Nous avons rencontré JIMM au Dr FEELGOOD des halles le 14 décembre dernier à Paris pour parler de Distorsion Cérébrale son dernier opus.
Peux-tu me dire qui est JIMM et comment il en est arrivé là ?
Jimm vient de mes initiales en fait et je tiens ça de la fac où un de mes potes m’appelait comme ça. Du coup j’ai gardé ce pseudo quand j’ai démarré ma carrière solo à l’âge de 28 ans. J’ai eu des groupes avant cela, mais ils n’ont abouti à rien de concret. J’ai longtemps essayé de trouver les bonnes personnes pour faire un groupe, mais sans résultat.
J’ai donc commencé à faire mes maquettes dans mon coin. Fin 2011 j’ai enregistré mon premier album qui est sorti en 2013.
A la base je suis guitariste et j’ai commencé à me mettre au chant par nécessité à l’époque où nous n’avions plus de chanteur dans le groupe. J’y ai pris gout.
Distorsion Cérébrale est ton troisième opus, et carrément d’actualité en ce moment. Qu’est ce qui te fait avancer ?
Tu n’es pas le premier à me dire ça et c’est plutôt marrant car il y a pas mal de textes qui datent de quelques années déjà. Le timing est bon.
Ce qui me fait avancer c’est surtout la passion que j’ai pour la musique. Dés que j’ai 5 minutes je fais de la musique ou quelque chose qui est en rapport avec elle.
D’où te vient cette passion ?
Je ne sais pas. Mes parents n’écoutent pas de rock, et il n’y a pas de musicien dans ma famille. Je suis tombé dessus en regardant le film Terminator 2 avec les Guns sur la BO, et c’est la première fois où j’ai entendu du rock.
J’ai fait du piano quand j’étais petit, pendant un ou deux ans et je n’avais pas vraiment accroché à l’époque. Mais avec le recul c’est un instrument que j’adore aujourd’hui.
Je me souviens également en 6eme de mon prof de musique qui nous avait joué un morceau des PIXIES à la guitare électrique, et ça a été déclencheur pour l’instrument.
Parle-moi de ce titre, Distorsion Cérébrale. Qu’est ce qu’il représente pour toi ? Quand on te voit comme ça tu as l’air plutôt calme non ?
Oui je suis quelqu’un de plutôt calme et réservé dans la vie. J’ai écrit ce titre en 2004 avec mon premier groupe et je ne l’avais jamais utilisé. Il parle de mon ex de l’époque, d’une relation compliquée et de prises de tête.
Tes influences sont plutôt claires, entre TRUST et le punk, mais avec une solide base blues/rock. Comment définis tu ton style ?
Les années 80 avec toute cette vague de guitares héros et les années 90 jusqu’en 2005 à peu prêt font parties de mes influences également.
Les influences arrivent surtout quand tu commences. Après tu as ton bagage. Les guitaristes qui m’ont influencés sont Slash, Zak Wylde, les grateux d’Ozzy Osbourne en général, Randy Rhoads, Jack E Lee. Des groupes comme les RAMONES, SEX PISTOLS et THERAPY pour la partie riffs et song writting m’ont beaucoup influencé, et également la scène néo metal avec des groupes comme DEFTONES ou PAPA RAOCH par exemple mais aussi ALTER BRIDGE avec Tremonti à la guitare.
J’ai beaucoup écouté aussi le punk californien comme THE OFFSRPING et GREEN DAY, et bien sûr TRUST en groupe français.
C’est un mélange de tout. J’ai toujours écouté du rock, du blues, du punk et du metal, j’avais même beaucoup de potes qui écoutaient du Hardcore et ils me trainaient dans les concerts bien que je ne fusse pas vraiment fan du genre. Tout cela a contribué à ma construction musicale et à cette niaque.
Parle-moi de ta collaboration avec Fred Duquesne et de l’enregistrement de cet album.
Fred est quelqu’un de très accessible, et c’est le producteur numéro 1 de rock en France à mon sens. Je l’avais contacté après avoir écouté le troisième opus de BUKOWSKi Hazardous Creatures sur lequel j’avais trouvé la prod superbe, pour mon deuxième album.
Pour Distorsion Cérébrale ça a été diffèrent car je l’avais enregistré dans un grand studio à coté de chez moi ou j’avais un peu été aveuglé par le matos, et finalement c’est Fred qui l’a remixé car le résultat n’était pas bon. Il a fait un super boulot.
Le gros de l’album je l’ai écrit en 2016 après avoir acheté une nouvelle guitare (une Fender). C’est pour ça qu’il sonne différemment.
Les thèmes développés sur cet album sont très vindicatifs et clairs quant à tes convictions. JIMM est un écorché vif où il a une vraie volonté de changer les choses ?
Ecorché vif je ne sais pas. J’écris mes textes, après chacun les interprète comme il veut, je ne suis pas là pour faire de la propagande. J’ai deux axes quand j’écris mes textes, un coté autobiographique et mon avis sur certains sujets de société.
C’est plus un exutoire pour moi qui suis d’un naturel plutôt timide.
Tu es un artiste à fleur de peau, comme on peut l’entendre également sur le titre Rancune. Il ne fait pas bon être ton ennemi.
C’est vrai que je suis rancunier. Je fais confiance aux gens assez facilement, j’ai un coté naïf, et quand on me fait un sale coup j’ai tendance à ne pas oublier.
Après, dans mes textes, il y a un coté parfois exagéré avec des mots un peu forts.
Parle-moi de cette très belle reprise de Gainsbourg « La Chanson de Prévert ».
Cela vient encore de ce fameux prof de musique de 6eme qui nous faisait écouter du IGGY POP et autre. Il nous jouait souvent cette chanson en guitare voix et ça m’est resté en tête. J’ai toujours pensé que cela pourrait le faire en version « rock ».
C’est un morceau de mon adolescence qui m’a marqué.
C’est avec ce prof que j’avais découvert les PIXIES. D’ailleurs au début je n’avais pas compris le nom et j’avais acheté un album des BEE GEES (rires) et je ne comprenais pas où il voulait en venir (rires).
Après j’ai acheté l’album Bossanova des PIXIES et ce n’était pas la même chose (rires).
Dans « La Haine » tu dis que tu aimerais parfois être comme tout le monde et dans le moule, sur Je Ne Veux Jamais Vieillir tu parles d’une enfance qu’on ne veut pas quitte. JIMM est un grand nostalgique ou un éternel insatisfait ?
C’est vrai que je suis un peu nostalgique des années 90. C’est une période que j’aimais bien à beaucoup d’égards : la musique, le cinéma, le sport, le mode de vie. On n’avait pas internet, et c’était cool de vivre à cette époque. Les années 90 sont pour moi la dernière grande période dans le rock.
Les médias passaient encore du rock, que ce soit à la TV ou à la radio, maintenant il n’y a plus ça.
Justement quel regard portes-tu sur la scène rock française aujourd’hui ?
J’ai l’impression que les groupes qui marchent bien aujourd’hui sont ceux qui ont 20 ans de carrière. C’est galère de débuter aujourd’hui pour un nouveau groupe, il y en a trop j’ai l’impression. Et pas assez qui chantent en français.
Ça fait un bail que je n’ai pas pris une claque musicalement.
Vis-tu de ta musique aujourd’hui ?
Non carrément pas. En fait j’ai un diplôme de pharmacien et j’ai fais ça jusqu’à cet été ou j’en ai eu marre. Et maintenant je fais une formation d’ingé son pour changer de métier et bosser dans la musique. Mon truc c’est la musique.