Among The Living
Interview

MERCYLESS – Entretien avec Max Otero

Entretien avec Max Otero, chanteur / guitariste de MERCYLESS, à l’occasion de la sortie de leur dernier opus Pathetic Divinity.

Le Black Dog – Paris

29 Septembre 2016


Salut Max, peux-tu te présenter ainsi que le  groupe, pour nos lecteurs.

Salut, je suis Max Otero, chanteur et guitariste du groupe. On existe depuis 1987, et on revient avec notre sixième album, septième si l’on inclue la compil. Pour résumer un peu, MERCYLESS c’est 3 maquettes jusqu’au début des années 90, premier album en 91 Abject Offering avec Colin Richardson aux manettes, puis le deuxième opus Coloured Funeralen 1993 puis C.O.L.D. Avec Sure to Be Pure. Ce fut une autre époque, nouvelle formation et nouveau style.
Puis on s’est mis en « standby » pendant 10 ans, durant les années 2000, sans pour autant arrêter la musique. On a tous continué ensemble mais dans un autre projet. Puis fin 2010 c’est le retour à nos premiers amours.

Vous revenez avec un nouvel opus, Pathetic Divinity, succédant à Unholy Black Splendor salué par la presse et album de la reformation. Qu’attendez-vous de ce dernier méfait ?

On a travaillé énormément sur cet album, car on voulait réaliser quelque chose de supérieur à Unholy Black Splendor, en termes de production, d’arrangements, et avec un fil conducteur très intense voire brutal. Il correspond à une époque bien précise, il est dans l’air du temps. On avait cette envie de faire des morceaux très lourds et intenses, en retrouvant la colère du MERCYLESS des débuts. On est revenu un petit peu à Abject Offerings naturellement.
 

On vous classe résolument dans la catégorie Death Metal Old School, qu’en penses-tu ?

Complètement ! On le revendique même. Je n’ai pas de problème avec ça car je viens de là.

Pourtant avec Sure to Be Pure vous aviez testé d’autres explorations, sur lesquelles votre base fan ne vous avait pas vraiment suivie.

Oula, ça a été même pire que ça (rires). On nous a vraiment craché à la gueule. Ça a été une période très difficile. C’est comme si on avait retourné nos vestes en faisant un death un peu bizarre. Mais c’est la vie, ça arrive. On venait de changer complétement de line up et on a fait un mauvais choix. Les chroniques de l’époque ont défoncé l’album. C’est la vie, il faut apprendre de ses erreurs. Ça fait mal mais bon, c’est formateur.
Avec la musique tu ne peux pas tricher, il faut être sincère sinon ça ne fonctionne pas. La chose la plus magnifique que l’on m’ait dite à propos de MERCYLESS vient d’un fan. Que pour lui c’était le plus beau retour qu’il ait jamais vu.
Dans la musique en général, comme dans la vie, à un moment il faut crever un peu la dalle pour arriver à fonctionner d’une certaine manière. Avec MERCYLESS on a appris ça, même si on crève encore la dalle aujourd’hui (rires).

Comment s’est passé la conception de cet opus. Qui fait quoi ? Comment travaillez-vous ?

En fait je suis un peu l’entité qui représente le groupe, et personnellement je travaille énormément chez moi pour arriver avec des idées nouvelles. Ensuite je les propose en repet avec Laurent Michalak (Batterie), et parfois il vient d’autres idées qui se greffent sur l’ensemble. Puis on finalise et on met en place avec la basse et la guitare.
Du premier morceau de Pathetic Divinity, que l’on avait composé il y a déjà un an, au dernier titre, je voulais garder la ligne directrice. Je ne veux pas faire comme certain que l’on voit aujourd’hui qui te balancent les deux ou trois premier titres qui arrachent et puis après il n’y a plus rien.
Moi j’aime les albums qui te tiennent du début à la fin dans la même intensité.


Mercyless


Quelles sont tes sources d’inspiration aujourd’hui ?

En fait bizarrement ce sont toujours les mêmes. Je suis surement un peu vieux jeu (rires). Toute ma vie j’ai écouté PESTILENCE, MORBID ANGEL, ENTOMBED, GRAVE, DEICIDE, BATHORY, POSSESSED, VENOM et DEATH bien évidement. J’ai également écouté du Thrash, c’est la base de tout, avec SLAYER, DARK ANGEL, KREATOR et METALLICA. C’était les années 80, et quand je compose je n’écoute que ça. Je ne me retrouve pas dans les trucs modernes. Il y a des trucs de bien, mais je ne retrouve pas l’intérêt que j’ai pour les anciens groupes.
J’ai passé ma vie à imiter Tom Arraya (rires). Même si les derniers SLAYER m’intéressent moins. Quand j’écoute Hell Await ou POSSESSED j’ai toujours les poils qui se dressent.

Justement, ta voix, la travailles-tu ?

Honnêtement, sans avoir pris de cours de chant, j’ai vachement travaillé dans l’optique de coller à chacun de mes riffs. Chaque mot doit avoir un impact. Je ne suis pas anglophone, mais j’essaye de reproduire ce qui m’a plu dans la musique des autres aussi, comme la façon qu’à Tom Arraya d’amener ses textes.
Chacun de mes textes est longuement travaillé pour coller à la musique. Si les guitares sont violentes, la voix doit l’être également.

J’ai lu certaines chroniques de l’album et il est salué comme un classique du death métal « intemporel ». Qu’en penses-tu ?

J’ai lu ça oui, et je le comprends. Je pense que c’est dû au fait que beaucoup de nouvelles productions reviennent au death métal, alors que nous à l’inverse on n’a jamais fait autre chose depuis 30 ans.
Du coup notre façon d’enregistrer et d’amener notre musique diffère de ce que tu peux entendre aujourd’hui. On a un son bien à nous et particulier.
Moi je ne veux pas d’un reamping d’ampli ou de batterie triée et autre. Il y a un côté nostalgique surement. Je préfère faire un morceau qui bave un peu qu’un titre trop net au son épuré qui ne se démarque pas des autres.
C’est pour cela que j’arrive en studio avec mes compos et mon idée du rendu que cela doit avoir. Les plans de guitare ou t’as l’impression d’avoir 800 grateux qui jouent les mêmes choses en même temps sans notes qui flottent, ça ne me plait pas (rires).

Qui est à l’origine de l’artwork de la pochette ?

C’est tout simplement un vieil ami à moi. Cela fait 30 ans que l’on se connait. A l’époque on allait en concert ensemble et il a toujours aimé le dessin. Il dessinait dans des fanzines, et il m’avait dit qu’il s’était remis à la peinture récemment. Du coup il nous a fait cette pochette et je suis vraiment content du résultat. Je suis fier de cette pochette, car c’est sa première pochette d’album.

Il y a une tournée de prévue pour la promotion de l’album ?

On va tourner un peu là en novembre avec PUTRID OFFAL, un groupe du label, en France et en Espagne. Puis on va partir un peu en Angleterre. Et après on verra en fonction de la réussite de l’album.

MercylessComment appréhendez-vous la scène métal aujourd’hui ? Est-ce plus difficile qu’il y a 15 ans ?

C’est diffèrent. D’un côté c’est plus dur car aujourd’hui il y a plus de groupes, les disques ne se vendent plus et il faut donc faire plus de concerts. Les groupes demandent plus d’argent pour tourner. C’est à la fois plus simple de jouer et plus compliqué, parce qu’il y a trop de monde sur la place. C’est un peu le serpent qui se mord la queue ce milieu.
J’ai de plus en plus l’impression que les groupes cherchent plus à tourner qu’à enregistrer un album, histoire d’avoir plus d’argent. J’ai du mal à comprendre un groupe qui fait 300 jours de tournée par an et qui te pond un album en deux semaines.
Notre rôle c’est de proposer quelque chose qui tienne la route. Ne faire un album que pour tourner, sachant que le label va mettre de l’argent dans la promo et qu’il sera bien chroniqué (je grossis un peu le trait), c’est pas notre façon de fonctionner.
De plus aujourd’hui c’est la surenchère à la production hyper propre. On a l’impression que la musique passe en second plan. Apres sur scène tu vois des groupes qui te balancent un son presque meilleur que sur album, c’est à se demander si ce sont les mecs qui jouent ou bien les Mac qui tournent derrière (véridique, on voit cela de plus en plus sur scène….). C’est ça le métal ?
Non, je ne vois pas ça comme ça ! La musique c’est un équilibre, je l’ai compris depuis très longtemps. Je ne suis pas professionnel, et je ne le serai jamais, mais pour faire quelque chose qui intéresse les gens il faut bien faire la part des choses.
Moi ma musique m’appartient et c’est également un exutoire.

 

(Un grand merci à Cat pour la photo)

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