Le jour d’après de Hong Sang-soo
Le jour d’après ou la sombre et banale tragédie de la vie. Une histoire d’amour théâtrale, tristement humaine. Celle d’un homme Bong wan, patron d’une petite maison d’édition. Autour de lui, une valse de trois personnages féminins, sa femme Hae Joo, sa maitresse Chang-sook et son employée Areum.
Par une série d’indices, rythmés par des allers retours entre passé et présent et des plans séquences des face-à-face minimalistes, le spectateur recompose doucement la pagaille amoureuse qui s’annonce, selon deux regards. Tout d’abord celui de Bong Wan, pris entre deux femmes et prisonnier de sa velléité amoureuse, qui se montre incapable de trancher entre le confort de son couple conjugal et la fougue d’une passion défendue. Puis celui d’Areum, jeune assistante qui va subir malgré elle les retournements amoureux de son employeur. D’abord spectatrice et discrète, elle prendra petit à petit de la consistance et de l’assurance face à la dissolution du héros masculin.
Dans un noir et blanc somptueux, deux ou trois décors, la violence viendra de la gestuelle des personnages. Le silence pesant de Bong Wan devant les interrogations de sa femme quant à sa fidélité. Les sanglots étranglés de Chang Sook face à son amant qui refuse de reconnaitre sa lâcheté. Bong Wan qui fond en larmes, seul dehors au milieu de la nuit. Les êtres se froissent, se confrontent, les amours s’effritent, les mensonges s’assombrissent. Seule Areum restera lumineuse et se libérera finalement de ce trio d’amours sans âme.
Le jour d’après est un vaudeville philosophique, une fable ordinaire qui nous apprend que la vie des cœurs ne connait aucune continuité. L’être humain passe du rire aux pleurs, du doux enivrement à l’ivresse vertigineuse, du bonheur d’une nouvelle rencontre à la mélancolie de celles à présent trop anciennes. L’Amour comme une suite de disputes et de réconciliations, de rendez vous manqués et de retrouvailles, de commencements et de ruptures.