
TITAN – Palingenesia
Quand un groupe sort son deuxième album 35 après le premier, on ne peut qu’être déçu.
Surtout si cet album, même s’il n’a touché qu’un nombre somme toute restreint de personnes, est devenu culte (si le mot « culte » devenu fourre-tout de la dithyrambe, vous dérange, remplacez le par « emblématique » où autre chose qui vous sied. Ça va mieux ? Reprenons).
Nos goûts, nos oreilles, notre sensibilité ont évolués. La musique autour de nous aussi (pas forcément pour le meilleur, mais c’est un autre débat).
Et le groupe, lui, de son côté. Que doit-il faire ?
Singer son « glorieux » passé ?
Prendre un contrepied total ?
Simplement laisser parler son cœur ?
Cette dernière option peut sembler intuitivement être la meilleure, encore faut-il que les cœurs de chaque membre du groupe disent la même chose, surtout si il s’agit d’une vraie réformation et non d’un seul gars qui remonte une équipe neuve autour de lui, avec des compositeurs différents…
Pas de ça ici.
Un bel hommage aux fans
Si la section rythmique d’époque n’a pas suivi, les guitares sont toujours assurées par Patrice Tetevuide et Sébastien Blanc et le chant par Patrice Le Calvez, comme sur l’excellent live Popeye Le Road.
Patrice Le Calvez. Ce gars (comme à priori les autres membres du groupe) n’a jamais lâché la musique. Et ça se sent. Il a appris, et le bougre chante mieux qu’à l’époque. S’il n’a rien perdu en puissance ni en hauteur, il a par contre gagné en maîtrise et en diversité. Son chant se fait bien plus varié qu’à l’époque, et je ne parle pas que de la magnifique (power) balade en voix claire, « A la Vie A La Mort » qui clôt l’album.
Les textes sont par ailleurs assez sombres, mais se veulent simplement à l’image du monde qui nous entoure. Bien écrit, interprétés avec une sincérité sans faille, et des refrains qui vous rentre dans le crane en deux ou trois écoutes.
« Mourir Ailleurs » tristement d’actualité, qui parle des réfugiés qui risquent le tout pour le tout, est poignant. Tout comme « A la Vie A La Mort », sur la perte des êtres proches.
La révolte s’exprime à travers « No More Gods » et « Les Fous De Dieu » (je pense que le sujet est clair). « Mortel » où « Utopie » penchent plutôt du côté de l’écologie/destruction de l’environnement.
Je vais éviter le titre par titre, néanmoins sont à part deux textes :
– « Résurrection » d’abord, sorti en avant-première, qui est un bel hommage aux fans et qui explique les raisons du retour du groupe sans suffisance ni nombrilisme.
– Ensuite, « Rage et Haine », qui peut faire débat. Dans cet « Assassin » (Killers) 2.0, version exutoire speed metal, règne la loi du talion. A chacun de se faire son avis.

Quand un groupe sort son deuxième album 35 ans après le premier, on peut ne pas être déçu.
Patrice utilise régulièrement un timbre plus grave qui sied particulièrement aux morceaux mid-tempo.de cet album, et qui le rendra peut-être accessible à des oreilles plus… mainstream.
Le UDO français est clairement un des grand gagnant de ce disque.
Les guitaristes ne sont pas en reste. Je parlais de morceaux mid-tempo : entendons-nous bien, rien de mollasson ici, simplement, on évite la double systématique, linéaire et fatigante type power Allemand.
Ils nous ont pondu une flopée de riff qui rappellent inévitablement Accept, mais restent toujours dans l’inspiration, ne sombrant jamais dans le pompage manifeste. Ils font « à la manière de… », et non pas « exactement comme … ».
La basse de Pascal Chauderon est également très présente, et forme avec la batterie d’Iñaki (alias Machine) une assise digne des plus puissants binômes rythmique teutons.
Le groupe a réussi, dans le cadre d’un style à tout le moins codifié, à éviter toute redondance et toute faute de goût.
Ils ont accordé la priorité à l’écriture de chanson et au travail de groupe, pour preuve les solos, toujours au service des morceaux et jamais inutilement démonstratifs. Tout le monde y gagne, à commencer par les auditeurs.
Un mot sur le son : puissant sans compression outrancière, abus de trigs et autre auto-tune, tout sonne vrai, naturel, old-school propre. Quel plaisir !
C’est vrai, je n’ai pas 35 ans de recul.
Néanmoins, quand un groupe sort son deuxième album 35 ans après le premier, on peut ne pas être déçu.
Et même être enchanté. Celui-ci tourne en boucle, à la maison, dans la voiture.
Merci messieurs.
Tracklist

