FANGE – PUDEUR
Sortie le 24 Avril 2020 – Throatruiner Records
Bandcamp
Il aura fallu tout juste 13 mois à FANGE pour accoucher d’un nouvel opus. « Pudeur » vient ainsi donner suite à l’excellent « Punir » et apporte avec lui des changements non négligeables au sein du groupe.
Exit la batterie, place à une boite à rythme qui amorce de façon définitive, une tournure plus indu, déjà entraperçu sur « Punir », je pense notamment au morceau « Opinel ». Il faut croire que ce retour sous la forme d’un trio a permis aux Rennais de se libérer de leurs dernières entraves pour basculer définitivement dans la folie en nous entraînant dans leur chute. Pas de « pudeur » ici, tout est abject, lugubre, lourd, sans la moindre once d’humanité. Bestial tout simplement.
Si de prime abord, le rythme des morceaux semble plus lent, ce n’est que pour mieux ressentir le poids de plus en plus pesant de notre aliénation, s’enfonçant peu à peu dans notre esprit tel un clou à chaque hurlement animal de Matthias (sa maîtrise de l’argot français est remarquable), accompagné dans un tumulte sludge/noise/indu qui semble déglutir tout ce que Benjamin et Antoine peuvent faire sortir de leurs instruments respectifs.
Le virage industriel est indéniable, ainsi sur « Soleil Vaincus » et «Cafard Céleste » le spectre GODFLESH n’est pas loin mais avec une lourdeur accablante que FANGE applique sans relâche depuis ses débuts. Arrive « A tombeaux ouverts » et son ambiance de machine infernale industrielle (que l’on retrouvera aussi sur « Dieux Gémissants ») qui lors de la première écoute m’a instantanément fait penser à la description par Emile Zola de la mine ouvrière dans Germinal. Ce bruit métallique assourdissant qui vous rentre dans la tête pour ne plus vous lâcher, vous consumant peu à peu. Voilà où réside la grande réussite de FANGE, leur album est sans concession et une fois entamé, il vous dévore sans répit. « Génuflexion » faisant office de gueule béante pour vous avaler tout entier.
Et lorsque le sinistre « Total Serpent » se fait entendre, et que cette bête sonore et immonde finit enfin par vous recracher, il est alors indéniable que la camisole de force en soit la seule conclusion possible.
Une camisole spirituelle, cadenas de nos démons antérieurs que FANGE c’est acharné à libérer tout au long de « Pudeur » et qui prouve que l’enfer avant d’être les autres, c’est surtout nous-mêmes.
Tracklist :