Entretien avec KORSAKOV
« Anosognosia » le deuxième album des nordistes de Korsakov est une pure merveille. Du post-black à la fois sombre et lumineux qui emprunte aussi au shoe-gaze ou à la new-wave. Entretien.
Ce nouvel album est la suite du premier, rien que par le chiffrage des morceaux de VII à XIII qui suivent les I à VI du premier.
« Tout à fait. Il l’est. La différence est que le premier était plus brut de décoffrage. Nous étions plus à l’aise de ce fait pour continuer ensemble car nous nous connaissons mieux aujourd’hui. Le premier opus était comme un one-shot. On ne savait pas s’il y aurait une suite. »
Le premier album est sorti il y a plus de quatre ans. Pourquoi un temps aussi long entre les deux ?
« Déjà, parce que, comme on te disait, il y aurait pu n’y avoir qu’un seul album. Nous avons passé beaucoup de temps à travailler les mix, les séquences. Nous voulions aller vers un mix, un son qui soit à la fois massif et ouvert et ce n’est pas si facile que cela. »
On parle souvent de vous comme d’un groupe black. Vous n’êtes pourtant clairement pas black. Peut-être post-black.
« On a quand même certains codes du black. Nous aimons le post-black. C’est un genre dans lequel on se retrouve. Nous voulons avoir un son qui soit solide. »
Il y a des côtés shoe-gaze ou new-wave dans ce disque, je trouve.
« Nous avons une base black-metal mais nous écoutons aussi bien de la musique électronique, de l’ambient que Limbes. Nous aimons les musiques qui s’affranchissent des codes. Nous avons des potes qui font de la cold-wave. »
Le titre du nouvel album, « Anosognosia » fait référence à une maladie psychique. Korsakov votre nom est également une maladie psychique.
« Absolument. On a eu des proches qui ont été touchés par le syndrome de Korsakoff qui est l’étape au-dessus du delirium tremens. Lorsque tu es atteint par cette maladie tu peux avoir des souvenirs de choses que tu n’as jamais vécu. Le nouvel album parle lui de cette maladie où tu n’es pas conscient que tu es malade. Tu n’as pas même conscience de ton état. Le rapport à la réalité est complètement biaisé. C’est une bonne base pour du matériel mélancolique. »
Ce mélange post-black, maladies psychiques pourraient donner quelque chose de très sombre et ce n’est pas que cela.
Les premières personnes à qui nous avons fait écouter l’album avant sa sortie ont eu également cette impression.
Les visuels semblent très importants chez Korsakov ?
« Aujourd’hui tu ne peux pas te contenter de n’envoyer que du son. L’image pour ce nouvel album vient, à la base, d’une œuvre, « Par le feu », d’une amie à nous, Jeanne Smith. »
Vous n’aviez, à la base, pas l’idée de faire de live.
« C’est vrai. Le projet avait été pensé uniquement pour le studio. On a pris pour les live Paul de Traquenard et Guillaume qui est batteur dans Parlor. Des gens nous ont demandé pourquoi on ne faisait pas de concerts. L’idée a germé en nous. Paul cherchait un autre groupe en dehors de Traquenard. Guillaume est venu vivre à Lille. Nous nous sommes rencontrés. On a commencé à répéter à quatre pour les live. Ca s’est super bien passé. On a trouvé dans le même temps un super ingé son. »
Vous sortez ce nouveau disque encore une fois chez Source Atone.
« Krys nous a demandé si on avait de nouvelles choses à leur proposer. On leur a envoyé nos nouveaux morceaux. Cela se passe super bien avec eux. Krys nous a proposé une date pour une release party en Avril à St Ouen l’Aumône qui nous a encore plus boosté pour faire du live. »
Vous allez jouer à Rock in Bourlon cet été.
« Oui. On nous l’a proposé lorsque nous avons donné notre tout premier concert le mois dernier à Lille. On est trop contents. Le fait que nous jouons désormais sur scène nous ouvrent des portes. »