! (2022, excellent d’ailleurs), c’est une setlist superbe que le groupe va nous offrir.
Il faut noter que ce soir Dave Mustaine est souffrant, cela s’entendra avec un chant faiblard mais qui tiendra la route malgré tout.
Ouvrant sur Hangar 18, Megadeth donne le ton d’une soirée qui restera mémorable à bien des égards.
On ne peut qu’être conquis par cette soirée.
Tout d’abord une setlist qui fait la part belle aux classiques du groupe, véritable cure de jouvence pour un vieux fan comme moi. Mais c’est au groupe que revient la palme d’or, avec un Kikou Loureiro impérial et virtuose, et un James LoMenzo tout sourire et visiblement très content d’être là. Mais c’est aussi la performance de Kirk Verbeuren aux fûts qui force le respect, véritable machine de précision et d’efficacité. Quant à Dave MUSTAINE, malgré sa gêne, il assurera le show en grand professionnel aguerri qu’il est. Mais connaissant le personnage au caractère pas facile, j’ai été vraiment surpris de le voir finalement affable et tout sourire s’offrir au public d’Orange. C’est à ça que l’on reconnait un grand groupe.
Car il faut bien avouer qu’à ce niveau-là il est capable du pire. De wake up Dead à Peace Sells en passant par l’incontournable À Tout le Monde (repris en chœur par l’ensemble du public) ou encore Symphony Of Destruction et Holy War (qui viendra clore le set), on ne peut qu’être conquis par cette soirée.
Dave laissera sa place à Matt Heafy (Trivium) pour la partie chant sur Tornado Of Souls, histoire de se soulager un peu et d’avoir un titre en plus. Le concert aura duré 1h15 contre les 1h30 prévu, mais l’intensité était bien là et c’est le principal.
Après un salut commun, Dave reviendra saluer tout le monde, un sourire non feint éclairant son visage (c’est assez rare pour le souligner). Malgré son problème de voix, Dave Mustaine semble avoir pris un immense plaisir ce soir à communier avec son public.
C’est un concert de Megadeth que je ne suis pas près d’oublier (et j’en ai fait un paquet), à bien des égards. Bravo et respect à ce musicien incroyable.
CARPENTER BRUT
C’est au Poitevin Franck Hueso et son Carpenter Brut que revient la difficile tâche de fermer le bal. Compliqué à bien des niveaux car il se fait tard, et ce n’est pas facile de passer après 3 groupes du calibre de ceux qui viennent de jouer. De plus Carpenter Brut navigue dans un genre que l’on pourrait nommer Darksynth, un mélange de Métal et d’électro sombre.
Le Théâtre commence à se vider, mais le show envoie du lourd. Franck est épaulé par un guitariste et un batteur, alors que lui est planté derrière son pupitre de « maitre des machines ». Il s’avère qu’une fan base s’est déplacée ce soir. Il est heureux de voir que l’énergie est bien présente et partagée des deux côtés du pit. Le visuel à autant d’impact que le son, plongeant les spectateurs dansun show hautement immersif.
L’empereur Auguste trônant au-dessus de la scène n’aura probablement jamais assisté à pareille soirée. Et il faut croire que ce n’est pas fini. Rendez-vous l’année prochaine au même endroit pour l’édition 2024 !