Le Winter Rising Festival
Vendredi 5 et samedi 6 novembre 2021
Salle Paul Bonneville Bessancourt (95)
Les festivaliers sont de retour à Bessancourt pour le Winter Rising Fest organisé par Horns Of Desolation. Il s’est déroulé du vendredi 5 et le samedi 6 novembre 2021 à la Salle Paul Bonneville. Après deux ans d’attente, cela nous fait un grand bien. Quel plaisir que de retrouver cette ville et son festival à taille humaine. Retrouver les amis de concerts et de festivals nous fait drôle aussi. On se check, on se tape dans la main, on se sert la main ou on s’embrasse. Allez pour l’accolade, après tout on a tous montré notre pass sanitaire ou notre résultat PCR pour rentrer dans la salle.
Pour la nourriture, on a des burgers artisanaux The Walking Burger Street le vendredi et le samedi le fameux food truck Créole adoré des festivaliers pour ses ti-punchs bien costauds.
Comme à l’accoutumé, on retrouve à l’intérieur de la salle, un coté scène avec les groupes qui vont défiler tout au long des deux jours et de l’autre, le merchandising et le bar avec des bières à la pression comme on ne trouve nulle part ailleurs. Des bières fermières rustiques et levurées, des bières légères aux notes de fruits, des bières blanches… Bref elles sont tellement bonnes qu’on en consommera plus de 1000 litres en deux jours.
Vendredi 5 Novembre 2021
Towering (Death – Paris)
Il est 16h05 quand les premières notes résonnent et la salle se rempli rapidement d’une épaisse fumée, qui ne quittera quasiment pas l’air pendant tout le show. Cela fait beaucoup de bien de voir des groupes en live, en ces périodes de disettes ! Et il apparait assez rapidement que nous sommes devant un death metal efficace, qui remue bien les cervicales. L’idéal pour débuter un festival !
Sarinvomit (Black/Thrash – Turquie)
Les trois premiers titres qui nous sont balancés sont extraits de leur tout nouvel album sorti en juin de cette année Awaken Ye Impious Hordes of Shaitan. Ce sont des bombes à fragmentation que l’on prend dans les dents en direct du Moyen-Orient. Quelle énergie, les musiciens sont possédés à l’image du bassiste qui ne tient pas en place avec sa bouche lippue. Ensuite les turcs piochent avec passion dans leur répertoire sans oublier « Genesis of Demonized Gabriel » du dernier opus qui clôture le set.
Setlist Sarinvomit:
Satan Worship (Black/Thrash – Brésil/Allemagne)
Un peu de black metal bien sale, avec les membres de Satan Worship, qui nous jouent un beau set, issu essentiellement de leur récent album Teufelssprache.
Un certain esprit old school règne ici et l’humour est présent avec par exemple l’annonce d’une chanson sur la paix, l’amour et la famille, voilà « Mass Murder » ! ». Tout est dit, on est dans le brutal et ça balance, avec néanmoins un petit côté rock’n’roll qui va bien.
La traditionnelle reprise de l’excellentissime « Antichrist » de Sepultura clôture ce bon set, et comme le dira le chanteur, en français : « Merci Fucking beaucoup ! ».
Setlist Satan Worship:
Novae Militiae (Black Metal – France)
Nous voilà face à du black metal sans concessions. L’ambiance est rouge sang, comme l’éclairage d’ailleurs. Le combo balance son set sans sourciller. Leur récent album Topheth était inspirant et on pouvait le retrouver sur leur impressionnant stand de merchandising, déclinant plein de belles choses pour les fans et les collectionneurs.
Setlist Novae Militiae:
Necrowretch (Putrid Death Metal – France)
Necrowretch a assez attendu de proposer en live les titres de son dernier album The Ones from Hell sorti en pleine pandémie et acclamé par les critiques. Il n’a jamais pu le défendre sur scène en compagnie de Taake et Kampfar dont la tournée a été à mainte fois repousser.
C’est donc un Vlad bien remonté que l’on retrouve derrière son pied de micro prêt à rattraper le temps perdu. Toujours possédé le chanteur/guitariste pioche au travers de sa discographie sans oublier les brulots du petit dernier avec la triplette « Luciferian Sovranty », « Absolute Evil » et « The Ones From Hell ». C’est intense d’autant que le groupe nous sort même « Putrefactive Infestation » de son premier EP. Le public est bien chauffé à blanc pour continuer la soirée.
Fabio Jhasko – Sarcofagò Tribute (Black/Thrash/Death – Brésil)
Pour sa tournée européenne le groupe de Fabio Jhasko Ex Sarcófago de 1990 à 1993 passe au Winter ce soir pour jouer du Sarcófago. Le public est au rendez-vous. L’attente est grande et quant à savoir si « le jeu en vaut la chandelle » la réponse est « oui ». Même si le guitariste brésilien n’est pas là ce soir son Tributo ao Sarcófago au travers de Rodrigo Cuerva (Malevolent) au chant/guitare s’en sort bien aidé par une salle qui le soutien à fond.
La setlist fait bien sûr la part belle à The Laws of Scourge (« The Black Vomit », « The Laws of Scourge », « Piercings » …) avec bien sur des excursions sur le EP Crush, Kill, Destroy avec le titre éponyme et « Orgy of Fly » de l’album Hate sur lequel Fabio ne jouait pas et « Satanas » datant de 1986 que l’on retrouve sur le split Warfare Noise I et pour conclure avec « Nightmare » de I.N.R.I. sorti en 1987.
Setlist Fabio Jhasko :
Agressor (Death Metal Legends – France)
Après la prestation des brésiliens on espère que l’attente pour Agressor n’a pas été trop longue car ils sont là pour clôturer la première journée.
Dès le début on voit que ça va dérouler tout en commençant par « When Darkness ». Alex Colin-Tocquaine toujours aussi talentueux entre ses parties de guitares et ses growls puissants n’est pas en reste. Agressor exécute ses morceaux les plus puissants tirés de leurs cinq albums alliant passages agressifs et plages plus techniques avec des moments forts comme lorsqu’ils interprètent « Paralytic Disease » et « Neverending Destiny » ; sans oublier « Someone to Eat » tiré de la compilation Brutale Generation sortie en 1995 qu’ils partageaient en autre avec Loudblast, Massacra et Mercyless.
Samedi 6 Novembre 2021
La deuxième journée est placée sous les auspices des colifichets, des ossements, des bougies, de l’encens, du feu et du sang à l’image des nombreux groupes qui vont investir la scène en plantant chacun un décorum différent afin de nous emmener tour à tour vers un enfer différent.
Misgivings (Death-Orléans)
On commence le samedi avec le death metal de Misgivings. Les orléanais ont peu de temps et c’est un concentré d’excellents titres qu’ils vont nous proposer tirés de leur petite discographie. Et pourtant ils existent depuis les années 90 et n’ont sorti que des démos et un split mais sur scène quelle classe.
Ils sont à l’aise et communient avec le public à l’image d’Este (et son faux air à Sakis Tolis de Rotting Christ) avec sa Rickenbacker en bandoulière, n’hésitant pas à dialoguer avec le public de sa voix gutturale. Le public accroche instantanément et est sensible au death technique aux couleurs bien thrash délivrée par le quartet. Le temps passe hélas trop vite. On aurait aimé en avoir double ration.
Hexekration Rites (Black/Death – Paris)
Les cierges sur les côtés de la scène dégagent une odeur d’église abandonnée bien humide. Le décor est planté. La formation parisienne est jeune, mais délivre un black/death de bonne facture à l’ancienne. Ils ont pour le moment à leur actif une demo et un EP, mais savent gérer une scène.
HR et CS ont chacun leur B.C. Rich, une noire pour le bassiste chanteur et une blanche pour le guitariste. Il y a de l’urgence dans leur musique, du danger. Un black metal « made in 90 » dans la vieille tradition et sans concession.
Sépulcre (Death Metal – Bretagne)

Le quatuor nous vient de Bretagne. La mise en scène est soignée et cérémoniale comme lorsqu’ils se retournent tous vers la batterie pour de longues intros.
L’alternance entre passages calmes et accélérations nous permet de passer un très bon moment à leur écoute. Même si le groupe a été créé en 2020 les musiciens qui le composent ont joué dans de nombreuses autres formations par le passé.
Dikasterion (Black/Death – Belgique)
Ce qui est original dans leur musique ce sont ces passages doom limite stoner, bien pesant sur un death bien aiguisés. Ils terminent leur set par la reprise de Barathrum que l’on retrouve sur leur demo simplement nommé Demo MMXVIII sorti en 2018. Les riffs des belges sont entêtant, répétant à l’infini des mélodies qui nous hypnotisent, nous donnant envi de nous lâcher tout en laissant porter nos cervicales dans une valse tourbillonnante.
Setlist Dikasterion:
Hats Barn (Black – Lille)
Les lillois sont venus pour marquer les esprits. Scène travaillée : bougies, pied de micro servant de brochettes à des os de toutes les formes, corpse paint de rigueur. Les vétérans sont à l’aise sur les planches et savent créer une ambiance malsaine à l’image de Psycho qui n’arrête pas de bouger sur scène. Entre pause accroché à son micro, jets de poudres sur les flammes pour les raviver dans des gerbes de feu infernales, chaines autour de son corps dégoulinant de sueur et de sang. Bref tout est en place pour un concert déjanté.
La fosse s’anime ça bouge dans tous les sens. Le public ne tient plus en place. Ça fonctionne, la musique nous fait chavirer dans un chaos bien organisé. Un grain de folie s’empare du public au fur et à mesure que la magie (noire) opère dans un Winter possédé.
Heinous (Black – Belgique)
Les belges montent sur scène dans une lumière encore plus rouge que l’Enfer. Même si le groupe est assez ressent les musiciens ont du CV derrière eux avec d’anciens de Slaughter Messiah. Le chanteur P.F Hraesvelg nous fait un bon gros doigt et c’est parti avec du black metal à l’ancienne sans fioriture. Satan est à l’honneur.
Parmi eux on retrouve Lord Sabathan qui n’était autre que le chanteur/bassiste d’Enthroned de 1993 à 2006. On reparlera de lui plus tard en fin de soirée pour le concert de Heretic.
Gorgon (Black – Antibes)
La légende du sud de la France qui a débuté sa carrière musicale en 1991 est sur scène pour nous ce soir. Gorgon est de retour depuis 2019 avec l’album The Veil of Darkness puis cette année avec la sortie de Traditio Satanae.
D’emblée on est submergé par ce black metal old school pour les plus anciens titres tandis que les nouveaux ont cette couleur plus black ‘n roll fort agréable. Collé à son pied de micro squelettique Christophe Chatelet ne s’économise pas en déversant ses paroles comme sur le « Still Six Six Six » qui va nous faire chavirer.
Vortex of End (Black/Death – Paris)
Les flammes entourent les planches, devant, derrière, autour du kit de batterie. Bienvenu en Enfer. Visuellement ça en jette, les musiciens ne tiennent pas en place. L’ambiance est campée. C’est du brutal comme on dit. Le sang qui coule sur leur torse nu et leur regard de mecs possédés semblent plaire à la gent féminine qui s’est rapproché. La police municipale en profite pour passer dans la salle tout en filmant. J’aimerai bien être une petite souris pour les entendre au QG quand le lendemain ils ont débriefé sur la soirée autour des images capturées sur leur écran…
Heretic (Black’n’roll – Pays-Bas)
Rien de tel que du bon black ‘n roll à la sauce punk rock pour terminer le festival. Quelle énergie, quelle joie communicative entre les musiciens et le public. La salle se transforme instantanément en une grande salle de pogo géant transpirant de bonheur. Visiblement ému, le chanteur/bassiste Thomas Goat n’arrête pas de prendre de nos nouvelles pour savoir si tout va bien pendant que la basse fait gronder les murs. Les fans du groupe au premier rang chantent les titres les uns après les autres. Quelle grosse claque que l’on reçoit là en fin de festival !
La setlist fait la part belle à des reprises toutes plus ciselées les unes que les autres comme avec « It’s On » des regrettés The Devil’s Blood pour terminer par la reprise et quelle reprise. Celle de Venom « Countess Bathory » (que l’on retrouve sur la compilation Summoning the Hounds of Hell – A Tribute to Venom où le groupe fait monter L.S. de Heinous. Là c’est l’apocalypse dans la salle. Un déluge de pogos de sueur, de sourire et de souvenir à venir.
Setlist Heretic :
Deux jours de folie!
Merci à l’organisation Horns of Desolation d’avoir cru jusqu’au bout malgré cette crise sanitaire que cela allait marcher ; le Winter Rising Fest c’est deux jours de folie, dans une ambiance bon enfant. Du grand art que de nous proposer d’anciennes légendes du black metal qu’on pensait un peu flétris. Mais une fois les épaules secouées faisant disparaitre une vieille poussière accumulée on découvre des musiciens qui n’ont rien perdu de leur âme, de leur jeunesse restée à jamais au bout de leurs doigts aiguisés.
Thomas Orlanth & Lionel / Born 666