Among The Living
Live Report

Garland JEFFREYS – Galia ARAD

Garland JEFFREYS – Galia ARAD
Le New Morning – Paris
23 Juin 2017

garland jeffreys


A presque 74 ans, Garland Jeffreys est toujours bien actif : un nouvel album « 14 steps to Harlem » sorti en Avril et un concert ce soir au New Morning. Garland Jeffreys ? Vous situez mal ? Effectivement, si vous avez moins de vingt ans, vous pouvez ne pas connaître. L’homme est un musicien new-yorkais, évoluant dans la mouvance (dans l’ombre ?)  des Lou Reed et autre John Cale et a eu un titre, « Matador », très bien classé dans les hit-parade à la fin des années soixante-dix. En dehors, il faut bien avouer que sa notoriété est restée plutôt confidentielle. Ce soir, la salle sera d’ailleurs en configuration cabaret – donc réduite en termes de capacité d’accueil : des chaises et des tables rondes de bar ont été installées dans la fosse pour recevoir le public. Public assis donc et plutôt âgé. En effet, peu de personnes doivent avoir moins de quarante ans. Et parmi ces fidèles, vous pourrez tomber sur quelques VIP : Elliott Murphy ou Antoine de Caunes. Nous aurons l’occasion d’en reparler. Dans l’immédiat, asseyez-vous il est 20h00, Galia Arad, la première partie monte sur scène.

Galia est une jeune chanteuse américaine qui arrive seule sur scène, guitare en bandoulière. Dès le premier titre, « Something To Say », la chanteuse interpelle avec sa voix chaude. L’ambiance folk et nostalgique qui s’instaure en début de concert n’est plus vraiment de mise dès que Galia s’adresse au public. Bavarde, elle tient de plus absolument à parler en français, langue qu’elle ne maîtrise pas totalement, reconnaissant  elle-même aisément son faible niveau. Elle ne lâchera pourtant pas l’affaire. Soit.

Non sans humour, elle explique ses deux rêves : être chanteuse et s’occuper de chiens (« Dog Walker » et gardiennage en l’absence des maîtres). Elle confesse adorer faire des câlins en particulier avec un certain Wally qu’elle aimait tant jusqu’à ce que l’animal ne la trahisse, mordant un de ses amis venu déjeuner. Cet épisode a inspiré à l’artiste le titre « Wally ».

Même si l’on peut trouver ces discours un peu longs et poussifs –  liés à la maîtrise de la langue -, le public apprécie ce qui ressemble à un « stand-up » et applaudit de bon cœur.

Sans avoir de textes politisés, l’américaine tient à clarifier le sujet Trump. Un « Fuck Trump » est assez explicite et la chanteuse de s’excuser pour les accords de Paris et de préciser que tous les américains ne sont pas pro Trump. Succès garanti même si, qu’on le veuille ou non, Trump est désormais celui qui a les clefs de la Maison Blanche. Bref, continuons avec « You’re Always There » et avec Garland qui fait une courte apparition surprise sur scène histoire de s’amuser : il ne jouera rien. A priori, totalement improvisée son intervention paraît surprendre réellement l’américaine.

Après avoir remercié Garland et son équipe pour leur gentillesse, Galia termine sa demi-heure de concert avec une reprise de Britney Spears.

Les applaudissements chaleureux des spectateurs montrent qu’ils ont apprécié ce que la chanteuse leur a proposé. Mission accomplie donc.



20h50, « Coney Island Winter » ouvre les hostilités devant une audience très calme. Dès ce premier titre, le chanteur descend dans la salle au plus près de ses fans. L’homme possède tout de même un sacré charisme et la musique est âpre à souhait. Et dès le deuxième morceau, la guitare se fait entendre de fort belle manière avec un superbe solo.

Garland communique avec les spectateurs, se moque de l’idée qu’il devient trop vieux et le groupe de lancer, guitare en avant, le très stonien « The Contortionist ». Le new-yorkais explique en introduction de « Venus » que dans un concert de rock, il faut toujours une balade. Issu du dernier album, ce titre bien plus dansant qu’une balade est servi par un excellent son. Clair, propre, chaque instrument est bien là. Sur scène, les musiciens sont tout sourires et s’amusent manifestement. Côté public toujours assis, l’ambiance est très calme pour l’instant, même si les applaudissements montrent qu’il apprécie.

« Reggae On Broadway » continue l’exploration du dernier album et donne une nouvelle occasion à Garland de descendre dans la salle. Bavard et plein d’humour, le chanteur nous raconte qu’il est allé à confesse et donc qu’il est clean !

Le piano de « 35 MM Dreams » montre s’il en était besoin la qualité d’exécution des musiciens. Les spectateurs s’animent enfin et le chanteur leur demande de saluer le groupe. Qui le mérite clairement. Pour preuve, le nouveau solo de guitare très inspiré que « When You Call My Name » nous permet de savourer ou encore cette basse qui nous caresse l’oreille. A se demander pourquoi les fans présents ne montrent pas plus d’enthousiasme !

Arrive un exercice périlleux pour le groupe : la reprise de « Help », classique des Beatles, donc classique tout court. Et Garland et ses musiciens de proposer une relecture très intéressante, différente de l’original et bien agréable à écouter.

Pour qu’un concert soit réussi, il faut un bon groupe qui délivre une bonne prestation face à un bon public. Et force est de constater que, malgré les efforts de Garland, le New a du mal à se mobiliser et à chanter sur « Harlem Bound ». Pourtant le chanteur communique, fait preuve de beaucoup d’humour, est plein de bonhommie dans le bon sens du terme. Moins vénéneux qu’un Lou Reed, plus rock qu’un Dylan, il navigue entre différentes lignes, peut-être difficilement situable sur l’échiquier du rock,  mais sait indéniablement rendre sa musique live assez jouissive.

Le très reggae « Ghost Writer », plus calme, offre un peu de repos avec des passages flirtant avec le dub et une guitare déchirante à souhait. On sent, on constate, tout au long du concert, une réelle connivence entre les musiciens. Ce qui participe sûrement à la qualité de la prestation.





Avec « Waiting For The Man », le concert s’anime enfin comme Garland invite le public à se lever. Vu sa réaction, il n’attendait peut-être que ce signe finalement. Il est vrai que les chaises et les tables doivent calmer toute velléité expansive. Peut-être la chaleur des jours précédents a-t-elle assommé l’auditoire. A noter que ce soir, Le New Morning est frais, climatisé, ventilé et nous préserve des étuves que certains de vous ont pu connaître ici-même.

« Rock It ! Rock It ! » : Garland harrangue ses fans, descend une nouvelle fois les voir de plus près. Facétieux, l’homme aura proposé quelques singeries durant cette soirée : remontée sur scène à quatre pattes ou chant allongé au sol !

Assez rapidement, « Matador » arrive, tube ultime du new-yorkais, soutenu par les applaudissements des fans, définitivement debout. Puis Elliott Murphy rejoint le groupe sur scène pour un titre ; Garland rayonne, un grand sourire aux lèvres. Le groupe lance ensuite « Wild In The Streets » classique du répertoire du new-yorkais. Et le final sur « 96 Tears » – autre classique – voit le groupe tout donner, plein d’envie et de fougue. Décoiffant !



Puis Garland, resté seul sur scène, part dans un monologue dans lequel il parle d’Antoine de Caunes. Vous vous rappelez ? Antoine est dans la salle. Et l’américain d’expliquer les liens forts d’amitié qui lient les deux hommes, précisant qu’Antoine est l’homme qui l’a introduit à Paris. Le new-yorkais parle longtemps, semble prêt à raconter une certaine intimité ce qui, en toute logique, n’est pas du goût de l’animateur télé le plus rock du PAF. On entend d’ailleurs quelques remous du côté où se tient Antoine avec la femme de Garland qui l’a rejoint quelques instants auparavant. Et finalement, tous deux de monter sur scène pour couper court à ce discours et en faire sortir le chanteur. A priori, Antoine de Caunes n’avait pas vraiment prévu de se montrer !

Il est 22h20 et c’est là une bien curieuse fin de concert qui est offerte au public. En eau de boudin, clairement. Ajoutez quelques moments étranges durant le concert, comme lorsque l’épouse de Garland intervient sur scène et que le chanteur fait remarquer qu’il a besoin de plein de personnes pour lui dire quoi faire, et vous trouverez qu’il plane une drôle d’impression sur cette soirée. Pourquoi ce comportement du chanteur ? Pourquoi son entourage intervient-il ? Questions qui resteront en suspend…

Mais retenez surtout de ce concert, un groupe magnifique, un leader cabotin, en pleine possession de sa voix, et un excellent son au service de solides compositions. Un public plus fervent aurait assurément rendu cette soirée plus belle. La faute de la configuration ? Allez savoir…


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