Thy Art Is Murder + Dying Fetus + Fit For A King + Alpha Wolf + Sanguisugabogg
Le Bataclan, 25 juin 2024
Remerciements à Garmonbozia Inc. pour l’accréditation
Texte et photos par Martine Varago
Donner un concert au Bataclan juste avant le Hellfest est un pari risqué car vu le nombre de présences pour Sanguisugabogg, jamais on n’a vu une salle aussi peu remplie.
Sanguisugabogg
C’est au groupe de death metal américain formé à Columbus, Ohio, en 2019 par le guitariste Cameron Boggs que revient ce défi. Sanguisugabogg assure l’ouverture de cette soirée placée sous le signe du metal extrême. Pour la petite histoire, ce nom alambiqué se compose du mot sangsue en latin (sanguisuga) et de bogg, soit le nom du guitariste. Déjà venu au Petit Bain début 2024, ce n’est pas une première pour eux.
Les musiciens connaissent bien le public parisien et leurs hurlements massifs encouragent la fosse à se remuer. Quand ce n’est pas le chanteur Devin Swank qui pousse au brutal slam, c’est le guitariste Ced Davis qui nous invite à nous agiter encore plus pendant les breaks incroyablement efficaces.
Alpha Wolf
Alpha Wolf, originaire de Melbourne en Australie, arpente les petites salles et les festivals cet été 2024 dont le passage au Download a été grandement apprécié par l’audience de fans anglais le 15 juin dernier. Parce qu’ils traitent le metalcore d’une lourdeur accrocheuse, furieusement intense et matraquée, ce quartet australien monte dans l’estime des spécialistes de l’extrême.
Les musiciens arrivent, dans la pénombre, brandissant le poing à la huée des fans. Le chanteur ne cesse de ponctuer leurs morceaux de « fucking ». L’un de leurs morceaux « Akudama », joué en fin de leur prestation, résume tout ce qu’il y a de génial dans ce groupe, avec des voix hardcore hurlées, une guitare et une basse qui déchirent et coupent vicieusement, le tout sur fond de batterie qui explose à travers le set et qui reste pourtant à être amélioré.
Fit For A King
Fit For A King joue un metal en provenance du Texas. Ce quatuor représente la crème de la crème de ce qui se passe en ce moment. Tant le niveau technique du groupe que l’ambiance Tolkienne montent d’un cran que de l’émouvant « Breaking The Mirror » à l’impressionnant « Reaper », leur équilibre entre mélodie céleste et destruction infernale est quelque chose à voir.
Leur présence sur scène est tout simplement captivante. Les membres du quatuor texan dégagent une énergie incroyable, engageant la foule dès la première note. Le bassiste Ryan « Tuck » O’Leary fait tournoyer, virevolter sa basse autour de lui et celle-ci revient comme par magie à sa place ! Ryan Kirby livre chaque parole avec une émotion brute, déversant son cœur sur scène, et détient le scream le plus long de cette soirée. Le set consiste en un bon mélange d’anciens et de nouveaux morceaux donnant à la foule une expérience chaotique dès le départ et suscitent d’énormes émotions de la part des fans aimant le brutal mosh.
Dying Fetus
Au moment où surgit Dying Fetus, c’est l’apothéose. Il est vrai que le trio est le pionnier du genre dans le metal extrême, mélangeant les styles et notamment avec le chanteur-guitariste, John Gallagher. Dès « Compulsion for Cruelty », les crowd surfings augmentent et les circle pits se creusent tel un trou noir dans l’univers. L’écoute se fait plus religieuse dans ce Bataclan aux trois-quarts pleins, avec néanmoins un noyau central très agité qui ne cesse de pogoter sur une setlist préparée aux petits oignons et qui met en valeur la discographie du groupe.
Sur scène, John, d’un côté, et de l’autre, le bassiste Sean Beasley se placent chacun aux extrémités, et comme tous deux chantent, leurs mouvements sont assez limités. Ce qui laisse un vide au centre qui n’est pas franchement comblé par le batteur Trey Williams. Si musicalement c’est irréprochable, carré et virtuose comme il faut, il manque un certain charisme scénique. Le trio joue sa setlist, les fans s’en réjouissent à se marquer des bleus sur le corps mais le show manque aussi de jeux de lumière, de jeux de scène. Dying Fetus, seraient-il déjà trop vieux pour demeurer dans la frénésie et la folie extrême ?
Thy Art Is Murder
Thy Art Is Murder, venus également d’Australie, de la région de Sydney, tient la tête d’affiche et la vole à Dying Fetus par la même occasion. Vus déjà à l’Elysée Montmartre aux côtés de Whitechapel, Fit For An Autopsy et Spite, Thy Art Is Murder revient cette fois pour une date exceptionnelle au Bataclan. Dès « Destroyer of Dreams », on entre dans l’univers du Seigneur des Anneaux. Le quintet déverse ses morceaux les plus connus comme « Holy War », « Slaves Beyond Death » qui ne cessent de faire enrager le public dans ses slams brutaux.
Nous avons aussi droit à des hits plus modernes et tout aussi renversants comme « Godlike » , sorti en 2023. Leur deathcore se veut bestial tel un monstre venant des ténèbres lointaines avec Tyler Miller d’Aversion Crown prenant le relais au chant principal et assurant tel une bête dans une atmosphère Tolkienne où les blasts de Jesse Beahler, les riffs des guitaristes Andy Marsh (lead guitar) et Sean Delander (rhythm guitar) sont aiguisés et la basse de Kevin Butler tonitruante. Bien qu’ils écrasent les âmes des Parisiens de façon viscérale, le show manque de visuels et une recherche artistique dans le show serait la bienvenue pour faire encore grimper le groupe.
Setlist Alphawolf
Setlist Fit for a King
Setlist Dying fetus
Setlist Thy Art Is Murder
Puppet Master