Trois ans après son passage à Paris sur la tournée Mandragore, Daguerre nous revient en duo avec Bertille, alors que la sortie de leur prochain opus est imminente. Cette paire d’artistes poly instrumentistes, qui se jouent des mots à la manière de troubadours espiègles et irrévérencieux, vous entraine dans leur univers attachant et sensuel.
Olivier, habitué de la scène en frontman charismatique, donne la réplique à une Bertille douce et tendre, à la limite de la candeur. Ce soir c’est dans l’intimité du Sentier des Halles que nous ont donné rendez-vous ces deux enfants terribles pour la présentation de leur dernier album simplement nommé Daguerre et Bertille dont la sortie est prévue le 20 Avril prochain (et le 6 en version numérique).
Et nous voilà les hôtes d’un voyage initiatique au cœur du couple, chevauchant les mots qui nous entrainent au cœur de l’action. Avec une setlist de 16 titres qui reprendra tous les morceaux de leur dernier album (excepté Et Toi, si je ne me trompe pas…), ils frottent leur création à l’épreuve de la scène avec succès.
Entre chuchotements et confidences, le roi de cœur et sa dame sont sur scène, taquins et espiègles, le regard brillant, de cette lueur qu’ont les couples complices et plein de connivence.
Olivier et Bertille assurent à eux deux l’intégralité de l’orchestration, à coups de delay savamment orchestrés. La douce Bertille Fraisse donne la réplique à un Olivier Daguerre bien ancré dans ses docs, en passe d’armes, ou le violon répond à la guitare, ou les mots joutent l’un contre l’autre pour le plus grand plaisir d’une salle acquise au duo.
A l’humour parfois grinçant, toujours attentif aux autres, Olivier Daguerre est un artiste à la sensibilité à fleur de peau, mettant des mots justes sur le quotidien des gens simples en sublimant celui-ci. Ecoutez ce magnifique Giula, véritable hymne à l’amour, auquel il est difficile de résister.
Daguerre c’est aussi la montagne russe des sentiments, passant allègrement de l’ombre à la lumière à l’image d’un Exclusif ou de l’usure inévitable du couple. Des histoires, sur lequel le couple ouvre le spectacle, nous balance le sel de la vie à la figure. Ces petits riens qui pimentent la vie et qui en font une formidable histoire.
On sort meilleur d’un spectacle comme celui-ci, le cœur gonflé, le sourire aux lèvres et l’âme légère. Daguerre partage tout, de ces partages avec un grand P. Il dispense généreusement ses états d’âmes, parfois noirs à l’image du Silence des Agneaux, ou à l’inverse beaucoup plus légers et moqueurs comme avec Jim.
Ce soir j’ai découvert une facette insoupçonnée de Daguerre, de celle que seule la Belle peut aller dénicher chez la Bête. Après 1h15 de concert au goût de trop peu, nos hôtes nous quittent avec Pour Deux de Mandragore et le magnifique Se deplaire de l’album Ô Desir .
On aurait aimé avoir du Carmen, celle-là même que Théophile a sublimé et Daguerre si bien mise en chanson. Difficile d’être rassasié quand on a l’ivresse, mais on aura eu aussi Mandragore sur lequel Bertille place délicieusement sa voix.
Assurément moins Rock qu’à l’accoutumé, ses compos devraient trouver leur public, et conserver les fidèles. Il est maintenant temps que Daguerre ait la reconnaissance qui lui est due, et je vous invite tous à aller le voir lors de son prochain passage à l’Européen en septembre prochain, soyez attentif.
Setlist
Des Histoires
Les Sillons de nos Rides
Exclusif
Giulia
Une Ombre
Notre Amour
Il Parait
De l’Ivresse
J’aimerai
Jim
Ailleurs
Des Mots
Mandragore
Le Silence
Pour Deux
Se déplaire
