SKIP THE USE – LA PIETA
La Merise – Trappes
Vendredi 3 février 2023
Trappes dans les Yvelines possède un superbe écrin pour accueillir le public dans d’excellentes conditions : La Merise. Bars et belle salle permettent de profiter agréablement de ce que les artistes ont à offrir. Ce soir, Skip The Use accompagné de La Pietà pour ouvrir le bal. Skip The Use défend son album ‘Human Disorder’ sorti en Mars 2022. La Pietà avec sa « chanson slam rock et écorchée » comme elle se présente elle-même défend sa dernière production ‘L’Innamorata’. Voici pour ce qui est inscrit au programme. Trappistes, prêt.e.s à démarrer le week-end ? Alors poussez les portes de la Merise pour goûter à ce désordre humain venu du Nord.
La Pietà se présente en trio avec clavier/guitariste et bassiste/guitariste…et ses mots uppercut. Le texte de la première chanson interpelle, titre qui commence comme une sérénade et explose en un puissant exutoire. La rage s’est invitée à La Merise et elle restera présente pendant les trente prochaines minutes. L’artiste n’est pas là pour faire de la figuration et quand elle harangue le public, elle ne se contente pas de simples retours timides. Non, elle va chercher les tripes des personnes présentes, les bouscule. ‘La Moyenne’, le dernier titre, incandescent, sera le baroud d’honneur, urgent, violent, avec la chanteuse dans la fosse, le public en cercle autour d’elle, invité à chanter. Nous sommes aux limites d’un concert, au bord de la performance coup de poing que la Merise reçoit avec bonheur comme le montre la réaction de la salle. Quelle entrée en matière ! Mat et sa bande peuvent arriver, l’audience est réveillée.
A un concert de Skip The Use, vous avez de la musique évidemment, faisant la part belle au dernier album ‘Human Disorder’. Mais il y a aussi plein d’autres choses. Comme une très belle énergie qui explose de la scène. Mat ne se ménage pas. Véritable figure de proue, il mène la barque, a le don de galvaniser une salle. Le reste du groupe est là, mobile aussi, mais le chanteur prend scène et public d’assaut. Pas de doute, le maître de cérémonie, c’est lui.
Vous croiserez aussi une vraie proximité avec le public. Déjà, Mat le tutoie ce public. Tout de suite, le rapport entre le groupe et la salle n’est plus le même. Une barrière disparaît. Il fera aussi monter quelques fans sur scène pour ‘Dancing Alone’. On sent qu’il les aime ses fans. Qui le lui rendent bien d’ailleurs. La Merise est emplie d’une belle ferveur ce soir, entonnant spontanément des ‘Seven Nation Army’ pour maintenir l’ambiance, réagissant positivement aux sollicitations du chanteur.
On sent que tout le monde a envie de s’amuser, de profiter de la soirée après le passage du covid, de la période assez déprimante que nous traversons entre grèves, réformes, guerre et perte de pouvoir d’achat.
Vous y trouverez de l’humour. Mat a la vanne facile et a envie de s’amuser. Exemple, le jeu « on se connaît en 4 secondes » dont le but est que chacun, dans le plus grand foutoir, change de place, perde celles et ceux avec lesquels il est venu pour aller à la rencontre des autres. Au début, Mat demande aux fans s’ils ont déjà payé trente euros pour un concert. Les spectateurs répondent oui évidemment. Et Mat, à propos de ce jeu, raconte qu’avec Skip The Use, il y a cette valeur ajoutée, que pour le prix d’un ticket de concert, en plus on fait des jeux.
Il n’oubliera pas non plus de taquiner amicalement les personnes invitées à monter sur scène sur ‘Dancing Alone’ en leur disant qu’ils vont danser et que les autres vont bien se moquer d’eux.
Vous croiserez de l’engagement, physique sur scène mais pas uniquement. On pourrait dire militant. Mat parle souvent qu’ils sont un groupe de rock et qu’ils sont fiers en tant que groupe de rock de jouer à Trappes. Ou encore lorsqu’il dit non sans humour qu’en tant que groupe de rock, il faut que Yan fasse un solo de guitare sinon, ils ne touchent pas les subventions.
On peut mettre dans cette catégorie militante, le final sur ‘Ghost’ avec une chorale d’enfants de Trappes ! Et certainement ce discours où le chanteur indique qu’ils sont contents d’être là, avec le public, le tout indépendamment des sexualités de chacun, des religions ou des couleurs de peau.
Un quatuor cohérent, efficace et savoureux!
Il y a aussi la mise en scène. Arrivée avec les cagoules que le groupe remettra plus tard sur ‘Till The End’ et lumières élaborées qui ajoutent à la percussion de l’ensemble. Ou encore Mat qui commence le concert, cagoulé, à partir de la console son. Console son qu’il retrouvera avec Enzo Gabert pour ‘Fou Misérable’. C’est recherché et cela fonctionne plutôt bien, donnant une belle variété à la prestation.
Quasi deux heures de concert plus tard, avec un clin d’œil rapide et sympa à Motörhead dont ils jouent un court extrait de « Ace Of Spade », le constat est clair : Skip The Use, dans sa nouvelle mouture, avec Yan Stefani, Mat Bastard, Nelson Martins et Enzo Gabert, reste ce qu’il a toujours été : une machine redoutable sur scène, une machine qui distribue une belle énergie, positive qui rend les gens heureux, met la banane. La mayonnaise des deux anciens et des deux nouveaux, plus jeunes, a bien pris et donne un quatuor cohérent, efficace et savoureux sur les planches !
Ghost
