Will Haven : Sacramento most underrated
Nouveau « Il était une fois » un peu particulier, pour diverses raisons.
WILL HAVEN est un groupe de cœur, une formation qui aura marqué au fer blanc ma passion pour les musiques extrêmes, me permettant de sortir de cette scène nauséabonde qu’était devenu le Néo Metal au début des années 2000 et me faisant découvrir un label majeur du nom de Revelation Records.
C’est quelques temps après leur séparation de 2003 que j’ai découvert WILL HAVEN sur feu Myspace (via celui des DEFTONES il me semble, car les 2 formations se connaissent bien). Ce split qui est survenu après le départ de leur chanteur Grady Avenell (difficilement remplaçable) mettant un terme à ce que j’oserais appeler l’âge d’or du groupe, qui va nous intéresser ici.
Cet âge d’or, il commence en 1996 avec leur première démo, pour prendre fin en 2001 après la sortie de leur troisième effort et comprend les albums suivants :
1996: Demo
1997 : El Diablo
1999 : WHVN
2001 : Carpe Diem
Je ne parlerai donc pas de ce qui c’est passé pour le groupe après leur reformation de 2005, car c’est la période que je vous ai cité plus haut qui reflète pour moi ce que fut véritablement la musique du quatuor, et son influence sur votre humble serviteur.
LES DEBUTS
Nous sommes donc en 1995, le néo metal est sorti de l’ombre et commence déjà sa lente descente aux enfers. KORN a déjà pris de l’ampleur avec on premier album, DEFTONES se fait connaitre avec « ADRENALINE» et ses 2 titres mythiques « Bored » (dans lequel on peut apercevoir les membres de FAR et WILL HAVEN) et «7 words».
C’est alors que 4 garçons plein d’avenir et potes de longue date (Grady Avenell : chant, Shaun Lopez : guitare, Mike Martin : basse, Wayne Morse : batterie) décident de monter un groupe et de jouer un peu tant qu’à faire. Peu de temps après, Jeff Irwin remplace Shaun lopez (qui part pour Far) à la gratte et le groupe choisit le nom WILL HAVEN, la légende est en marche.
En 1996, le quatuor se fait connaitre avec leur 1ère démo sobrement intitulée « WILL HAVEN», sorti sur le label Landspeed Records (qui sera rééditée en 2003 par Revelation Records).
Cette démo contient 6 titres, 6 titres qui vont à contre courant de ce qui se fait alors. Dès l’intro à la guitare presque hésitante de « Choke », WILL HAVEN délivre un son qui leur est propre et qui ne les quittera jamais : une basse lourde et omniprésente, des riffs syncopés et répétés un nombre incalculable de fois, une batterie qui semble comporter uniquement des cymbales et une caisse claire, et enfin l’emblématique Grady Avenell, véritable chef d’orchestre du groupe, capable de faire ressentir la moindre de ses émotions grâce à son chant si caractéristique qui semble être animé par une rage immuable. Ses hurlements criards, torturés, parfois au bord de la rupture mais tellement profond et communicatif. Pour preuve, jetez vos oreilles sur ce featuring de malade avec Max Cavalera et Chino Moreno sur le second album de SOULFLY « PRIMITIVE » sorti en 2000. Je persiste à dire, 20 ans après, que Grady Avenell enterre vocalement ses camarades sur ce morceau.
Pour en revenir à la démo, On sent qu’elle reflète un certain mal être juvénile, la frustration, l’angoisse, le questionnement de soi, une chasse à ses démons intérieurs en quelques sorte, « asking » dernier titre de l’album le prouve d’une manière assez nette «Is there a light at the end of, that’s all I can hope for, when it seems so endless» le chant vous glace le sang, vous tétanisant sur place. La musique de WILL HAVEN est viscérale, c’est une entité qui va bien au-delà de leurs propres craintes, elle met en exergue les votre.
L’ALBUM DU DIABLE
Pas loin de 2 ans après, en Novembre 1997, sort « EL DIABLO » sur Crisis Records et Revelation Records, qui est considéré comme l’album emblématique du groupe. Une pochette minimaliste, à l’artwork inquiétant, les premières notes de « Stick Up Kids » arrivent à nos oreilles, ambiance oppressante, à la manière d’un très bon thriller, le décor est posé. La basse se veut toujours aussi écrasante que sur la démo, la batterie légèrement en retrait, à la frappe hypnotique, quand à Jeff Irwin, il distille des nappes de riffs qui font l’identité de chaque morceau. Le groupe a franchi un cap, celui du premier album évidemment, et celui de la composition. Des morceaux comme « I’ve Seen My Fate », « Climbing Out This Bottle » (qui parle des problèmes d’alcoolisme d’un ami proche), ou encore “June” démontrent que WILL HAVEN a trouvé son identité. Il n y a absolument rien à jeter dans « EL DIABLO » et 23 ans après sa sortie, il sera encore capable de vous emmener dans un état de transe introspective comme rarement un album aura sur le faire.
Cet album permet au groupe d’acquérir une reconnaissance médiatique via les différents magazines de l’époque. Ils partiront en tournée avec DEFTONES, LIMP BIZKIT, VISION OF DISORDER, ainsi que FEAR FACTORY.
WHVN
En 1999, le groupe retourne en studio, avec encore une fois, Eric Stenman aux commandes (il en sera de même pour l’album suivant). Ce nouvel effort du groupe, n’est en aucun cas, le prolongement de « EL DIABLO », il se veut plus roots, primaire que son prédécesseur. Avec les trois premiers morceaux de l’album, le groupe affiche clairement son influence punk hardcore (« Jaworski » en tête, avec Jeff Jaworski en guest). Il faut dire que quelques mois avant, WILL HAVEN avait participé au tribute des BAD BRAINS intitulé « NEVER GIVE IN » paru chez Century Media, aux cotés de 16, SNAPCASE, SEPULTURA, DOWNSET… en nous gratifiant d’une superbe reprise du titre « The Regulator ».
« WHVN « est un album de transition, moins envoutant que son prédécesseur, il apporte un nouveau visage au groupe, et contient quelques très bons morceaux, « Slopez », « Death Do Us Part » et le très planant et hypnotique « Miguel Aburido ».
CUEILLE LE PRESENT
On repart pour 2 ans, avec un changement de batteur durant l’année 2000. Exit Wayne Morse et place à Mitch Wheeler. Le 05 Novembre 2001, sort « CARPE DIEM » qui représente la fameuse épreuve du troisième opus. Une épreuve que la bande de Sacramento va réussir haut la main tant l’album apparait comme la pièce maitresse de la jeune discographie du groupe. Sombre, oppressant, hypnotique, « CARPE DIEM » reprend les grandes lignes de « EL DIABLO » avec une production plus lourde, un Grady Avenell au sommet de son art, une basse moins mise en avant pour laisser d’avantage de place aux riffs captivant de Jeff Irwin. Tous les titres donnent cette sensation que le groupe a décuplé chacun des aspects de sa musique pour aboutir à ce résultat. Une frénésie et une noirceur maitrisée, sans jamais tomber dans la surenchère, sublimées par des titres comme « Saga », « Dressed in night clothes », ainsi que le très lourd et monolithique « Miguel… ». Viennent s’y entremêler des morceaux plus mélodiques, « Finest Our » véritable invitation à prendre la route pour un voyage sans aucune destination, et le morceau final « Moving To Montana » qui avec tout le recul sur la suite de la carrière du groupe, aurait pu être le dernier morceau de WILL HAVEN (et bordel quel morceau). N’oublions pas non plus le « hit » du groupe (quoique ce mot semble un peu pompeux), je parle bien sûr de « Carpe Diem » qui aura le droit à son clip (le premier à l’époque) afin de promouvoir l’album.
(ce morceau tue !!!)
Au final, « CARPE DIEM » ouvrira les portes d’une tournée mondiale au groupe qui se terminera par un dernier concert donné en 2003 à Sacramento (sorti en DVD quelques mois plus tard, avec un mini docu sur leur tournée) Grady Avenell quittant la formation dans la foulée. Rupture qui durera 2 ans avant que Jeff Irwin ne décide de remonter le groupe. Une reformation qui à mes yeux de pseudo puriste intransigeant, n’atteindra jamais la qualité créatrice de leurs trois premiers efforts… Mais ceci est une autre histoire…
Discographie Exhaustive
1996 : Démo (réédité en 2003)
1997 : El Diablo
1999 : WHVN
2000: The Best Song on Here
2001: Carpe Diem
2007: The Hierophant
2011: Voir Dire
2015: Open The Mind To Discomfort
2018: Muerte
Les groupes rattachés à Will Haven: