Among The Living
Live Report

Eivør – Ásgeir – Elinborg : Casino de Paris

Eivør – Ásgeir – Elinborg 

Casino de Paris – Dimanche 28 septembre 2025

Texte Elody DI Cocco et Stéphan Birlouez – Photos : Stéphan Birlouez

Quand le souffle du Nord glace le temps et embrase la salle



ELINBORG (By Stephan Birlouez)

Belle découverte pour ma part ce soir avec cette sublime artiste qu’est Elinborg. Une voix venu d’une islande minérale et fantasmé, qui donne vie à mon imaginaire.
Elinborg est la soeur d’Eivør, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’inspiration habite leur fratrie. DIstillant des textures lovées entre modernité et voix aérienne, c’est une véritable invitation au voyage et à l’introspection que nous livre Elinborg et ses deux comperes.
Avec un premier album qui sortira le 31 octobre prochain, Elinborg nous livre la primeur de celui-ci ce soir devant une salle rapidement acquise.
Elle prendra également la guitare electrique, à l’instar de sa soeur, portant plus haut l’intensité de sa voix.

Elinborg est une belle artiste avec un potentiel énorme et qui force le respect. Ce soir elle a fait le plein de nouveaux fans, dont votre serviteur.



ASGEIR (By Stephan Birlouez)

Seul sur scène assis derrière son piano, Asgeir nous offre son univers nostalgique porté par son chant clair et ses machines. En véritable homme-orchestre il donne libre court à ses explorations musicales, entre classicisme et modernité.
Avec sa voix à la frontière de la soul (parfois) mais aussi cristalline, il capte l’attention d’un public sage et attentif. Il fait vibrer la corde nostalgie présente en chacun de nous, avec sa voix apaisante et douce.

C’est un artiste discret et timide, cela se voit, il ne se passe d’ailleurs pas grand-chose sur scène.
Il fera face au public en s’accompagnant à la guitare, mais il n’y aura finalement pas d’échange entre lui et la salle.
Si la prestation était très belle, j’avoue que je préfère l’écouter sur album que de le voir sur scène où, malgré son talent indéniable, je décroche un peu.
Il nous offrira deux titres de son prochain album Julia, qui sortira le 13 février prochain, dont le superbe Ferris Wheel.



On aurait pu croire à une tempête nordique descendue sur Pigalle. Ce soir-là, le Casino de Paris vibrait au son d’une artiste qui ne se contente plus de venir du froid — elle l’incarne.
Drapée dans une lumière bleutée, Eivør est entrée sur scène comme une apparition : silhouette fière, regard habité, tambour à la main.
Dès les premières mesures d’“ENN”, son dernier album (2024), la chanteuse féroïenne a prouvé que la frontière entre le sacré et le charnel n’existe plus vraiment dans son univers.
La salle, pleine à craquer, a retenu son souffle.


EIVØR


Ce qu’Eivør fait sur scène n’a rien d’un simple concert : c’est une cérémonie païenne, un voyage initiatique entre fjords et mirages sonores. Son timbre, à la fois chamanique et précis comme une lame, traverse l’espace.
Tantôt un murmure glacial, tantôt une incantation volcanique. On comprend pourquoi elle a prêté sa voix à la série The Last Kingdom : sa musique semble faite pour invoquer les dieux — ou, à défaut, réveiller ceux qui somnolent au fond de nous.

Si le plateau s’est logiquement concentré sur l’album ENN, Eivør n’a pas oublié ses premiers enregistrements.

Entre les titres récents comme “Fljótandi” et les morceaux plus anciens de Room ou Bridges, elle tisse un fil invisible entre ses débuts acoustiques et l’électro mystique de ses dernières productions.
Une alchimie rare, où la tradition feroïenne dialogue avec la modernité la plus organique. Mais le moment de grâce — celui dont on parlera encore en sortant dans la nuit parisienne — est venu quand Ásgeir l’a rejointe pour un duo sidérant sur “Us and Them” de Pink Floyd.
Deux voix nordiques, pures et mélancoliques, qui redonnent à ce classique une intensité presque sacrée.
Le public, hypnotisé, n’a pas applaudi tout de suite : il fallait quelques secondes pour revenir de ce territoire suspendu où le temps, littéralement, s’était arrêté.



Le concert a pris une tournure plus intime lorsque sa sœur Elinborg est montée sur scène. Même intensité dans le regard, même clarté dans la voix : la filiation artistique saute aux yeux. Ensemble, elles ont interprété un titre d’ENN avec une justesse désarmante, entre fragilité et puissance contenue.
Deux voix en miroir, parfaitement accordées, qui se répondent comme deux échos venus du même rivage. Ce duo a brièvement suspendu le temps.
çDerrière la rigueur scénique et la tension quasi mystique du show, il révélait un versant plus personnel, presque domestique.
On n’assistait plus à un concert, mais à un échange — celui de deux sœurs qui, l’espace d’un morceau, rendaient hommage à leurs racines.

La transition vers la suite du set s’est faite sans heurt, mais avec une intensité croissante. Les textures sonores se sont épaissies, les percussions ont repris le dessus, ramenant le public dans la transe hypnotique du show.
L’équilibre entre émotion pure et énergie brute, que l’artiste manie avec une assurance rare, confirmait alors ce que tout le monde avait compris : on était face à une performeuse totale, capable de transformer une salle de concert en sanctuaire sonore.


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